Bilan des TIC en 2010 en Algérie : une progression à vitesse d’escargot

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M. Ali Kahlane, Président de l’Association Algérienne des Fournisseurs de Services Internet

Meilleure pénétration d’Internet et plus de contenus


Quel est, de votre point de vue, le bilan à faire de l’année 2010 pour tout ce qui touche à Internet ?

En ce qui concerne la bande passante, il est indéniable qu’une amélioration sensible a été enregistrée. Le nombre de connectés à l’ADSL a augmenté d’au moins 50%. La démocratisation de l’Internet est palpable et elle a atteint un taux de pénétration de près de 15%, un gain de près de 2 points en l’espace d’une année. Ces résultats ont été obtenus en réhabilitant physiquement un nombre important de lignes à l’ADSL. Ils sont dus, aussi, à la remise en fonctionnement d’un nombre aussi important de lignes résiliées ou « coupées » grâce à une offre innovante d’Algérie Télécom. La promotion du téléphone fixe et la réhabilitation des lignes vétustes à l’éligibilité à l’ADSL a toujours été le cheval de bataille de notre association. Se connecter à Internet en Algérie est devenu plus accessible que les années précédentes. Les nombreuses études publiées durant l’année passée convergent toutes vers des chiffres qui érigent l’internaute algérien au rang de consommateur invétéré de réseaux sociaux. Cela donne une production de contenu quantitativement inespérée pour l’Algérie. Les 55 000 sites web algériens, tout aussi structurés qu’ils le sont, ne peuvent se targuer d’obtenir un contenu aussi « riche» et surtout aussi dynamiquement à jour, sauf ceux qui ont osé se mettre à Facebook en y publiant leurs pages « Corporate ». C’est ainsi que nous découvrons que l’autre cheval de bataille de notre association, la promotion de la production de contenu national, était amorcé, bien que venant de « fournisseurs ingénus et imprévus » nous a emplis d’une double satisfaction.

Quelles ont été les principales actions engagées par votre association durant l’année écoulée ?

En 2005, au moment du lancement de l’ADSL dans notre pays, notre association comptait une centaine de Fournisseurs de Services Internet. Ce nombre se réduisait d’année en année pour atteindre en 2011 le chiffre de … un. Le principal et seul fournisseur de services Internet est actuellement Djaweb du groupe Algérie Télécom. L’une des principales raisons est en particulier la situation de monopole que nourrit et dont jouit quasi impunément Algérie Télécom. Non seulement pratique-t-elle une tarification de bande passante tout à fait irréelle et qui n’a pratiquement pas changé depuis près de 5 ans, mais elle montre surtout très peu d’enthousiasme à nouer des partenariats avec les entreprises algériennes désireuses de concourir au développement d’Internet dans notre pays. Notre association, sous l’égide et en présence du Ministre de la Poste et des TIC, a signé avec Algérie Télécom le 25 octobre 2009 une première convention cadre qui devrait permettre à tout ISP de fournir des services à valeur ajoutée en achetant de la bande passante chez Algérie Télécom. Aujourd’hui, il nous a été tout simplement impossible de concrétiser cet accord par des contrats bilatéraux tel que spécifié dans la Convention. La raison principale est le refus patent et récurent d’Algérie Télécom de revoir le coût en gros de la bande passante.

Que pouvez-vous nous dire en ce qui concerne la voix sur IP en Algérie ?

La VoIP est un service Internet. Son classement comme Service de Télécommunication au début des années 2000 était alors un pis-aller mais en le gardant tel quel, jusqu’en 2011, c’est devenu une erreur. A un moment où tout le monde s’est accordé à le considérer comme un service Internet, ce qu’il est tout naturellement, les différentes décisions de l’ARPT ont pérennisé et renforcé une situation non seulement techniquement illogique mais en plus dommageable à notre économie. Je prend l’exemple des équipements de téléphonie utilisant la VoIP. L’ARPT demande actuellement que les équipements munis de capacités VoIP doivent tous être homologués tant qu’ils ressemblent à des téléphones classiques. Si par contre cet équipement ne ressemble pas à un téléphone classique, il n’aura pas besoin d’homologation. Pourtant, tout le monde utilise son PC pour parler ou « skyper » avec tout le monde, soit gratuitement de PC à PC soit de PC à téléphone en achetant du crédit sur Skype sans être inquiété le moins du monde. Si la VoIP est considérée comme service Internet, cela permettra à de jeunes entreprises algériennes de se lancer dans ce domaine à l’instar de ce qui se passe partout dans le monde.

Quels sont pour l’AAFSI les grands chantiers de 2011 ?

Avec le programme e-Algérie, nous avons la stratégie globale que nous réclamions depuis longtemps. Ce qui nous tient le plus à coeur en tant que professionnels des TIC et en tant que citoyens, c’est que notre pays l’applique dans les faits car c’est notre seule planche de salut. Il est vrai aussi qu’il va falloir être pragmatique dans l’application de ce plan car il faut l’adapter à la réalité du terrain.   (la suite p.4)