L'Algérie, un pays avec une administration déconnectée

Numéro dossier: 87

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Le site de l’AADL envahi par les internautes

Autre exemple, autre expérience. N’est-il pas incompréhensible qu’un site institutionnel comme celui de l’AADL plante laissant des milliers de souscripteurs impatients et en colère ? Cela n’arrive qu’en Algérie à l’ère des technologies de l’information et de la communication où des dispositions ne sont pas prises pour prendre en charge les inscriptions en ligne des souscripteurs.

En effet, un énorme tapage s’est produit dernièrement quand le site de l’AADL a été très vite saturé. Certes, certains spécialistes estiment que cela est un problème classique qui n’est pas propre à l’Algérie, mais eu égard au retard que l’Algérie accuse en matière d’e-gouvernement, cela laisse à se poser la question sur l’incompétence de mettre en ligne un site qui fonctionne et qui ne bugge pas. Plusieurs citoyens ont, par ailleurs, relevé une bizarrerie inadmissible.

En plus de la plateforme du site qui ressemble beaucoup plus à une page tellement mal faite du point de vue du design, le site ne serait fonctionnel que pendant seulement dix heures. Selon certains souscripteurs, il était efficace de 8 heures jusqu’à 18 heures, alors qu’Internet est disponible 24/24h et 7 jours sur 7. Comment expliquer cela ?

« Même Internet est soumis à la bureaucratie en Algérie. J’ai du patienter plus de cinq jours pour pouvoir m’inscrire sur le site », déclare Hamid, 26 ans. De son côté, Lila affirme avoir eu accès sans difficulté aucune au site de l’AADL. « Pour me connecter sur un site algérien, j’attends toujours minuit. Je sais que pendant la journée cela est impossible vu l’affluence des souscripteurs », déclare-t-elle.

Il faut dire que dès le lancement des souscriptions pour l’acquisition d’un logement sous la formule location-vente de l’AADL, exclusivement sur le Net, ça a tourné au clic-clic sans fin désarmant pour les impatients. Dès les premières heures de sa mise en ligne, le site web de l’AADL (inscription.aadl.dz) a été inaccessible pour de nombreux Algériens.


Les plus persévérants ont eu la chance de s’inscrire en ligne et de télécharger un accusé de réception ainsi que les conditions d’éligibilité, les pièces à fournir et le modèle de déclaration sur l’honneur, indispensable pour le dossier de l’acquisition d’un logement. Ghania, qui s’est chargée de remplir le dossier de quatre personnes, se rappelle du casse-tête que cette épreuve a été.

« Franchement, c’était un calvaire. Si pour ma part, je suis arrivée à m’inscrire facilement, cela n’a pas été le cas pour mes trois sœurs. Pour inscrire leurs demandes de souscription et recevoir le numéro d’enregistrement et le mot de passe spécifique à chacune, j’ai du attendre une semaine », avoue-t-elle.

Même si les citoyens insatisfaits du site web de l’AADL ont fait part de leurs soucis et de la saturation du site, le ministère de l’Habitat et de l’urbanisme n’a pas reconnu cette défaillance puisqu’il a affiché, rien que pour la première journée, des chiffres élevés. Selon le ministère, 84 215 demandes ont été enregistrées au premier jour de l'opération de souscription en ligne.

Toutefois, il faut dire que ce ministère a relevé le défi en recourant à l’usage des TIC pour faciliter les démarches aux citoyens et leur éviter les désagréments liés aux déplacements au siège de l’agence. L’AADL aurait juste du se préparer à un tel rush et prendre des mesures sérieuses pour répondre à la demande des souscripteurs. Le cas AADL prouve qu’en Algérie, nous sommes encore très loin d’utiliser à bon escient les solutions numériques.

Cela est certainement du à notre environnement encore mal adapté au développement des TIC. En attendant que l’administration de l’AADL prenne attache avec les souscripteurs via leur compte pour le premier versement à partir du mois de mai, espérons que cette procédure se déroule dans de bonnes conditions.

Impôts : la déclaration fiscale online, une solution pour aller plus vite

Fort heureusement, en Algérie, quelques institutions publiques tentent de donner l’exemple. En mai dernier, la Direction Générale des Impôts a introduit une nouvelle solution très efficace pour faciliter les démarches des contribuables et ne plus devoir être assailli par des foules de personnes impatientes. La DGI a opté pour l’introduction d’une solution qui rentre dans le cadre de l’e-administration.

En effet, elle a mis en ligne une déclaration fiscale visant à permettre aux différents contribuables de déclarer leur situation fiscale sans être contraints de se déplacer aux services fiscaux. L’introduction de cette solution a en effet rendu plus accessible les procédures administratives des contribuables qui ne sont plus contraints de se déplacer jusqu’à l’administration.

Par cette disposition électronique très efficace, les opérateurs économiques sont enfin à l’abri des files d’attentes, de l’impolitesse de certains guichetiers et des lourdeurs bureaucratiques très fréquentes dans l’administration algérienne. Grâce à cette solution en ligne, les contribuables peuvent retirer plusieurs imprimés nécessaires sans se déplacer.

Il s’agit entre autres de la déclaration tenant lieu de bordereau avis de versement (le G50), des déclarations annuelles relatives au BIC-IRG (Bénéfice industriel et commercial-Impôt sur le revenu global) relatif au régime du réel, à la TAP (G11) et à l’IBS (G4), les justificatifs du crédit d’impôt (G5), la déclaration d’existence (G8) ainsi que la déclaration du chiffre d’affaires de l’Imprimé fiscal unique (IFU - G12), détaille la DGI, la déclaration BNC relative au régime de la déclaration contrôlée et la TAP (G13), la déclaration tenant lieu de bordereau avis de versement à l’Administration publique (G50A).

Sont également téléchargeables sur le site web de la DGI d’autres imprimés, tels que le bordereau avis de versement des revenus fonciers (G51), la déclaration annuelle des traitements et émoluments divers payés (G29) ainsi que l’état détaillé des clients (G3) seront incessamment disponibles au format interactif, a avancé la même source.

La télédéclaration uniquement pour les gros contribuables

Seuls les gros contribuables ont la possibilité de bénéficier du système de la télédéclaration qui est un moyen électronique de transmission des déclarations des salaires, mis gratuitement à la disposition des entreprises adhérentes. Ce système, dont le but est de faciliter la communication des données sans remplacer les bordereaux sous format papier qui seuls font foi, ne s’applique qu’aux gros contribuables relevant de la Direction des Grandes Entreprises (DGE) ou des Centres Des Impôts (CDI) opérationnels et implantés dans diverses régions du pays.

La télé-procédure devrait s’étendre aux autres catégories de contribuables à l’avenir. Le site de la DGI est actuellement opérationnel et vous permet de télécharger tous les imprimés dont vous avez besoin : http://www.mfdgi.gov.dz/.

Comme quoi, tout n’est pas noir dans nos administrations et quelques lueurs d’espoir nous permettent de demeurer encore optimistes.