L'Algérie, un pays avec une administration déconnectée

Numéro dossier: 87

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Dar el Beida, une commune qui baigne dans l’ère du numérique

L’APC de Dar el Beida est parmi les rares APC d’Alger où, quand vous y pénétrez, vous n’êtes pas abasourdi par le tableau classique d’une chaîne d’êtres humains, éreintés, épuisés et nerveux qui patientent dans une longue file interminable face à un agent de guichet extrêmement hors de lui. La commune de Dar el Beida est bel et bien informatisée.

Son APC est même parmi les plus connectées aux TIC et ses citoyens sont les plus chanceux car leur service d’état civil est totalement informatisé. En effet, dans cette APC, il suffit d’un clic pour pouvoir retirer ses différents documents administratifs d’état civil. Plus la peine de déposer et de revenir pour récupérer sa paperasse. Plus besoin de languir interminablement au milieu d’une foule qui s’impatiente. La mairie de Dar El Beida s’est mise au diapason de l’informatisation en intégrant les TIC dans son quotidien. Le principe d’e-commune fonctionne parfaitement bien dans cette APC et les citoyens en sont heureux et satisfaits.

A l’intérieur de cette APC, les agents de guichet ne remplissent plus les formulaires à l’aide d’un stylo, mais travaillent avec un système informatisé pour remettre au citoyen tous les documents d'état civil qu’il demande. Le problème du fameux extrait de naissance n°12 était le premier à être résolu au niveau de cette commune.

Ce document original exigé dans plusieurs dossiers était un véritable casse-tête pour les employés de cette APC et pour les clients. Ces derniers devaient déposer le matin, et revenir l’après-midi ou la journée d’après pour récupérer leur document. Désormais, le S12 se délivre en quelques secondes grâce à l’informatisation du système de l’APC.

Si l’APC de Dar El Beida est un exemple dans l’introduction des TIC dans l’administration, c’est grâce à ses responsables qui ont introduit le processus de l’informatisation en 1997 avec l’introduction des données et des logiciels. Les informaticiens de cette APC ont veillé à la mise en place d’une administration électronique efficace et efficiente. Au grand bonheur des citoyens de cette mairie, l’usage des TIC a rendu plusieurs autres démarches administratives possibles, telles que demander ou envoyer par mail des documents de l’état civil pour les citoyens algériens résidants à Alger ou à l’étranger.

Cependant, cette procédure n’est pas encore appliquée étant donné qu’elle n’est pas encore autorisée sur le plan juridique. C’est donc l’absence de textes juridiques permettant l'envoi par mail des documents d'état civil qui freine cette démarche au niveau de plusieurs APC.

Une journée dans une autre APC privée de l’administration électronique

Il suffit de pénétrer à l’intérieur de l’Assemblée Populaire Communale d'une commune à l'Est d'Alger pour se rendre compte à quel point en Algérie, nous sommes encore très loin de l’administration électronique censée abolir les obstacles de temps et de distance pour offrir aux citoyens l'information et les services, quand et où ils le souhaitent et sous une forme accessible.

Malheureusement, dans cette APC, dès que vous y pénétrez le matin, vous êtes accueillis par une foule de gens qui attendent leur tour pour récupérer un document administratif. Les agents de guichets sont dépassés face aux doléances des citoyens qui réclament plus de rapidité et plus d’efficacité. A l’ère des TIC et au moment où plusieurs pays dans le monde jouissent d’une administration électronique très performante, dans certaines mairies de la capitale, des citoyens sont contraints de sacrifier des heures pour récupérer un extrait de naissance, une résidence ou une fiche familiale.

« Même pour légaliser un document, on est contraint d’attendre que l’agent du guichet daigne se montrer plus rapide et efficace », affirme en colère ce quinquagénaire. « Ils sont incapables de faire face aux citoyens. On n’a pas l’impression d’être dans l’ère des technologies de l’information et de la communication. En plus d’être mal accueilli par certains guichetiers, les prestations de l’état civil sont encore insuffisantes », ajoute cette femme trentenaire venue récupérer des résidences pour les dossiers AADL de ses trois enfants.

Des «oufs» d’impatience, des regards hagards, des visages mécontents, colériques et fatigués par l’attente, voilà le tableau quotidien de certaines APC algériennes qui peignent encore à introduire l’informatisation du système dans leur administration.


« Nous accusons un grave retard dans la modernisation de l’administration locale. Nous sommes encore très loin de l’administration électronique et je crois que cela est du en grande partie à une sorte de blocage mental. Nous sommes plus à l’aise avec les méthodes traditionnelles plus lentes qu’avec les ordinateurs et les systèmes informatiques », nous a déclaré le responsable de l’APC de Gué de Constantine. Il n’est pas sans constater que l’informatisation dans les communes de la capitale n’est pas systématisée.

Si certaines mairies, comme celle de Dar el Beida ou de Sidi M’hamed, sont mieux organisées et plus connectées aux TIC, d’autres APC à Alger n’ont même pas leur propre site web. Nous ne pouvons donc pas évoquer une administration électronique structurée et systématisée en Algérie.

Il existe une très faible connexion entre la collectivité locale et les citoyens de la commune en raison de la défaillance de l’e-administration. Il est vraiment déplorable de constater qu’au moment où certains pays comme la France sont parvenus à fonder des entreprises en ligne grâce à l’administration électronique, et après avoir opté pour l'administration électronique en vue d'offrir les services existants en ligne et, qui plus est, à avoir développé de nouveaux services accessibles sur Internet, l’Algérie demeure à la traîne.

Le gouvernement algérien a encore un long chemin à parcourir avant de parvenir à simplifier les rapports entre citoyens et administrations et développer la communication par voie électronique.