Géolocalisation : jusqu'à quand s'en priver ?

Numéro dossier: 94

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Bien que la géolocalisation ait fait son entrée en Algérie en 2008, ce procédé d’une importance capitale pour plusieurs professionnels et particuliers et qui s’appuie largement sur la géographie demeure encore peu connu et utilisé par les entreprises algériennes.

Pourtant, de l’avis de plusieurs experts du domaine, la géolocalisation est une composante indispensable à l’ère du numérique pour tous les acteurs dans la société, quel que soit leur domaine. Du foncier à l’agriculture, en passant par l’urbanisme, les travaux publics, les opérateurs réseaux et bien d’autres départements pourraient recourir aux solutions de géolocalisation. Cette dernière assure diverses applications, à savoir Transport de marchandises et logistique, propreté urbaine et assainissement, transport de passagers, suivi et protection de personnes, protection de marchandises, véhicules et antivol et bien d’autres applications. Mais, si ce procédé est très développé dans les pays européens où des techniques très sophistiquées sont mises en place et où aucun domaine n’y échappe, en Algérie, la géolocalisation dans le sens large du terme a encore un long chemin devant elle. Etat des lieux.

C’est en 2008 que la géolocalisation a été lancée en Algérie par l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications ( ARPT ). Il s’agit en effet d’un procédé permettant de positionner un objet (une personne, etc) sur un plan ou une carte en recourant à ses coordonnées géographiques. Partant de ce principe, la géolocalisation s’appuie sur la géographie dans ces détails les plus élémentaires.

Ainsi, à l’ère du numérique et des technologies de l’information, des entreprises ou des particuliers sont en mesure de positionner n’importe quel objet en recourant à des sociétés spécialisées dans le domaine. Ces dernières peuvent préciser à l’aide d’un terminal capable d’être localisé (grâce à un système de positionnement par satellite et un récepteur GPS par exemple, ou à d’autres techniques) le positionnement exact de l’objet et de publier (en temps réel ou de façon différée) ses coordonnées géographiques (latitude/longitude).

Une fois les positions enregistrées par la solution fournie par le fournisseur, elles peuvent soit être stockées au sein du terminal et être extraites postérieurement, ou être transmises en temps réel vers une plateforme logicielle de géolocalisation.

Pour ce qui est de la transmission en temps réel, elle nécessite un terminal équipé d’un moyen de télécommunication de type GSM, GPRS, UMTS, radio ou satellite lui permettant d’envoyer les positions à des intervalles réguliers. Ceci permet de visualiser la position du terminal au sein d’une carte à travers une plateforme de géolocalisation le plus souvent accessible depuis Internet.


Quel usage de la géolocalisation en Algérie ?

Les opérateurs de service en matière de géolocalisation ne sont pas nombreux en Algérie qui demeure à la traîne par rapport à ses voisins maghrébins. En effet, rien qu’en 2008, le marché étant encore vierge et le créneau nouveau, il n’y avait que 14 fournisseurs de service. Ils sont passés en 2012 à une quarantaine disposant tous de l’agrément de l’ARPT et d’autorisations légales fournies par le ministère de l’Intérieur et des collectivités locales et le ministère de la Défense.

Mais de l’avis de plusieurs spécialistes, leur nombre demeure insuffisant en comparaison avec d’autres pays où la géolocalisation est en plein essor. Pour ce qui est de l’usage de la géolocalisation, il n’est pas encore démocratisé et généralisé à tous les domaines. Pourtant, la géolocalisation n’est pas uniquement nécessaire pour pouvoir se situer ou renforcer la sécurité des entreprises, elle est également nécessaire pour plusieurs professionnels.

Dans ce sens, M. Abdelmalek Bellaouane, Directeur de l’entreprise GPC DZ, un acteur important de la géomatique en Algérie et spécialisée dans la production de données géographiques et de services, nous a précisé que si initialement les utilisateurs de la géomatique sont des organisations dont la vocation première s’appuyait sur la gestion du territoire, des ressources naturelles ou d’infrastructures de services publics, aujourd’hui et grâce à l’avènement de technologies plus performantes et conviviales et la réduction significative des coûts d’accès à la géomatique, plusieurs autres professionnels et gestionnaires non spécialisés du domaine commencent à s’intéresser davantage à l’information géographique et tout ce qu’elle peut apporter. Ainsi, parmi les plus grands utilisateurs de la donnée géographique figurent : le foncier, les travaux publics, suivi par tous les opérateurs réseaux, l’agriculture, les mines, et finalement l’urbanisme, ainsi que certains marchés de niche tels que la distribution et promotion direct.

