L’avenir dans les nuages?

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Beaucoup d’entreprises regardent encore avec détachement le développement du «cloud computing», se posant des questions sur sa pertinence et sa fiabilité. Des études sérieuses tendent, néanmoins, à faire croire qu’au regard de ses avantages, le succès marketing est une question de temps.


Le cloud computing  ou informatique en nuages, est, selon la définition donnée  par l’encyclopédie en ligne Wikipedia, « un concept majeur faisant référence à l'utilisation de la mémoire et des capacités de calcul des ordinateurs et des serveurs répartis dans le monde entier, et liés par un réseau, tel Internet. Les utilisateurs ne sont plus propriétaires de leurs serveurs informatiques mais peuvent ainsi accéder de manière évolutive à de nombreux services en ligne sans avoir à gérer l'infrastructure sous-jacente, souvent complexe. Les applications et les données ne se trouvent plus sur l'ordinateur local, mais - métaphoriquement parlant - dans un nuage (Cloud) composé d'un certain nombre de serveurs distants interconnectés au moyen d'une excellente bande passante indispensable à la fluidité du système. L'accès au service se fait par une application standard facilement disponible, la plupart du temps un navigateur Web ». Le cloud computing fait référence à l'utilisation de la mémoire et des capacités de calcul des ordinateurs et des serveurs répartis dans le monde entier, et liés par un réseau, tel Internet. Les utilisateurs du nuage pourraient ainsi disposer d'une puissance informatique considérable et modulable.

Cette technique est en passe de devenir un business. L'ensemble de puissance de calcul et de mémoire, conçu comme un outil proposé comme un service à des clients par une entreprise est annoncé par certains professionnels du secteur comme l'ultime étape de l'industrialisation des centres de données. A l'image de la puissance électrique il y a un siècle, la puissance de calcul et de stockage de l'information serait proposée à la consommation par des compagnies spécialisées. De ce fait, les entreprises n'auraient plus besoin de serveurs propres, mais confieraient cette ressource à une entreprise qui leur garantirait une puissance de calcul et de stockage à la demande. Le pari commercial n’est pas encore gagné même si les prévisions les plus sérieuses prédisent un succès marketing dans les prochaines années. Les grosses entreprises mondiales sont déjà descendues sur ce terrain.

Amazon a été une des premières entreprises à proposer par l'intermédiaire de ses outils S3 (Simple Storage Service) et EC2 (Elastic Compute Cloud) du stockage et de la puissance de calcul tirée de son infrastructure informatique pour des clients. Le journal le New York Times est par ailleurs client d'Amazon et utilise le S3 pour ses archives en ligne. Google est le grand champion du cloud computing. L'entreprise a débuté ses activités dans ce domaine avec le projet Google 101, et ce de manière à créer un réseau entre des universités à des fins de recherche. Aujourd'hui, le projet de cloud computing, réalisé en partenariat avec IBM, tend à créer des centres de calculs, appelés clusters, d'une puissance jamais atteinte jusqu'alors. IBM, dans le cadre de son programme Blue Cloud annoncé en novembre 2007, est en train d'ouvrir des centres continentaux de cloud computing (celui pour l'Europe est basé à Dublin en Irlande). Trois centres existent aux Etats-Unis, un autre est également installé en Chine et un second est en préparation.  D'autres devraient prochainement être réalisés au Brésil, en Afrique du Sud, en Inde, dans la péninsule arabique, au Vietnam et en Corée. Il s'agit en fait d'immenses centres de données, que l'on appelle aussi data fields, à destination d'utilisateurs extérieurs à l'entreprise, qui seront facturés sur l'usage des ressources informatiques mises à leur disposition. Et certaines grosses firmes du monde de l'informatique se sont décidées à sauter le pas.

Sun Microsystem vient d'annoncer que d'ici à 2015, l'ensemble des centres de calcul de l'entreprise sera virtualisé chez des tiers dans le cadre d'un cloud.  D'autres acteurs, tels EMC Corporation, acteur des logiciels d'infrastructure, s'engagent dans des stratégies de rachat et de croissance externalisée pour mettre au point des offres de cloud computing. EMC vient par exemple de racheter Pi Corporation, un jeune éditeur de solutions de gestion d'informations personnelles en ligne, basé à Seattle. HP quant à lui propose un service d'impression par le biais de son propre nuage, baptisé CloudPrint. Réputé sérieux dans ses analyses, le cabinet d’études de Stamford (Etats-Unis) spécialisés dans les nouvelles technologies, Gartner a publié tout récemment une intéressante prévision sur le futur développement commercial de ce service. Le cabinet d'études estime que le chiffre d'affaires du marché des plates-formes permettant de créer et d'exploiter des services hébergés devraient atteindre 56,3 milliards de dollars en 2009, en hausse de 21,3% par rapport à l'année précédente (46,4 milliards de dollars). A l'horizon 2013, Gartner parie que le cloud computing pèsera 150 milliards de dollars d'ici 2013."La plus grande proportion du business sera lié à un transfert des services IT traditionnels vers un modèle cloud computing. Mais il existe également un champs d'exploration pour de nouvelles activités autour avec des flux de revenus associés", commente Ben Pring, en qualité de Vice-Président "Etudes" chez Gartner. Ce sont les "business process" (ou des services générateurs de revenus) qui tirent profit du cloud. En 2008, ils ont représenté 83% du marché global (38,9 milliards de dollars). On y retrouve des services de publicité, de commerce électronique, de ressources humaines et de process de paiement. Selon les prévisions de Gartner, la croissance de ce segment cloud au vaste périmètre serait de presque 20% cette année.

"Les services, dont le modèle économique est orienté vers la publicité, resteront la composante la plus large du marché des services conçus en mode cloud jusqu'en 2013", assure le représentant du cabinet d'études. En 2009, la publicité fondée sur le cloud devrait représenter 58% du marché global des services "dans les nuages", soit un business de 33 milliards de dollars tiré par des acteurs mondiaux comme Google, Yahoo ou Microsoft. De quoi refondre le paysage de la publicité en ligne, assure Gartner. Mais le mouvement devrait s'amplifier jusqu'en 2013 au regard des champs des possibles en termes d'exploitation de services IT. "Mais tout dépend dans quelle mesure les principaux groupes d'infogérance et leurs clients vont embrasser le cloud computing." Un comportement qui reste pour l’heure dubitatif si l’on se réfère à certaines études menées auprès d’entreprises encore dubitatives, pour ne pas dire ignorante de la chose.