L’Open Source : Explosion des communautés en Algérie

Numéro dossier: 66

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La propriété intellectuelle dans le libre


La métaphore est la suivante : imaginez qu’un artiste peintre commence une toile, puis qu’un autre artiste passe après lui et ajoute des formes, des couleurs, qu’un autre en fasse de même et ainsi de suite jusqu’à avoir une oeuvre collaborative… A qui appartient la toile ? A tous. Toutefois, la notion de propriété intellectuelle existe dans l’Open Source et se traduit par la présence de licences open source. Cela concernera la seconde conférence, animée par Benjamin Jean, maitre de conférences, et consultant chez Inno3 et au Cabinet Gilles Vercken.

Les licences sont légion et permettent de limiter ou d’appuyer des libertés que permet le logiciel Open Source. On citera par exemple le Copyleft, par opposition (non sans humour) au Copyright, et qui signe la liberté qu’accorde l’auteur pour que son oeuvre soit copiée, utilisée, étudiée, modifiée et distribuée pour peu que cette liberté soit préservée. Concrètement, si vous modifiez une oeuvre en Copyleft, vous pouvez en faire ce que vous voulez sauf restreindre son utilisation après l’avoir modifiée. Le Copyleft n’est qu’un exemple, et les licences Open Source répondent à tous les cas de figure qui peuvent se poser quand il s’agit d’oeuvres participatives et de propriété intellectuelle, une étude d’importance capitale et souvent négligée par ceux qui se lancent dans le monde du logiciel.


Le Libre dans le monde : un enjeu d’avenir


Quand Yves Miezan Ezo, Directeur Général de Inno3, vice-président de l’ISOC France, membre du conseil d’Administration de FOSSFA et secrétaire général du CHALA, démarre sa conférence, c’est l’une des personnes les mieux renseignées sur le libre en Afrique et dans le monde qui prend la parole, et il va s’agir de modèles économiques Open Source et de leur portabilité sur le marché africain. Le CHALA, ou club des hommes et femmes d’affaires du logiciel libre en Afrique, a pour vocation notamment d’éveiller les consciences sur les « intérêts politiques, stratégiques et économiques des logiciels libres pour les pays africains » ainsi que de fournir les outils et techniques nécessaires pour opérer le virage Open Source aux organisations qui le désirent. La Free Software and Open Source Foundation for Africa oeuvre quant à elle depuis 10 ans à la promotion du libre sur ce continent où la situation des TIC est la plus défavorable, et où l’Open Source constitue la bouée de sauvetage pour l’avenir numérique de ses peuples.

Pourtant, la carte mondiale du taux de contribution à l’Open Source place le continent africain en queue de peloton, chose qui risque de changer si le cas tunisien fait des émules. Majed Khefallah tient la dernière conférence du Libre Day. Secrétaire général de l’APOS en Tunisie et membre actif de l’OpenGovTN, il décrypte astucieusement la révolution de jasmin, qui a aussi été celle du logiciel libre en Tunisie.

Le secteur public tunisien concerne l’écrasante majorité du marché de l’informatique en Tunisie. « Les jeunes qui ont démarré et coordonné la révolution par les réseaux sociaux sont des open sourciens ». La volonté d’accès à l’information a été un moteur si puissant que le Libre s’est retrouvé au parlement tunisien. Les parlementaires ont en effet relayé la volonté du passage à l’Open Source à travers la campagne 7ell («ouvre», en arabe). Chaque parlementaire apportait son petit écriteau avec « 7ell » écrit dessus, et cela embraye sur l’un des points les plus cruciaux l’Open Data.

La fin de l’omerta sur les données publiques, voilà de quoi il en retourne schématiquement quand il s’agit d’Open Data. « Par exemple, au Brésil, il existe une application smartphone qui vous indique où se trouve la pompe à essence la moins chère dans les environs, ce qui présuppose que ces données soient disponibles et consultables par tous ». Imaginez par exemple que l’on puisse consulter les résultats d’analyses de l’eau dans les différentes régions. « Quand j’ai parlé de rendre publiques les données relatives aux analyses de l’eau, la première réaction que j’ai rencontré était : « et pourquoi faire exactement ? ». Je leur répondais en disant que " l’imagination des jeunes dépassait la leur, et que c’était bien pour cela qu’ils ne pouvaient pas deviner ce que les jeunes allaient en faire ! ", disait M Khelfallah.

L’Open Data est donc un prérequis fondamental si l’on espère développer des applications qui rendent des services spécifiques et personnalisables aux besoins qu’éprouvent différentes populations. Le conférencier insiste sur les retombées économiques et sociales extraordinaires de l’Open Data, épiloguant le Libre Day sur une note optimiste et visionnaire.

En conclusion, le club Open Minds présente encore une fois une copie parfaite, à noter que le monde du libre a aussi son propre média grâce au site du club. Le monde de l’Open Source est celui d’une communauté solidaire, où foisonnent les didacticiels, les forums et les astuces, tous liés par une philosophie qui dépasse stricto sensu le cadre de l’informatique. « Ce qui ne se partage pas se perd », un crédo qui sonne comme les paroles sages des histoires de notre enfance.



1/ La licence GNU GPL accorde les droits suivants à l’utilisateur :

- la liberté d’exécuter le logiciel, pour n’importe quel usage ;

- la liberté d’étudier le fonctionnement d’un programme et de l’adapter à ses besoins, ce qui passe par l’accès aux codes sources ;

- la liberté de redistribuer des copies ;

- la liberté de faire bénéficier à la communauté des versions modifiées.


Liens pour les communautés open source en Algérie :

Java: http://www.algeriajug.org/ et https://www.facebook.com/ALGERIAJUG

WordPress: http://www.wpdz.org/ et https://www.facebook.com/pages/WordPress-Alg%C3%A9rie/316181128409913

Ubuntu: http://www.ubuntu-algerie.org/
             https://www.facebook.com/ubuntu.alg

Et bien d’autres communautés existent aussi en Algérie : Linux, Mozilla, Android, PHP, Open data dz, jQuery UI, EyeOS…


ZIOUCHI Oussama / MERABTENE Driss