 

Un marché encore peu développé et des obstacles…

Le marché de la géomatique et de la cartographie en Algérie est encore peu développé et ce, en raison de plusieurs obstacles dont principalement le manque d’information sur l’importance de ce domaine dans l’amélioration de plusieurs aspects de notre vie. Par ailleurs, plusieurs acteurs ont souligné l’absence d’une structure associative à même de permettre le développement de ce marché. Il s’agit, selon les propos de M. Abdelmalek Bellaouane, d’une structure regroupant les principaux acteurs de ce domaine ainsi que les utilisateurs et qui permettra à ce marché de décoller.


 

Quel rôle joue l’Institut National de Cartographie et de Télédétection ?

Créé le 17 octobre 1967 sous l’autorité du Ministère de la Défense Nationale, l’INCT est devenu, en 2009, un Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC) relevant du secteur économique de l’Armée Nationale Populaire.

L’INCT répond aux besoins en informations géographiques de plusieurs secteurs d’activités, public et privé, activant dans divers domaines notamment la Défense, Cadastre, l’Agriculture, l’Aménagement du territoire, les Télécommunications, l’Energie, etc. Il emploie 798 personnes dont 115 ingénieurs et 373 techniciens. Dans le souci de se rapprocher de leurs clients potentiels et du grand public, il dispose de trois Etablissements Régionaux de Cartographie et de Télédétection (ERCT) situés à Oran, Ouargla et Constantine et d’unité commerciale au pavillon de l’ANP aux Pins Maritimes d’Alger.

Un représentant de l’INCT nous a ouvert les portes de l’institut et a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.

Quelles sont les capacités de production de l’INCT ?

Actuellement, nos capacités annuelles sont de : 30 000 photos aériennes, toutes échelles confondues; 25 000 hectares de levés à grande échelle; 12 000 000 d’hectares de levés pour la carte de base au 1/50 000; 160 cartes au 1/50 000 réalisées et éditées; 2 000 000 d’exemplaires de cartes imprimées. Parallèlement à son programme de cartographie, l’INCT a numérisé et géoréférencié l’ensemble de la cartographie nationale existante, y compris les orthophotos (une image obtenue par traitement d’un cliché aérien numérique ou argentique dont la géométrie a été redressée de sorte que chaque point soit superposable à une carte plane qui lui correspond et plans de villes - NDLR). Cette cartographie est mise à la disposition des utilisateurs sous deux formes :

- Carte numérique raster géoreférenciée;

- S.I.G Raster (logiciel & données) multi-échelle du territoire national.

Dans le but de réduire les délais du processus de la mise à jour cartographique, l’INCT a récemment introduit dans sa chaîne de production la solution GPS/SIG (PDA), associant un récepteur GPS et des outils complets de collecte de données SIG.

Quels sont vos perspectives de développement ?

L’INCT s’est résolument engagé depuis une décennie à mettre en place des moyens et des procédures techniques appropriés pour l’acquisition, le traitement et l’actualisation de cette donnée et ce, dans la perspective d’une meilleure prise en charge des besoins des utilisateurs sans cesse plus exigeants sur sa qualité, sa cohérence et son exhaustivité. L’aspect mise à jour de ces bases de données, notamment la base de données topographiques, constitue un axe essentiel pour lequel l’INCT compte investir au titre de son plan de développement futur. Durant les dernières décennies, l’évolution technologique importante en matière de gestion et de traitement de l’information géographique nous a amenés à adapter notre processus de production cartographique par l’introduction de nouveaux outils. Grâce à l’investissement important opéré ces dernières années, le processus d’établissement de la carte est entièrement automatisé.


D’autres perspectives sont inscrites au titre du programme de développement de l’établissement, notamment dans les domaines de positionnement (GNSS), la révision et mise à jour cartographique ainsi que le développement des applications thématiques, principalement la prise en charge de la gestion de la donnée-métier et l’adaptation de sa production aux nouveaux impératifs du développement socio-économique : aménagement du territoire, télécommunications, agriculture, risques majeurs, etc.

UBIFRANCE organise le 2ème colloque sur l’information géographique auquel vous collaborez. Quels sont vos besoins en matière d’assistance étrangère ?

