M-Banking / M-Payment : la fausse bonne idée ?

Numéro dossier: 113

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Un moyen de paiement venu d’Afrique

En effet, le lancement du m-paiement aura d’abord comme effet de freiner la bancarisation de la société, seule arme de lutte contre l’argent de l’informel. Alors que les autorités poussent les Algériens à rejeter la monnaie fiduciaire au profit du scriptural (chèque, carte bancaire etc), l’avènement du m-paiement peut faire effet de marche arrière sur tout ce qui a été fait.
Si les usagers ne sont plus obligés d’ouvrir des comptes bancaires pour profiter du paiement à distance, ces derniers ne le feront pas. Secundo, le paiement par mobile nécessite de recharger son compte (téléphonique) en crédit.

Non seulement, cela nécessite un déplacement, mais complique la tâche pour les grosses transactions. Certes, une combinaison compte bancaire/paiement mobile est possible mais elle reste laborieuse pour des institutions qui ont échoué à mettre en place le e-paiement. Sans compter qu’il faudra impliquer les opérateurs mobiles, négocier leurs commissions, sécuriser le réseau, etc. Enfin, bien qu’il soit un moyen de paiement éprouvé ailleurs, le m-paiement est de notoriété publique moins sécurisé que le e-paiement. Tout le monde s’accorde à le dire, ce qui est un obstacle de taille à son développement. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il vient plutôt d’Afrique, alors que les nouvelles technologies ont pour habitude de nous venir du Nord.

Kenya, Nigeria ou Zimbabwe, ce sont ces pays qui se sont les premiers lancés dans le m-paiement. D’abord parce que l’équipement en réseau mobile est moins coûteux qu’un réseau fixe, mais également parce que leurs sociétés respectives ne sont pas bancarisées alors que des millions de smartphones y circulent.


Même le m-banking a pris du retard en Algérie

Paradoxalement, même sur le m-paiement, l’Algérie a pris un retard considérable. L’adoption de cette technologie se justifiait pourtant dans les années 2000 alors que le pays compte aujourd’hui plus de 43 millions d’abonnés à la téléphonie mobile. A ce sujet, en 2014, certains experts avaient même préconisé la baisse de la circulation routière de 20% en cas de lancement du m-paiement ! Une voix qui n’a semble-t-il pas été entendue en haut lieu. La volonté actuelle de la Ministre est déjà dépassée.


e-paiement VS m-paiement

Ailleurs, le m-paiement est un moyen qui a fait aujourd’hui ses preuves puisque un tiers des transactions en Afrique se fait via le mobile. Une croissance qui n’est pas passée inaperçue au Nord. Même si le e-paiement existe, le m-paiement plaît de plus en plus en Europe ou aux Etats-Unis notamment pour sa simplicité. De grands groupes mondiaux y investissent et certains experts voient en ce mode de paiement un potentiel de croissance important. Qui l’eut cru ? Pour autant, le e-paiement reste pour autant la Rolls-Royce des modes de paiement. Il est basé sur un réseau solide de fibre optique, est très sécurisé, et est possible partout et tout le temps. Le m-paiement reste malgré son développement un palliatif. Un plan B que l’Algérie veut ériger en plan A, à défaut.