Les réseaux sociaux sur Internet : Eldorado ou chimère?

Numéro dossier: 0

Index de l'article


200 millions de membres

Des fonctionnalités qui ont a déjà permis au site de se hisser au septième rang des sites les plus consultés de la Toile, devant Amazon et MySpace, selon le cabinet comScore, spécialiste de la mesure d’audience sur le web. Et avec 600 000 à 700 000 nouveaux comptes chaque jour, Facebook devrait franchir le cap des 200 millions de membres vers la moitié de l’année en cours.

La base des réseaux sociaux se trouve dans la théorie des « 6 degrés de séparation » (« small world phenomenon ») de Stanley Milgram. En 1967, ce sociologue américain décrivait le « small world phenomenon » en montrant qu'il existait en moyenne six intermédiaires entre deux personnes prises au hasard sur la planète Terre. Pour cette expérience, un agent de change de Boston est choisi comme « individu cible », et trois groupes de départ d'une centaine de personnes chacun sont constitués aléatoirement, l'un composé d'habitants de Boston choisis au hasard, le deuxième d'habitants du Nebraska choisis au hasard, et le troisième d'habitants du Nebraska aussi, mais qui présentent la particularité d'être détenteurs d'actions. Chaque individu de ces groupes de départ reçoit un dossier décrivant l'expérience et l'individu cible (son lieu de résidence et sa profession en particulier), et a pour mission de faire parvenir ce dossier par la poste, soit directement à l'individu cible s'il le connaît personnellement, soit à une personne qu'il connaît personnellement et qui a une plus grande probabilité de connaître personnellement l'individu cible.

Sur les 296 individus des groupes de départ, 217 ont accepté de participer à l'expérience et ont expédié le dossier à une de leurs connaissances, et finalement, 64 dossiers sont parvenus jusqu'à l'individu cible, au terme de chaînes de connaissances de longueurs variables, mais dont la longueur moyenne était de 5,2 intermédiaires.
Jean-Georges Perrin, jeune  ingénieur en informatique français ayant planché durant plusieurs mois sur la gestion de projets innovants, aborde le phénomène des réseaux sociaux sous un angle psychologique. Dans une contribution sur la question, mise en ligne sur Internet, il explique qu’ « un réseau social, ce n’est pas que de la technologie, du logiciel et un peu de matériel… Il y a aussi un facteur humain important pour à la fois créer et animer un réseau social ».  Parmi  les facteurs-clés de succès des réseaux sociaux, il y d’abord le fait qu’ils sont  avant tout des réseaux humains avec leurs complexités, leurs contraintes, leurs obligations, leurs spécificités… Les membres adhérant à un réseau social en ligne viennent y chercher soit un complément, soit la totalité des éléments qu’ils ne trouvent pas dans leur vie « réelle ».

A la base,  l’utilisateur vient y chercher un lien social : ce lien qui se fait difficilement dans la vie quotidienne, mais qui, à travers des interfaces web, est facilité. Nul besoin de longues discussions pour savoir qui aime le même cinéma, la même cuisine ou le même sport que vous, il suffit de se connecter sur un réseau social pour y découvrir des membres ayant les mêmes centres d’intérêt et le contact se fait… La même opération dans un supermarché va être difficilement réalisable. Le réseau social devient un générateur de liens sociaux.

Au-delà de ce lien créé, le membre va également y rechercher un accomplissement des besoins qu’il ne satisfait pas au quotidien. Le jeune chercheur français voit même les ressorts de ce phénomène dans la   pyramide des besoins de Maslow. Célèbre psychologue américain mort en 1970, Abraham Maslow distingue cinq grandes catégories de besoins. Il considère que le consommateur passe à un besoin d’ordre supérieur quand le besoin de niveau immédiatement inférieur est satisfait.
Les besoins physiologiques sont directement liés à la survie de l’espèce (faim, soif, sexualité,...) ; le besoin de sécurité contre les différents dangers qui menacent ;  le besoin d’appartenance et de se sentir accepté par les groupes dans lesquels l’individu  vit ; le besoin d’estime et  être reconnu en tant qu’entité propre au sein des groupes auxquels il appartient ; et enfin le besoin de s’accomplir,  « le sommet des aspirations humaines », selon Maslow. Il vise à sortir d’une condition purement matérielle pour atteindre l’épanouissement.

D’après l’ingénieur informatique français, les réseaux sociaux vont permettre d’assouvir notre besoin d'appartenance, qui va se retrouver dans la fierté d'appartenir à Facebook, Copains d’Avant ou encore Smallworld. On y retrouve également la réalisation du besoin d’accomplissement de soi ou encore d’estime de soi, de devenir une personne à part entière. Il suffit d’observer le succès des applications en lien avec la photo ou la vidéo, où on  retrouve l’effet Warhol. Ce qui amène à un premier facteur-clé de succès : celui de penser à mettre en avant le membre et ses liens et interactions avec les autres.
L’explosion du phénomène des réseaux sociaux ne doit cependant pas occulter l’autre face de la médaille, celle qui porte les nombreuses inquiétudes soulevées, d’abord au regard du respect de la vie privée, sujet d’une sévère mise en grade adressée tout récemment par les autorités européennes aux opérateurs Internet dont justement les célèbres réseaux sociaux.