En terme d’objectifs à moyen terme et opportunités d’assistance étrangère, on citera à titre d’indication :

- la finalisation de la couverture cartographique du territoire et sa révision, notamment par le recours à l’exploitation de la photographie aérienne numérique et l’imagerie satellitaire;


- la contribution à la mise en place de l’Infrastructure Nationale de Données Géographiques (INDG) par le développement du Référentiel à Grande Echelle (RGE) national;


- l’initiation d’actions devant aboutir à la mise en place d’un nouvel environnement réglementaire devant asseoir l’INDG;
- la formation et le transfert du savoir-faire dans les nouvelles tendances de l’information géographique.


 « Seule la mise en place d’une structure associative permettra le développement du domaine de l’information géographique »

Jean-Marie SEITE est le président de l’AFIGEO, l’association française pour l’Information Géographique, qui a pour principal objet de concourir au développement du secteur de l’information géographique. L’AFIGEO, qui sera présente aux 2èmes Rencontres algéro-françaises de l’information géographique le 4 novembre prochain, organisées par le bureau d’UBIFRANCE d’Alger en collaboration avec l’INCT (l’Institut National algérien de Cartographie et Télédétection), offrira une opportunité à toute entreprise souhaitant échanger autour de leur savoir-faire dans le domaine de l’information géographique.

Pour nous donner un aperçu sur les activités de l’AFIGEO, M. Jean-Marie Seite a répondu à quelques-unes de nos questions.

Qui est AFIGEO et comment est née l’idée de créer cette association ?

Il y a 25 ans, le Conseil National de l’Information Géographique (CNIG) rassemblait tous les acteurs publics du secteur de l’information géographique. En 1986, il est apparu important d’y associer le secteur privé et, par la même occasion, de valoriser ses actions. De ce principe, est née l’AFIGEO, l’Association Française pour l’Information Géographique: une communauté d’intérêt qui fédère plus de 200 membres, issus aussi bien du secteur public (administrations, collectivités locales, institutions nationales,...), du secteur privé (grandes entreprises, PME-TPE, consultants,...) que du secteur de la formation et de la recherche (universités, grandes écoles,...). Son objectif est de favoriser les synergies entre ces différents acteurs, de faire connaître et promouvoir le secteur, les métiers de la géomatique, de répondre aux enjeux de l’information géographique de demain.

Vous êtes en Algérie pour animer un colloque organisé par Ubifrance en collaboration avec l’INCT. Qu’attendez-vous de ces rencontres ?

En effet, l’AFIGEO est partenaire à part entière de cet événement qui se tiendra le 4 novembre. En tant que président de cette association, je suis en Algérie pour accompagner une importante délégation d’entreprises qui souhaitent échanger autour de leur savoir-faire et expériences, poursuivre des collaborations qui existent déjà depuis plusieurs années, trouver de nouveaux partenaires, etc. Lors de ces rencontres, nous aborderons des aspects organisationnels et juridiques liés à la donnée géographique, mais aussi des cas d’utilisations concrets de logiciels SIG, de données géographiques pour des applications telles que la gestion des réseaux d’eau, du foncier, de l’environnement,… Nous espérons aussi poursuivre les collaborations et partenariats franco-algériens sur le long terme entre entreprises mais aussi entre l’AFIGEO, le CNIG, l’INCT, avec l’espoir d’accueillir, en retour, une délégation d’experts algériens de l’information géographique en France.

L’information géographique est un secteur porteur. En tant qu’association leader dans ce domaine, quelles recommandations pouvez-vous nous donner pour que l’information géographique se développe dans notre pays ?

Le secteur de l’information géographique se structure autour de 5 composantes essentielles : des données géographiques (ex : la localisation géographique d’une école), des appareils pour recueillir et utiliser ces données (ex : des GPS, des satellites, des ordinateurs,...), des systèmes informatiques pour traiter ces données (ex : des logiciels de traitement de données, des serveurs cartographiques,...), des hommes qui travaillent autour de ces données (ex : des géomètres-experts, des informaticiens, des enseignants-chercheurs,...) et des structures qui facilitent le partage autour de ces données (ex : en France l’AFIGEO, le CNIG, l’IGN,...). Toutes ces composantes sont à prendre en compte quand il s’agit d’information géographique.

Pensez-vous qu’une association comme la vôtre doit être créée en Algérie ? Est-ce incontournable ?

