Objets connectés, la dernière révolution

Numéro dossier: 110

Index de l'article

 

Entretien avec Yacine ZERROUKI, Directeur Général d’Ericsson Algérie


L’Internet des Objets a été la grande tendance du dernier Mobile World Congress de Barcelone. Ericsson y était et y a fait des annonces majeures dans ce domaine précisément. Peut-on en savoir un peu plus ?

Lors de la récente édition du Mobile World Congress, l’IoT (Internet des Objets) a été l’un des sujets les plus abordés par toute l’industrie des Technologies de l’Information et de la Communication. Cet intérêt croissant pour l’IoT est motivé par plusieurs facteurs à savoir la maturation de technologies telles que le Cloud, analytiques et intelligence artificielles, la réduction des coûts des terminaux et des composants électroniques, et le déploiement des réseaux 5G à partir de 2020 qui permettra des cas d’usage de l’IoT plus étendus. Pour Ericsson, l’Internet des Objets représente un agent fondamental de transformation dans la Société en réseaux et l’un des principaux leviers de notre vision de 50 milliards d’objets connectés.

Au stand d’Ericsson, on pouvait voir une panoplie de démonstrations de l’IoT s’adressant aux opérateurs télécoms telles que: DCP (Device Connection Platform), une plateforme permettant aux opérateurs télécoms d’offrir aux entreprises une solution évolutive de gestion de leur parcs d’objets connectés; Service Enablement Platform, une plateforme basée sur le Cloud centrée autour des fonctionnalités OSS/BSS incluant analytiques, gestion des revenus et gestion de services et partenaires; Services de Transformation IoT, un portefeuille de services de consulting, intégration de système et de services gérés permettant aux opérateurs de définir et d’exécuter leur stratégie IoT; des solutions cellulaires comme le LPWA (faible consommation, longue portée) dont le NB-IoT (Internet des Objets en narrow band), le LTE-M (LTE pour les communications de machine à machine) et l’EC-EGPRS/EC-GSM (GSM à couverture élargie) pour le déploiement massif de l’Internet des Objets. Pour les industries, Ericsson accélère la transformation IoT par des plateformes transversales sur lesquelles on intègre des services spécifiques à chaque secteur. Ces plateformes aident à réaliser des gains d’efficacité opérationnelle et créer des possibilités d’innovation en matière de services. Notre offre IoT comprend l’infrastructure des TIC, la gestion de la connectivité, la gestion des actifs , la gestion des périphériques, et le service de gestion de l’information.


Lors du dernier CES de Las Vegas, l’enseigne Volvo a annoncé une alliance avec Ericsson pour développer la connectivité haut débit dans ses futures voitures autonomes. Où en êtes-vous ? Qu’est-ce que la voiture autonome apportera à l’utilisateur ? Quand pensez-vous qu’elle sera effective sur les routes ?

Le partenariat entre Ericsson et le constructeur Volvo sur les voitures connectées n’est pas à ses premiers jours. Il remonte à 2010 et consiste à doter les véhicules de services dématérialisés du Cloud d’Ericsson. Adossé à notre technologie, Volvo développera de nouveaux systèmes d’information et de divertissement à bord de ses voitures dont le conducteur et les passagers pourront profiter durant leurs trajets. La partie intégration de la technologie de couverture réseau sur les véhicules incombe à Ericsson alors que Volvo veillera à l’aspect sécurité et proposera un service sans danger lors de la conduite. A ce sujet, les rares accidents de véhicules autonomes recensés sont dus au fait que celles-ci respectent scrupuleusement le code de la route et donc se font percuter par des véhicules avec conducteur. De ce fait, attendons-nous à ce qu’avec un parc auto plus autonome, ces accidents, dont l’origine est humaine, n’auront pas d’autre issue que de baisser car selon le cabinet de conseil et de recherche Gartner, qui classe régulièrement nos solutions dans son Magic Quadrant, d’ici 2020, un véhicule sur cinq sur la route sera connecté à Internet.

 

L’Internet des Objets nous facilitera la vie certes, mais ne doit-on pas avoir peur d’un monde hyper-connecté ? Allons-nous vers une vie où tous nos faits et gestes seront scrutés et collectés par les grandes firmes ?

