Web : la toile algerienne se développe, doucement mais surement...

Numéro dossier: 108

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De quoi dispose la toile algérienne ?

Bien qu’elle soit plus menue que celle de ses voisins, la toile algérienne tente tant bien que mal de garder la face malgré ses lacunes. En effet, à l’exception de quelques créneaux difficiles à développer faute de paiement en ligne, des sites de tout genre existent en Algérie. De l’information au streaming, en passant par l’information parodique ou les petites annonces. Mieux, certains sites algériens battent des records et sont évalués en millions de dollars alors que d’autres bénéficient d’une renommée régionale et internationale. Petit florilège du meilleur (comme du pire) du web algérien.

Les sites d’information

Contrairement à nos voisins marocains, tunisiens, ou mêmes français, il n’y en a pas beaucoup en Algérie. Les sites d’information ne font pas partie du contenu digital le plus répandu sur la toile. Pourtant, il y a un manque flagrant dans ce domaine, notamment en cette période d’actualité nationale et internationale chaud bouillante. Mais rien à faire. Que ce soit pour des problèmes d’argent ou de ressources humaines compétentes, ils ne sont qu’une dizaine plus ou moins connus à s’être lancé dans ce créneau. Seulement trois d’entre eux tirent leur épingle du jeu. On vous les présente.

TSA : c’est le pionnier de l’information en ligne en Algérie. Lorsqu’il a été lancé en 2008, tout le monde s’était alors rué sur ce journal d’un nouveau genre, qui bousculait les habitudes de consommation de l’information en Algérie. Généraliste et très bien introduit, TSA s’est ensuite fait une place grâce à ses scoops et interviews exclusives de personnalités surtout politiques. Espace de libre expression où tous les points de vue peuvent s’exprimer, il est aujourd’hui le site d’information le plus consulté en Algérie.

Algérie-focus : c’est le challenger qui évolue de manière fulgurante. Lancé à la même époque que TSA, il s’était d’abord spécialisé dans les analyses et les interviews d’experts de renommée mondiale tels Noam Chomsky ou Michel Collon. Ces derniers traitaient alors de sujets d’actualité brûlants, et apportaient leurs éclaircissements sur les changements qui bouleversent le monde de nos jours, ainsi que leurs visions sur la situation en Algérie et sa région proche. Racheté en 2012 par un entrepreneur franco-algérien, il se transforme petit à petit en pure player avant de devenir le premier pure player de la toile algérienne avec une audience moyenne de 40.000 visites uniques par jour. Son instantanéité, ses vidéos et surtout ses chroniques font régulièrement le buzz dans la blogosphère dz. Son aura dépasse aujourd’hui largement les frontières de l’Algérie.

Maghreb Emergent : c’est l’un des rares sites économiques qui subsiste sur la toile algérienne. Il est l’initiative de grands noms du journalisme en Algérie. Sa spécificité réside notamment dans ses analyses économiques approfondies et la pléiade d’experts qui y publient leurs points de vue. L’actuel Ministre de l’économie, Abderahmane Benkhalfa, y avait ses habitudes du temps où il n’occupait pas de fonction officielle.


Les versions numériques des journaux

Ils ont vu venir l’ère numérique et ont su s’y préparer. Eux, ce sont les patrons de la presse classique qui ont dés le début
lancé des versions numériques de leurs journaux papier. Ennahar, Echorouk, El Khabar ou El Bilad font aujourd’hui d’énormes audiences via le net, bien plus que leur lectorat classique sur papier. Leurs articles sont échangés des millions de fois tous les jours, faisant grimper leur notoriété et leur influence au niveau national mais aussi au niveau régional et international.

 

Quelques petits sites d’information coexistent

Aux côtés de grands noms de la presse en ligne algérienne, coexistent quelques sites d’information, moins importants en termes d’audiences. Généralistes pour la plupart, ils tentent de se faire une place parmi les mastodontes du domaine. Dépourvus des mêmes moyens que leurs confrères cités plus haut, ils reposent pour leur majorité sur des rédactions réduites, des pigistes et des occasionnels.

 

Les agrégateurs, ou le mal de la presse en ligne

Ils sont très mal vus par les professionnels de la presse en ligne, accusés à tort ou à raison de profiter du travail des autres. Et pour cause, en reprenant mots pour mots les articles de la presse en ligne, les agrégateurs de la toile algérienne marchent très forts. Leurs audiences sont incroyables et les annonceurs les courtisent comme pas possible. Des succès qui ne sont pas du goût des sites d’information classique qui trouvent tous leurs travaux, enquêtes et autres reportages et articles repris sur ces agrégateurs, bien qu’ils soient clairement cités en tant que sources. Dans ce créneau, deux sites se distinguent : Algérie360 en français et Fi Bladi en arabe.

 

Les disparus

Faute de publicité, de nombreux sites d’information en ligne ont disparu depuis l’avènement de la presse en ligne en 2008. Certains d’entre eux faisaient pourtant un travail de qualité à l’image de Dernières Nouvelle d’Algérie, mais cela ne suffit pas. En l’absence de paiement en ligne, le modèle publicitaire reste le seul moyen de subsistance des sites d’information en ligne, ce qui les fragilise grandement. Avec non seulement un marché publicitaire faible sur le net mais aussi la crainte de beaucoup d’acteurs économiques nationaux de s’afficher sur des sites taxés d’irrévérencieux, les temps sont durs pour ces derniers.