Chaque pays doit être en mesure d’identifier quels sont les acteurs qui interviennent dans le domaine de l’information géographique, quelles sont leurs différentes compétences, comment faciliter les échanges et la diffusion de données entre les différents échelons du territoire,... et comment animer cette communauté agissant dans le secteur de l’information géographique. Seule la mise en place d’une structure associative, indépendante, peut permettre d’identifier, de fédérer, d’animer cette communauté. En France, l’expérience de l’AFIGEO montre que le développement de l’information géographique s’appuie sur des systèmes complexes, des données aux centres régionaux d’échange et de partage, des territoires aux organisations. Même si aujourd’hui, il existe en France des modèles d’organisation et des lieux d’échange et d’animation tels que l’AFIGEO, il reste encore du chemin à parcourir.

Le développement du GPS, des données Adresses, sont en cours de développement en Algérie. Quelles recommandations donneriez-vous ?

Cette cartographie est essentielle pour le grand public, le domaine des transports, la livraison de courrier, etc. L’Algérie a le projet de développer une base de données sur l’adressage, qui est une donnée à très forts enjeux économiques et sociétaux, notamment pour l’acheminement des secours lors d’intervention d’urgence. En France, coexistent plusieurs bases de données Adresses, avec chacune leurs avantages et incohérences. L’AFIGEO a animé un groupe de travail réunissant les principaux producteurs et utilisateurs de cette donnée, afin de proposer un modèle de mise à jour en continu au bénéfice du plus grand nombre, mais les choses mettent du temps à se mettre en place.


En Algérie, « tous les secteurs, tous les professionnels ont besoin de données géographiques »

Abdelmalek Bellaouane est le directeur de Graphic Project Center GPC DZ, une société de production de données géographiques et de services qui représente, aujourd’hui, un acteur majeur dans le domaine de la géomatique en Algérie. GPC DZ est aujourd’hui le seul opérateur à fournir une solution globale et spécifique à chaque métier en Algérie en matière de production de données géographiques.

Pour dresser un état des lieux de ce domaine, comprendre pourquoi la cartographie est un marché qui n’arrive pas encore à se frayer une place en Algérie, pourquoi sommes-nous nettement en retard par rapport à nos voisins maghrébins en matière de sociétés spécialisées dans la production de données géographiques, comment est-ce que les entreprises algériennes peuvent s’organiser pour mieux bénéficier des services que propose GPC DZ et introduire la cartographie et la Géomatique, quel avenir a ce marché en Algérie, M. Bellaouane nous apporte des éléments de réponse.

GPC DZ est aujourd’hui un acteur majeur dans le domaine de la géomatique. Vous existez depuis déjà cinq ans. Peut-on avoir un descriptif de votre entreprise ?

GPCDZ est une société de production de données géographiques et de services. Créée en mai 2009 et implantée dans la commune de Chéraga, elle intervient aussi dans le domaine relevant des Sciences Géographiques. Nous apportons une attention particulière à l’écoute et à la compréhension des attentes de nos clients et partenaires en fournissant une solution globale et spécifique à chaque métier en Algérie. Notre principale mission est de mettre à la disposition de nos clients des moyens matériels et logiciels modernes ainsi qu’un savoir-faire, divisés par pôles de métiers, sur la base de techniques de production de données géographiques. Nous nous adressons aussi bien aux professionnels qu’aux non professionnels de la cartographie en Algérie en mettant à leur disposition des experts pouvant les assister et leur permettre de : connaître leur territoire, faire parler leur territoire, gérer leur territoire, et communiquer et partager leurs informations territoriales. Nous avons des partenariats commerciaux.

Nous représentons les leaders mondiaux de l’information géographique en Algérie et nous sommes constamment à l’écoute du client qui bénéficie d’une prise en charge total et immédiate des besoins exprimés. GPC DZ, grâce à ses experts et ses professionnels, est en Algérie très expérimentée dans le domaine de la production de données géographiques. Durant nos années d’exercice, nous avons pu assurer une expertise sans failles à plusieurs entreprises et opérateurs économiques qui ont fait confiance à notre société.


L’Algérie se prépare à accueillir les 2èmes Rencontres algéro-françaises de l’information géographique. Quelles seront les thématiques de cette rencontre ?

Pour ce colloque, nous avons choisi d’aborder trois principales thématiques: la première est en rapport avec l’acquisition de données soit par voie aérienne, sattelitale et équipements légers tels que les drones. La deuxième thématique sera consacrée à la gestion des réseaux et la troisième thématique sera consacrée à la formation et l’aide à l’expression de besoins.

