4G : l’Algérie est-elle prête à passer à la vitesse supérieure ?

Numéro dossier: 109

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Contrairement à tous les lancements dans le domaine de la technologie qui ont eu lieu depuis les années 2000, la 4G mobile qui devrait être introduite prochainement chez nous ne fait pas l’unanimité chez les experts et autres en technologie. Il est loin le temps où les Algériens, avides de technologies novatrices, accueillaient à bras ouverts toute idée de technologies nouvelles ou innovantes, pour peu qu’elles soient accessibles et fiables.

 

La rigueur est passée par là. Nombre d’experts et autres acteurs du domaine remettent en cause le lancement prochain de la 4G mobile, jugé précoce et cela pour plusieurs raisons. L’organisation, le 16 février dernier, d’un forum à ce sujet par N’TIC Magazine a fait ressortir les nombreuses divergences des experts à ce sujet. Par contre, chacun y allait de son argument. Petit guide dans les routes sinueuses qui mèneront l’internaute algérien à la 4G mobile…ou pas.


LES « CONTRE » : DES ARGUMENTS TRÈS PRAGMATIQUES

A la tête de ce groupe d’experts réuni par N’TIC, opposés pour certains au lancement de la 4G, Farid Lefkir, vice-président de l’Association algérienne des TIC (AITA). Lors de la 3ème édition du Forum de N’TIC Magazine, il a clairement indiqué que le lancement prochain de la 4G serait prématuré. D’abord parce que le réseau 3G existant n’est pas complètement consolidé. “ Nous ne sommes pas encore satisfaits à 100% de l’utilisation de la 3G++ ” a-t-il dit à ce sujet.

Ensuite, par rapport au coût de cette future technologie. Les technologies déjà existantes coûtant beaucoup plus chères que ce qui se fait chez nos voisins, qu’en sera-t-il des nouvelles venues pour lesquelles les opérateurs devront consentir d’autres investissements ? Surtout que selon l’expert, “ nous sommes en moyenne cinq fois plus chers que le Maroc pour la même population connectée, soit près de 8 millions ” ! Même son de cloche du côté du consultant international en nouvelles technologies Roslane Bencharif. Il faudrait selon lui d’abord lancer les offres connexes aux technologies existantes et qui nous font défaut actuellement comme le e-paiement. Selon lui, à l’heure actuelle, c’est l’eco-système qu’il faut consolider en permettant l’émergence de ces outils et non pas la recherche d’un nouveau joujou.


LE PROBLÈME DU COÛT ET DE LA QUALITÉ SE POSE DÉJÀ À L’HEURE ACTUELLE

Et ces deux experts n’ont pas tort. Pas besoin d’être un érudit dans ce domaine pour remarquer les grosses failles qui existent avec les technologies actuelles et que les offres existantes sur le plan de la connexion internet sont loin de répondre à toutes les exigences des internautes algériens. D’abord parce que la qualité de la 3G et ses prix font débat. Ensuite parce que tout le pays n’en est pas équipé correctement, et certaines contrées restent des déserts technologiques en Algérie. Pire, l’ADSL fixe n’est malheureusement pas accessible à tout le monde en 2016 en Algérie. Même dans les grandes villes, s’équiper d’une ligne ADSL fixe relève ces temps-ci des douze travaux d’Hercule. Les listes d’attente s’allongent au niveau des agences ACTEL et les fameuses alternatives 4G LTE n’en sont pas, puisque indisponibles dans la plupart des cas. A ce titre, seulement 20% des entreprises sont connectées au réseau interne selon l’expert.

UN ÉCOSYSTÈME À CRÉER

De plus, à supposer que le réseau internet soit disposé à supporter le contenu dont a besoin l’internaute algérien, l’écosystème qui va avec n’est toujours pas à l’ordre du jour. Ni e-paiement, ni streaming, ni VOD, ni signature électronique. On attend encore la « e-gouvernance » promise. C’est ce type d’outils qui apportent croissance, valeur ajoutée et autres richesses et non pas les technologies à proprement dite. Avoir les technologies les plus avancées sans l’écosystème qui va avec ne règle rien. “ Veut-on un écosystème ou le plus grand jouet ? ” avait résumé Roslane Bencharif à ce sujet.