 

Les ratés

Ils avaient tout pour réussir. Un lectorat, des moyens humains et financiers et du savoir-faire. Mais ils ont raté le virage de la presse en ligne. Beaucoup de grands journaux n’ont pas su négocier le passage au net, laissant le champ libre aux nouveaux arrivés qui se sont partagés le gâteau. Sans citer de noms, il s’agit des principaux acteurs de la presse classique dont les versions numériques ne sont arrivées que très tard. Un retard qui les pénalise aujourd’hui que des sociétés de presse en ligne ont jeté l’ancre et fidélisé leurs lectorats. Leurs tentatives de se rattraper s’avèrent aujourd’hui très laborieuses.

 

Les sites parodiques ou anecdotiques

Des pages Facebook pour rire et se moquer de nos travers, il n’y a que cela. Mais des sites en bonne et due forme qui traitent de cette thématique, la toile algérienne commence à en dénombrer quelques-uns. Le plus connu aujourd’hui est le site parodique El Manchar qui a repris le nom d’un journal satirique disparu pendant les années 90. Fausses informations et parodies, El Manchar s’est fait connaître en induisant en erreur des dizaines de « professionnels » de la presse classique, nationale et internationale, qui ont repris ses fausses informations en y voyant que du feu. A l’étranger, c’est un (faux) article sur l’interdiction de la mini-jupe en Algérie qui lui a donné ses lettres de noblesses. Depuis, son fondateur, jeune pharmacien, donne des interviews aux plus grands journaux occidentaux, tels que Libération en France.

Depuis Juin dernier, un autre acteur de l’information anecdotique et humoristique a vu le jour en Algérie. Il s’agit de Hastag-Algérie. Un site qui relaye toute information algérienne qui peut prêter à sourire. De l’homme politique qui laisse échapper une insulte, à Ronaldo qui manque de la Loubia, en passant par Cheikh Chemssedine qui se moque d’un imam, tout passe par l’œil aiguisé de ses rédacteurs. Et ça marche. En seulement 6 mois, Hashtag-Algérie s’est fait une place sur la toile algérienne, repris un peu partout sur les réseaux sociaux. Le site fait en moyenne 420.000 visites chaque mois.

 

Les petites annonces

Inutile de dire que petites annonces en Algérie riment avec le nom Ouedkniss. Pionnier dans ce domaine, c’est aujourd’hui le site le plus visité en Algérie. Des millions de connexion par jour font de lui un mastodonte du net en Algérie, évalué à plusieurs millions de dollars. Il faut dire que le créneau choisi par ces concepteurs était judicieux. C’est pour cela que de nombreux autres entrepreneurs algériens s’y sont essayés tels que hanoutkoum.com. Des sites qui ont leur communauté mais qui n’ont jamais réussi à égaler le pionnier. Depuis quelques temps, les sites d’annonces spécialisées ont fait leur apparition, notamment dans le domaine de l’immobilier. C’est le cas de El Keria qui tire avec brio son épingle du jeu dans la masse de sites de même type qui voient le jour quotidiennement. L’introduction d’informations liées au domaine de l’immobilier est pour beaucoup dans son succès.

 

Les comparateurs

Plusieurs ont tenté le coup, mais un seul a réussi à s’installer. Il s’agit de Webstarauto, comparateur de prix spécialisé dans l’automobile. Fin connaisseur du marché de l’automobile en Algérie, son initiateur (informaticien de formation) a tout misé sur la technicité de son site. Un pari gagné au vu des audiences qu’attirent ce site, désormais référence des sites automobiles en Algérie. Mieux, l’expérience a tellement bien fonctionné que la même équipe a lancé récemment webstarelectro.com, un comparateur de produits électroniques et électroménagers.

 

Les sites féminins

Grand gagnant aussi de l’augmentation de la pénétration du net en Algérie, les sites féminins pullulent. Les femmes se connectent de plus en plus sur le web et les sites féminins sont ceux qui les attirent le plus. Ils s’appellent Wlad el jej pour les recettes de cuisine, Algerielle pour les astuces et conseils féminins, ou Dzeriete pour la mode. Les annonceurs ciblant les femmes se les arrachent.

 

Les agendas de sortie et de divertissement

Sortiraalger, Kherdja ou Babeddart. Le concept est vieux comme le monde mais marche toujours. Malgré la rareté des événements culturels chez nous, les sites-agendas de sorties sont légions et ont beaucoup de succès sur la toile. Au contraire, dans un pays où il peut se passer des semaines sans qu’aucun spectacle ne soit produit, être alerté par ce type de sites (ou leurs applications mobiles) est une excellente méthode pour être à la page. Une chose que les fondateurs de ces sites, pour la plupart jeunes et branchés, ont bien compris.

 

Les autres créneaux en balbutiement

Des sites de livraison d’achat en ligne avec paiement à la récupération, info-trafic ou même réseau social algérien, le net algérien continue d’innover et tous les jours, de nombreux sites sont créés. Tous les créneaux y passent, même les plus difficiles. Certains finiront par éclore et trouver leur public, d’autres subiront peut-être des échecs liés à la difficulté de la chose. Mais tous ont au moins le mérite d’essayer, tirant dans leur sillage le web algérien tous les jours un peu plus haut. peut-être des échecs liés à la difficulté de la chose. Mais tous ont au moins le mérite d’essayer, tirant dans leur sillage le web algérien tous les jours un peu plus haut.