Les médias alternatifs en Algérie : un nouveau regard sur l'actualité

Numéro dossier: 97

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Entretien avec Anes Tina, web-humoriste


« Le web demeure un moyen d’information très rapide qui transmet l’information de façon efficace »


Anes Tina est un humoriste, podcaster et comédien célèbre en Algérie. Aujourd’hui, il a pu captiver l’attention, l’amour et le respect d’une centaine de milliers d’Algériens à travers les vidéos qu’il poste sur sa chaîne YouTube, des vidéos qui traitent de sujets sociaux suscitant l’intérêt et créant le buzz.

Comment en êtes-vous arrivé à vous exprimer à travers le web ?

J’ai commencé par commenter à travers le web certaines images qui font le buzz. Au début, j’ai constaté qu’au niveau de mon cercle d’amis et mes connaissances, cela plaisait beaucoup. Ce n’est qu’en voyant le succès de ces images commentées que j’ai décidé de prendre l’initiative de commencer à réaliser des vidéos qui traitent des sujets sensibles qui intéressent les internautes algériens. J’ai constaté que ces vidéos créaient le buzz et intéressaient de plus en plus d’internautes. Le nombre de vues augmentait de façon considérable et je commençais à mesurer toute l’influence que je pouvais avoir à travers ce nouveau moyen de communication.


Que pensez-vous de ce moyen d’expression ?

Je reconnais que le web est un moyen d’expression très influent qui permet une meilleure diffusion de l’information. Cependant, je crois que ce moyen à lui seul ne suffit pas, sans qu’il ne soit complémentaire avec les programmes des chaînes de télévision privées qui peuvent nous assurer une meilleure visibilité grâce à leur ligne éditoriale moins soumise à la censure. Le web demeure un moyen d’information très rapide qui transmet l’information de façon efficace.

Qu’est-ce qui a fait votre succès à votre avis ?

Je crois que c’est mon traitement décalé et avec humour des sujets sensibles qui touchent la société algérienne, mais dans un cadre qui s’adresse à toute la famille. Nous donnons une véritable image de la société algérienne avec ses complexes et ses tabous.

Comment choisissez-vous vos sujets ?

Généralement, je choisis mes sujets en fonction de l’actualité et des thèmes qui intéressent le plus la société, ceux qui font partie de notre vécu de tous les jours.

Vous êtes aussi très présent sur plusieurs réseaux sociaux comme Twitter et Facebook. Environ 500 000 personnes ont liké votre page Facebook et vous suivent quotidiennement. Comment, à votre avis, les réseaux sociaux ont participé au développement de l’information alternative en Algérie ?

Les réseaux sociaux ont opéré une révolution dans le monde entier. Ils sont devenus une source incontournable d’informations. En Algérie, même si nous ne sommes pas encore très développés dans l’ampleur des réseaux sociaux, il n’en demeure pas moins que l’information circule plus vite et de façon contagieuse à travers les réseaux sociaux.

Vous appartenez à une génération d’artistes qui n’ont jamais emprunté les chemins traditionnels du succès, mais qui ont su utiliser Internet et Facebook pour conquérir une audience considérable. Que pensez-vous du développement des médias alternatifs en Algérie, tels que la presse électronique, les web TV et les web radio ?

Il existe en Algérie des web TV et des web radios, mais elles ne sont pas encore très influentes. Le monopole est détenu par la presse classique et la télévision et les radios classiques, mais je crois que ce concept va se développer en Algérie grâce aux personnes qui s’intéressent de plus en plus à ce domaine.

Quels sont les obstacles qui empêchent le web comme média alternatif de se développer en Algérie ?

Malheureusement, le premier obstacle est que nous sommes encore en retard en Algérie par rapport au développement d’Internet en Algérie. Nous avons le nombre d’utilisateurs le plus inférieur au Maghreb par rapport au Maroc et à la Tunisie. Ajoutez à cela le problème du débit internet qui demeure lent en Algérie, mais je suis optimiste car à l’avenir, le web promet de se développer en Algérie et les médias alternatifs prennent une place de plus en plus considérable.