Aujourd’hui, la cartographique s’impose dans plusieurs pays en aménagement du territoire comme un moyen d’appréhension, de compréhension dans l’optique de l’élaboration d’une stratégie pour le développement du territoire. Pensez-vous qu’en Algérie, l’usage de la cartographie est vulgarisé ?

En Algérie, parmi les grands producteurs de données géographiques figurent l’Institut National de Cartographie et de Télédétection (INCT) qui est l’organisme officiel de la cartographie en Algérie. L’INCT a pour mission de mettre en place la cartographie nationale de base. Il s’agit d’une cartographie à petite échelle mise en place à travers l’élaboration de cartes topographiques dites d’Etat-Major qui sont utilisées dans le domaine militaire ou civil pour tout ce qui est grand ouvrage : gestion forestière, gestion agricole, gestion hydrographique, travaux publics et autres. Il existe aussi l’Agence Nationale du Cadastre qui dépend du ministère des finances, et qui a pour mission de cadastrer le territoire national. Il s’agit ici des deux plus grands producteurs publics de données géographiques en Algérie. Malheureusement, on ne peut pas parler de vulgarisation de l’usage de la cartographie en Algérie en raison de plusieurs facteurs qui empêchent encore toute progression dans ce domaine. En effet, l’essentiel de l’information géographique en Algérie, soit 90% de l’information géographique, reste soumis à une autorisation. Ainsi, si une personne veut aller vers l’INCT pour acheter une carte d’état-major, elle doit d’abord avoir une autorisation et se justifier à l’aide d’une carte d’étudiant, d’un ODS ou autres.

Cela empêche la démocratisation de la cartographie en Algérie, d’où la nécessité de mettre en place l’INDG dont le législateur n’est autre que le CNIG, Conseil National de l’Information Géographique, qui a actuellement pour mission d’identifier les besoins de tous les utilisateurs pour mettre en vigueur des textes en rapport avec le marché. J’ajouterais également que l’absence d’une réglementation, d’une législation claire dans ce domaine représente également un obstacle. En Algérie, la réglementation est censée émaner sous l’impulsion du CNIG. Or ce CNIG, qui est sous la tutelle du ministère de la défense tout comme l’INCT, vient tout juste d’être réactivé par un décret présidentiel qui met à jour ses fonctions et missions.

Etant une société spécialisée dans la Géomatique, pouvez-vous nous préciser à qui s’adresse-t-elle ? Qui sont les bénéficiaires ?

Si les premiers utilisateurs de la Géomatique qui regroupe l’ensemble des outils et méthodes permettant d’acquérir, de représenter, d’analyser et d’intégrer des données géographiques, au cours des dix dernières années, ont été principalement des organisations dont la vocation première s’appuyait sur la gestion du territoire, des ressources naturelles ou d’infrastructures de services publics, aujourd’hui et grâce à l’avènement de technologies plus performantes et conviviales, et à la réduction significative des coûts d’accès à la Géomatique, plusieurs autres professionnels et gestionnaires non spécialisés du domaine commencent à s’intéresser davantage à l’information géographique et tout ce qu’elle peut apporter. Je dois vous avouer qu’aujourd’hui, le grand public est utilisateur du marché professionnel destiné à la base à d’autres utilisateurs.

Comment les utilisateurs de la donnée géographique peuvent bénéficier au maximum des avantages qu’offre ce domaine ?

Tout comme les pays occidentaux développés pour qui la géographie s’est imposée dans tous les domaines, le marché de la géomatique ne se développera en Algérie que quand les grands utilisateurs de la cartographie s’organiseront en association afin qu’ils soient représentés auprès du CNIG. Le marché est là, la demande est présente et il est dommage que plusieurs données continuent à être traitées à l’international alors que c’est strictement interdit. Nous devons être structurés en association pour ne plus créer autant de tort à l’Etat algérien.

Quel est l’Etat du marché de la Géomatique en Algérie ?

Aujourd’hui, tous les secteurs, tous les professionnels ont besoin de données géographiques. Pourtant quasiment personne ne recourt à la géomatique, et cela pour faute d’absence de mécanisme d’acquisition de données géographiques. C’est ce qui explique l’état déplorable de nos routes, de nos réseaux et de nos villes. L’Institut national de cartographie et de télédétection, qui représente l’organisme officiel de la cartographie en Algérie et qui a le statut d’entreprise de société à caractère industriel et commercial compte tenu de son plan de charge et de ses missions de base, ne peut répondre au besoin du marché national.

