Langage SMS: Syntax Massacring Service

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Les jeunes nous répondent


Le « nouvel analphabétisme » était défini il y a 10 ans comme « la non-maîtrise de l’outil informatique».Il est alors cocasse de constater que ce même outil ait fini par déstructurer dans nos esprits toutes les règles syntaxiques, synonymes de culture et de niveau d’instruction. Un proverbe anglais dit qu’« un mauvais travailleur blâme ses outils ». Alors, le SMS est-il responsable ou est-ce notre paresse qui mine nos copies d’hérésies orthographiques ? Quand cette question est posée aux principaux concernés, les jeunes, et qui plus est sont jeunes universitaires, ça donne ceci :

Imad, 20 ans : « En médecine on n’a pas attendu les SMS pour écrire en abrégé. Même pour les formules de politesse ! Jugez plutôt: PDF=Prière De Faire. De toute façon, nous écrivons tellement mal que seul un pharmacien entrainé à lire les ordonnances pourrait détecter les fautes d’orthographe, ou à détecter quoi que ce soit d’ailleurs… »

Jasmine, 22 ans : « Il faut faire la part des choses et ne pas se cacher derrière son petit doigt. Ou on sait écrire ou on ne sait pas, ce qui est honteux pour un universitaire. Certains arrivent à peine à s’exprimer en français ! Je suis certaine que si les SMS s’écrivaient en arabe, il n’y aurait aucun problème de fond en ce qui concerne l’orthographe parce que l’école nous oblige à beaucoup rédiger en arabe. Moi aussi j’ai un proverbe à te soumettre : « C’est en forgeant que l’on devient forgeron ».

Mounir, 23 ans : « La nécessité d’écrire avec moins de caractères pousse à rédiger en phonétique, et c’est cette nécessité qui finit par donner de mauvaises habitudes. L’outil SMS est donc à blâmer en premier lieu, notamment en ce qui concerne les accords et les terminaisons des verbes ».

Amina, 21 ans
: « Je m’oblige à rédiger correctement même quand j’écris un SMS. Alors oui ça me demande du temps, mais quand un message est long je préfère appeler. Je suppose que c’est le prix à payer pour ne pas avoir l’air ridicule quand la prof lit mes observations en public. »

Imad, 23 ans : « Déjà que j’écris n’importe comment sur MSN, les SMS sont une sorte de coup de grâce. Vu qu’on ne double jamais une lettre sur un SMS, il m’arrive de buguer devant une copie d’examen en me demandant si tel mot prend deux f, deux t, deux m, et les pires, deux p. Mais pour le reste, je m’en sors pas trop mal, enfin, la plupart du temps ! »

Khalida, 22 ans
: « Quand on écrit un cours, on est obligé de prendre des notes, alors la grammaire est à la rue. Quand on répond le jour de l’examen, on se concentre sur le fond et on néglige la forme, alors les mauvaises habitudes refont surface et la grammaire est toujours à la rue. Je suppose donc que le SMS est à blâmer autant que nous-mêmes ».

Lamine, 24 ans
: « Au-delà de l’effet indéniable des SMS sur notre orthographe, il y a tout un contexte qui n’incite pas à s’appliquer. On lit beaucoup moins, on regarde beaucoup plus les adaptations cinématographiques. La lecture est fondamentale pour rester connecté avec une orthographe correcte. Il faudrait repenser tout notre mode de vie, ou considérer que la déstructuration de l’orthographe est un effet secondaire de la modernité et ne pas en faire tout un fromage ».