Les avantages de la connectivité sont si vastes que nous prévoyons que tout ce qui peut bénéficier d’une connexion va être connecté. Dans ce scénario, il y aura évidemment une augmentation de risques tels que la sécurité, l’intégrité des données et la protection de la vie privée. Ce sont des défis que des entreprises comme Ericsson essaient de relever en travaillant d’arrache-pied sur tous les aspects de sécurité et de confidentialité liés aux technologies et solutions que nous offrons. Nous sommes également conscients que la technologie ne peut résoudre à elle seule l’ensemble de ces problématiques. C’est pour cela que nous sommes en pourparlers avec les gouvernements, les associations et les organismes de réglementation pour discuter de la meilleure façon de s’attaquer à ces risques. Nous, comme l’ensemble de l’industrie IT, devons aussi travailler avec les consommateurs pour qu’ils sachent comment se protéger. Cela implique que nous devons tous augmenter notre capacité à comprendre les changements dans notre société et de réagir si nécessaire de façon opportune.

 

Le CEO d’Ericsson, Hans Vestberg, prévoit 50 milliards d’objets connectés en 2021. Combien y a-t-il d’objets connectés dans le monde au jour d’aujourd’hui ? Qu’en est-il de ce marché en Algérie ?

Pour nous, 50 milliards d’appareils connectés, c’est une vision de l’avenir. Selon le dernier rapport de mobilité d’Ericsson, nos prévisions pour les cinq prochaines années, soit d’ici 2021, tablent sur 28 milliards, dont plus de 15 milliards seront de machine à machine (m2m) de type appareils électroniques destinés au grand public. A mesure que ce concept se généralise, il y aura non seulement une expansion à l’échelle de la connectivité, mais plus important encore, dans son champ d’application. Les appareils seront plus efficaces et largement plus répandus, c’est un élément clé de la vision d’Ericsson de la Société en réseaux, dans laquelle la connectivité fera la différence dans toute nouvelle façon de collaborer, d’innover et de se socialiser. Il faut prévoir à ce que ce marché prenne place aussi en Algérie dès que les moyens technologiques seront réunis, à savoir le très haut débit, et dès que l’industrie qui accompagne le secteur de l’IoT suivra. Pour avoir une idée plus précise, les chiffres de Gartner révèlent que “ le marché mondial de la maison connectée atteindra 3.2 milliards d’euros fin 2015. Le nombre d’objets connectés, hors PC, tablettes et smartphones, pourrait générer 300 milliards de dollars dans le monde en 2020 ”.

Selon nous, les données de la mobilité sont sans équivoque, comme mentionné dans notre dernier rapport présenté au MWC. Au 4ème trimestre 2015, quelques 68 millions d’abonnements mobiles supplémentaires ont été enregistrés dans le monde, pour un taux de pénétration de 100%, soit 7.3 milliards d’abonnements équivalent à autant d’abonnements mobiles que de personnes sur terre. Le trafic mondial des données mobiles a augmenté de 65% entre le 4ème trimestre 2014 et le 4ème trimestre 2015. On dénombre actuellement un milliard d’abonnements LTE dans le monde, avec environ 160 millions de plus au 4ème trimestre 2015.

 

Vos solutions d’objets connectés, notamment dans l’énergie, sont-elles également pensées pour notre pays ? Si oui, de quelle manière ? Y a-t-il des projets dans ce domaine en Algérie ?

En 40 ans de présence en Algérie, nous ne cessons de contribuer par nos solutions et services TIC à des projets stratégiques notamment avec les opérateurs de téléphonie mobile, Sonatrach, le Ministère des transports, ou encore l’établissement de télédiffusion algérienne. Au plan de la connectivité en Algérie, je citerais par exemple le projet de sécurisation des ports algériens (VTMIS) dans lequel nous sommes en consortium avec d’autres partenaires et qui consiste à doter les ports d’un système d’information et de gestion du trafic des navires assurant également la sécurité et la surveillance de l’ensemble du littoral algérien. Dans le domaine de l’énergie, nous sommes également en discussion avec des partenaires pour mettre en place des solutions de réseaux électriques intelligents. Notre engagement en Algérie se fait également par le transfert de notre savoir-faire. Nous lançons régulièrement des projets d’accompagnement pédagogique avec les universités et instituts spécialisés. Une démarche qui nous permet aussi d’accueillir des étudiants au sein de l’entreprise pour compléter leur formation. Notre dernier accord du genre a été signé avec l’Institut National de la Poste et des Technologies de l’Information et la Communication pour la création d’un laboratoire 4G LTE doté des équipements d’Ericsson, le recrutement de stagiaires, et la tenue de cycles de formation et de séminaires sur les dernières innovations au profit des enseignants.