Qu’en est-il de la généralisation de l’usage du GPS au grand public ?

L’activité de la géolocalisation telle qu’elle est conçue aujourd’hui, le matériel est réglementé. Ainsi, l’essentiel des balises de géolocalisation passe par le réseau GSM, GPRS ou même satellitales. Il suffit d’avoir la bonne puce pour pouvoir bénéficier du GPS qui est en effet démocratisé en Algérie. Aussi, des usagers peuvent facilement télécharger des applications sur smartphones ou tablettes pour pouvoir se situer à l’aide du GPS. Il faut savoir que le GPS est réglementé, par contre la géonavigation ne l’est pas. Elle ne transmet pas obligatoirement de position et utilise généralement du Assisted-GPS.

En matière d’information trafic, comment intervenez-vous ? Est-ce que c’est l’utilisateur qui envoie des informations de façon volontaire ou involontaire ?

Nous travaillons de la même manière que tous les fournisseurs de solutions de géonavigation. Il faut savoir que pour faire de l’info trafic en Algérie, le procédé est très simple. Soit vous disposez de capteurs, caméra qui vous compte le nombre de véhicules, compteurs de circulation où vous recourez au partage de données et au data maining. Pour ce qui est du partage des données, dès lors que l’utilisateur utilise la solution géocontacte l’accepte. Nous récoltons de manière anonyme l’ensemble des données de parcours. Dès lors qu’on atteint une taille critique, nous faisons des calculs et diffusons l’information et estimons le trafic réel. L’info trafic est toujours conditionnée à une taille critique d’utilisateurs que nous espérons atteindre très prochainement.

Pouvez-vous nous parler des objectifs de GPC DZ sur le long terme ?

Nous sommes une société de géomatique, je ne pense pas pouvoir me prononcer sur le marché algérien et dire que nous sommes actuellement leaders. Je pense que c’est à l’environnement de nous qualifier selon nos compétences. Nous exerçons notre travail depuis 5 ans durant lesquelles nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de la défense, des ressources en eau, avec des multinationales, des sociétés nationales, des bureaux d’études et des opérateurs télécom. Nous avons donc beaucoup de références et avons également mené à terme plusieurs projets, tout cela étant consultable sur notre site web. Je peux dire que sur le marché algérien, nous sommes aujourd’hui le seul opérateur à fournir une solution globale et spécifique à chaque métier en Algérie.

Où se situe l’Algérie par rapport aux pays voisins dans ce domaine ?

Nous sommes très en retard par rapport aux pays voisins. Des entreprises comme GPC DZ, il en existe une vingtaine en Tunisie, en Egypte et au Maroc, alors qu’en Algérie leur nombre demeure largement insuffisant. Nous avons un nombre insuffisant d’acteurs en matière de production, en matière de développement de logiciels, nous n’avons aucune entreprise spécialisée, ni en matière d’intégration. Nous avons uniquement trois ou quatre intégrateurs « distributeurs de logiciels », quatre dans toute l’Algérie !

Certains utilisateurs croient que seul Google Maps est suffisant pour fournir des cartes et des images nécessaires sur le positionnement d’un objet. Est-ce vrai pour autant ?

Cela est absolument faux car les images que donne Google Maps donnent l’illusion de la gratuité. Google Maps fournit des images d’archives dans un système de projection simplifié pour un usage grand public, pour se positionner, savoir sa destination, connaître son itinéraire dans certaines zones, mais il ne pourra jamais se substituer au travail des professionnels en fournissant des applications utilisables dans un cadre légal pour le positionnement d’un terrain, d’une infrastructure ou délimiter un parcellaire. Les gens n’ont pas la compétence d’estimer l’adéquation des moyens aux besoins, c’est pour cela que nous avons choisi comme troisième thématique l’aide à l’expression de besoins car dans chaque activité, nous avons des besoins divers autant en termes de précisions de résolution et de canaux.

Ne pensez-vous pas que le manque du développement de ce marché en Algérie est dû au manque de communication ?

Pour notre part, GPC DZ communique à travers deux canaux principaux. Le volet grand public dans lequel nous communiquons à travers Twitter, Facebook, Linked’in et Viadeo. Nous sommes également présents à toutes les foires et cela afin de vulgariser et réintroduire le réflexe de la carte. Sur le plan professionnel, nous choisissons une autre stratégie de communication en allant directement vers les entreprises concernées d’où encore une fois la nécessité de créer une association algérienne de l’information géographique.