Call centers : de l’Eldorado à la réalité

Numéro dossier: 112

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Une erreur due à l’incompréhension

Il était loin le temps où le Ministre de tutelle promettait de mettre les call centers au régime de la simple déclaration. Résultat des courses, les centres d’appel ferment les uns après les autres, et des centaines de petits projets en balbutiement sont tués dans l’œuf. Les clients français approchés par les Algériens se tournent vite vers la Tunisie et le Maroc. S’en suivent licenciements, désinvestissements, et manques à gagner. Pourquoi un tel carnage ? Une erreur due à l’incompréhension du marché, diront certains. Comme lorsque les autorités avaient mis cybercafés et cabarets dans le même panier, désignant les deux activités dans la catégorie lieux de loisirs. Le décret venait de mettre sur le même pied d’égalité call centers et les audiotels (numéros surfacturés mieux connus sous l’appellation 080). Ces derniers sont soumis à la redevance et aux ponctions car ils n’apportent pas réellement de valeur ajoutée. Mais ce n’est pas le cas des call centers. Une erreur qui nous coûte chère, encore maintenant.


Marché à fort potentiel

Si, lors du début des années 2000, des centaines d’entreprises se préparaient à se lancer dans le marché des call centers, c’est que cette activité avait un très fort potentiel dans notre pays. D’abord pour sa proximité géographique avec l’Europe. La délocalisation étant le principal service rémunérateur dans une activité de call center, l’Algérie est dans une situation très favorable pour attirer vers elle les clients français et francophones de la zone Europe. Ces derniers peuvent se déplacer, envoyer leurs collaborateurs, former les employés algériens et même s’installer en Algérie, sous un soleil qu’ils semblent bien apprécier. Le faible coût du dinar constituait également un atout pour l’Algérie. Les charges qu’auraient payées des multinationales pour s’installer en Algérie auraient été minimes si ce n’est la fameuse redevance mirobolante imposée par les autorités.

 

Parfaits francophones

Enfin, tous les call centers étrangers installés en Algérie vous le diront. Les Algériens sont de parfaits francophones. Meilleurs que leurs voisins tunisiens et marocains qui posséderaient un accent prononcé contrairement aux Algériens. De plus, les Algériens semblent bien connaître l’Europe, ses codes. Ils voyagent et bénéficient ainsi d’un bon niveau de culture générale et de la conversation. Des qualités prisées dans le domaine des call centers. Une aubaine pour notre pays qui aurait pu attirer les 200 000 positions en France qui cherchent à se délocaliser ailleurs. Quel gâchis.