Loisirs vidéo-ludiques : un monde en pleine mutation

Numéro dossier: 68

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Marchés en ligne : le nouvel Eldorado



Un jeu vidéo, comme toute création artistique, dépend parfois de grands studios aux moyens conséquents, et capables de produire des blockbusters auxquels il est difficile d’échapper. D’un autre côté, on remarque l’émergence de la scène indépendante. Les auteurs de jeu, avec un staff et un budget réduit (le développeur est parfois tout seul), multiplient les propositions ludiques sur les marchés en ligne. Google Play, MarketPlace, Xbox Live, Playstation Store,…ces plateformes de téléchargement facilitent la distribution du jeu indépendant, autrement impossible par les canaux habituels et onéreux. La scène indépendante produit quelques perles parmi lesquels Braid, Limbo, ou SuperMeat Boy sont souvent cités.

Plus légers, moins chers, et accessibles, les jeux à télécharger jouent avec des contraintes différentes. Sur les engins tactiles par exemple, le gameplay est plus propice à certains genres plutôt qu’à d’autres. C’est ainsi que le puzzle game et le tower defense sont légion sur smartphones. Un puzzle game est un jeu de réflexion aux modalités variées, alors qu’un tower défense est un jeu de stratégie où le joueur doit disposer des unités sur le champ de bataille afin de freiner la progression de vagues ennemies successives. Le tout peut se jouer avec un seul doigt, ce qui confine à la simplicité la plus totale mais n’ empêche pas de proposer du contenu de qualité. L’industrie dans son ensemble, séduite par le pouvoir qu’offrent les plateformes de téléchargement, n’a pas manqué de développer les stratagèmes les plus nuisibles au consommateur pour en tirer le maximum de profit.

Ces changements entraîneront systématiquement un changement dans notre manière de pirater les jeux. La dématérialisation permet de shunter les réseaux de distribution classiques, et pour ainsi dire, de tuer le jeu en boîte. Le but avoué est d’éradiquer le marché de l’occasion. De plus en plus de jeux ne peuvent être démarrés sans connexion internet, le but de la connexion est avant tout d’identifier le joueur. S’il joue à un jeu qui lui a été prêté, un pass en ligne payant lui sera réclamé pour qu’il ait le droit d’accéder au jeu, impensable il y a quelques années.


Le Free-to-play a de l’avenir


De notre côté de la méditerranée, seul Sony distribue officiellement ses jeux. Pour le marché en ligne, des cartes à gratter, un peu comme pour le crédit téléphonique, existent afin de ne pas passer par la case « compte bancaire ». Sony palie donc le manque de paiement en ligne en Algérie, ceci n’est vrai que pour la Playstation 3, mais l’on peut espérer qu’un système équivalent verra le jour sur PS Vita. Les jeux à télécharger, ainsi que les jeux en ligne, ont déterré des genres que l’on pensait éculés. Nous assistons au retour en masse du jeu de plateforme 2D, genre qui était quasiment réservé à Mario pendant un long moment.

Les jeux « sociaux » ont aussi explosé. Le multi joueurs massif, démocratisé par World of Warcraft, se ramifie aux genres autres que le jeu de rôle. Tir à la première personne, city builders (des jeux où vous devez développer votre ville, votre parc à thème ou votre restaurant), gestion et stratégie en ligne,…ces catégories non seulement remodèlent le jeu sur PC mais embauchent également de nouveaux joueurs, et leur proposent de nouveaux modes de consommation. Les Free-to-play s’émancipent comme jamais auparavant, et leur avenir semble stabilisé par l’annonce d’une nouvelle console de salon nommée Ouya. Une console basée sur l’Open Source, moins chère que toutes les autres, et proposant un immense catalogue de jeux gratuits,… Ce n’est pas un fantasme, c’est Ouya.

Basée sur Android, elle ambitionne de ramener vers le téléviseur les jeux indépendants. La manette de la chose semble fantastique, car elle intègre, en plus des boutons,
la détection de mouvement et un pavé tactile, afin que les jeux convertis vers la console ne perdent rien de leur gameplay. Pourquoi est-ce fantastique ? Parce que le prix d’Ouya est de 99 dollars, soit 80 euros…et avec la gratuité des jeux, elle est unique en son genre. Le projet Ouya a bénéficié d’un financement participatif par Kickstarter. Le but est de récolter 950 000 dollars, le budget nécessaire à faire aboutir le schmilblick, et ce en une campagne de dons de 30 jours. 500 000 dollars ont été récoltés en 24 heures ! Le jour suivant, les donc collectés ont atteint 2.5 millions de dollars ! Ce projet a reçu la bénédiction d’un nombre massif de gamers, et ouvrira les portes du grand public aux jeunes artistes du jeu vidéo. Les modèles économiques de l’Open Source permettent des choses tout à fait nouvelles, on attend l’arrivée d’Ouya en mars 2013.

Qui sait, peut être que ces modèles économiques, basés sur le développement participatif ou sur la publicité, permettront de voir émerger des jeux codés par des Algériens. Le développeur algérien est évidemment confiné au jeu indépendant, mais il existe. Vous voulez une preuve ?