M-Banking / M-Payment : la fausse bonne idée ?

Numéro dossier: 113

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Kepler Technologies prouve que le m-Banking est une réalité en Algérie

Jour après jour, la technologie touche de nouveaux secteurs. Pour ce qui est du M-Banking, l’Algérie ne connaissait cette notion qu’à travers la définition. Elle la connaît à présent à travers les actions de Kepler Technologies, entreprise leader dans la fourniture de logiciels et de services.

 

Le 25 mai dernier à l’hôtel Sofitel d’Alger, un événement a accueilli pas mal de monde. Parmi eux, l’Ambassadeur de Roumanie, des responsables du ministère des finances ainsi que de nombreuses banques et grands facturiers. Tous ont abordé les enjeux du M-Banking dans le monde et en particulier en Algérie. L’événement a été organisé par le groupe Kepler Technologies. Abdelkader SALHI, gérant de cette entreprise en Algérie, est revenu sur le concept de m-Banking, ce procédé qui regroupe toutes les techniques permettant de réaliser des opérations bancaires à partir d’un téléphone mobile (consultation, gestion, paiements,…). A travers ce séminaire, Kepler Technologies n’a pas fait que présenter sa solution M-Banking mais a prouvé que l’Algérie a l’environnement et les compétences pour développer des solutions qui facilitent la vie des citoyens. Pour le prouver, M. Salhi a accepté de répondre à quelques-unes de nos interrogations.

 

Pouvez-vous nous raconter comment Kepler s’est installé en Algérie et que fait-elle au juste ?

Tout a commencé avec une délégation World Trade Center qui est venue de Roumanie avec le Président du groupe Kepler-Rominfo en 2009. A l’époque, je finissais ma formation à l’Ecole Supérieure Algérienne des Affaires. La première initiative a été faite entre la maison mère Kepler-Rominfo et une entreprise en Algérie qui s’appelait O.K Technologie. Bon nombre de soucis administratifs ont fait qu’à cette époque, la société a été recréée sous le nom de Kepler Technologies en 2011. On a commencé avec un premier client historique, TRUST Algeria Assurances, via un service de notification par SMS. Par la suite, nous avons commencé à développer beaucoup plus des solutions informatiques. Je pourrais citer Workflow et la gestion électronique des documents. En gros, tout ce qui est virtualisation, fluidification des processus,… En 2010, nous avions déjà commencé à faire de la virtualisation avec la Société Générale à travers un projet nommé “processus crédit documentaire à l’importation”. Aujourd’hui, nous avons 14 processus et pleins d’autres partenaires bancaires en Algérie.

Vous êtes donc plus axé sur les banques ?

Là, nous travaillons sur le M-Banking qui est un investissement spécifique que l’on a fait pour le secteur financier. Nos clients principaux sont les banques, avec un business modèle de commission, et les grands facturiers avec une licence annuelle qui leur permet d’avoir une interface pour gérer le reporting et consolider leurs informations.

La solution M-banking que vous proposez a été développée avec des compétences algériennes ou importées de Roumanie ?

Nous avons pris 3 ans pour développer cet outil grâce à une équipe composée de 6 ingénieurs et d’un chef de projet, tous 100% algériens. En partenariat bien sûr avec les banques, les facturiers et nos consultants : Nadir KARA, notre consultant dans tout ce qui est sécurité des données, notre partenaire ICOSNET qui gère la partie hébergement. Nous nous occupons du développement informatique et de tout ce qui est software. Après un travail de longue haleine, nous avons pu créer un pilote il y a deux mois, en partenariat avec la banque privée qui nous permet de tester le produit dans des conditions réelles et avec de vrais utilisateurs. Au jour d’aujourd’hui, nous avons 50 personnes qui ont souscrit à ce service et qui l’utilisent au quotidien. Les tests vont durer environ 2 mois, le temps que la banque finalise toute la paperasse avec la Banque d’Algérie et de travailler sur leurs communications. A partir de là, nous commencerons une deuxième étape qui est l’affiliation des banques et des facturiers, l’idée étant d’avoir dans une plateforme le maximum de banques pour toucher le maximum de population et le maximum de facturiers.

Quelle est la particularité du marché algérien sur le M-Banking ?

Dans ce domaine, il y a deux particularités. La première est réglementaire et n’est pas des moindres, car les solutions de M-Banking ne peuvent pas être déployées hors banques agréées. La seconde est que, dans toutes les autres approches, si l’on prend l’exemple de nos voisins, les modèles où l’on a un compte virtuel que l’on alimente ne peuvent être appliqués seulement chez une banque. Ce principe est d’ailleurs absurde. Imaginez aller chez votre banque et créer un compte virtuel alors que vous avez déjà un compte. D’autre part, les banques n’avaient pas intérêt à développer ce genre de solution car on tuait une autre prestation qui mettrait fin au business des banques.


Vous partagez l’avis de l’Etat qui hésite à se lancer ?

Quand l’Algérie dit “je n’ai pas envie de lancer du n’importe quoi, je veux m’assurer avant que cela fonctionne bien”, elle a raison. Il faut se mettre du côté de la réglementation. Demain, lorsque vous souscrirez à un circuit bancaire avec des milliards et que vous n’aurez aucune idée d’où ils viennent et où ils partent, ça sera inquiétant ! Je suis donc de l’avis de l’Algérie sur la réglementation qui prône le fait qu’on est pour la modernisation mais pas à n’importe quel prix.

Votre objectif est donc de pouvoir aider à promouvoir l’inclusion financière en Algérie ?

Bien sûr que oui. C’est tout à l’avantage de l’Etat mais aussi pour nous. Car il ne faut pas se voiler la face, nous avons un objectif de business. Nous aspirons à être dans le TOP 3 des sociétés de développement informatique en Algérie qui font travailler des jeunes issus de l’université et qui se positionnent comme un partenaire de qualité.

Quels sont les principaux challenges de Kepler dans un proche avenir ?

Très bonne question. Nous avons fait récemment cet exercice autour d’un après-midi pizza, l’objectif étant que chacun donne sa vision de Kepler dans quelques années. Chacun a donné une approche différente et nous nous sommes retrouvés au final avec plus ou moins la même vision pour tout le monde : nous agrandir et être une entreprise employant une cinquantaine d’ingénieurs. En d’autre termes, un vrai débouché pour les universités algériennes. D’autre part, nous avons l’ambition de rester leader sur le SMS professionnel en Algérie. Nous le sommes déjà et nous voulons faire évoluer nos solutions informatiques et être leader en Algérie et exportateur de solutions à travers le monde.

Un mot pour conclure.

Je veux faire passer un message aux jeunes Algériens : lancez-vous ! N’attendez pas ! Sachez que vous n’aurez jamais toutes les conditions nécessaires. Si j’avais attendu les bonnes conditions, je ne serais jamais là où je suis aujourd’hui. L’approche est simple: vous avez une idée, mettez-là sur papier, étudiez-là sérieusement avec des personnes qualifiées et lancez-vous !