L’avenir dans les nuages?

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Une récente étude réalisée à la demande de l'hébergeur américain Rackspace, révèle, en effet que « 57 % des entreprises britanniques et américaines risquent de voir les avantages du cloud computing leur échapper pour la simple raison qu’elles ne comprennent pas ce concept, encore souvent mal défini ».Selon Rackspace, de nombreuses entreprises voient le cloud hosting comme des "applications via Internet", environ 14 % l’assimilent à la technologie de virtualisation et 8 % à un système de stockage en ligne. Un tiers des entreprises américaines et 27 % des entreprises britanniques reconnaissent tout simplement ignorer comment utiliser le cloud computing dans leur infrastructure informatique. "Le cloud computing est idéal dans le contexte économique actuel, mais il est essentiel que les entreprises comprennent comment exploiter au mieux cette technologie", explique Lew Moorman, directeur stratégique de Rackspace Hosting. "Rackspace est favorable à l'établissement de directives claires afin d’informer les entreprises sur la manière d’exploiter au mieux cette technologie. Le cloud computing sera au centre de la stratégie des entreprises en 2009. Elle ne se limitera pas uniquement au personnel informatique curieux de connaître ses avantages, mais s’étendra à l’ensemble de l’entreprise."

Pour l’heure subsistent encore certaines craintes nées essentiellement de points faibles. Le principal  risque concerne la gestion des données externalisées. La géolocalisation de ces dernières peut poser des problèmes juridiques comme l’indique Cédric Bravo, MVP virtualisation et co-président du groupe utilisateur sur la virtualisation : « le principe même du Cloud est de faire disparaître les barrières physiques et géographiques. De facto et par son concept même, la localisation physique des données dans le Cloud n'est plus une information pertinente. » D’après lui, le fournisseur du service doit offrir les garanties de contrôle de la localisation des données à l’échelle d’un pays ou d’une zone géopolitique.  Plus grave encore, la perte ou la fuite de données sont des points particulièrement sensibles. Lors de la faille du 10 mars dernier, certains documents stockés sur Google Docs ont été diffusés à leurs contacts sans aucun consentement. L’incident aurait touché 0.5 % de l’ensemble des données. Cédric Bravo se veut néanmoins rassurant : « L'externalisation des données fait peur, même si dans bien des cas, elles sont beaucoup mieux sécurisées dans le Cloud que dans l'entreprise » indique-t-il. « Le principal avantage du "clouding" réside dans le concept d'infrastructure dynamique hautement redondée ». Autrement dit, votre donnée existe en deux, voir, en trois exemplaires disséminés sur plusieurs datacenters. C’est donc aux entreprises clientes d'évaluer l'externalisation de ses données sachant que le risque zéro n'existe pas.

« En pratique » explique Guillaume Ploin « les entreprises n’externalisent jamais l’intégralité de leurs données et gardent avec eux les contenus sensibles. Dans le monde de la banque par exemple, l’externalisation est absolument inenvisageable. » D’autre part, qui dit service sur Internet dit dépendance au réseau. Il est vrai que les entreprises fournissant des SAAS deviennent indispensables à partir du moment où on loue leurs services. Une stratégie risquée lorsque l’on confie des données mais aussi des applications clientes comme c’est le cas pour Windows Azure. Selon Guillaume Plouin, le risque de dépendance est bel et bien avéré mais il ne change pas vraiment la donne «  beaucoup d’entreprises sont dépendantes du réseau. Sans internet, Elles n’auraient quasiment plus d’activité. Le Cloud ne fait qu’accentuer les choses. » Des parades existent cependant pour contrer cette dépendance comme la mise à disposition par certains acteurs du marché, d’API (interface de programmation applicative) qui permettent aux clients de développer des scripts d’extraction de données. Cette dépendance au Cloud Computing pose aussi des questions d’ordre économique. Si les services proposés sont très avantageux, on ne peut pas prévoir comment les prix vont évoluer. « Il y a une guerre des prix qui n’est pas encore terminée » indique Cédric Bravo. Cette surenchère associée à une baisse du prix du matériel profite aux clients. Pour le moment, les seules choses qui n’évoluent pas sont les coûts de maintenance et d’exploitation». 
 
Des normes pour l’interopérabilité ?


En plus de ces risques se pose l’épineuse problématique de l’interopérabilité qui hante les professionnels. Spécialisée dans le stockage des données,  la Storage Networking Industry Association veut convaincre les acteurs du stockage des bienfaits de l’interopérabilité dans le cloud computing.
La volonté de développer l’interopérabilité dans le cloud computing pousse les firmes IT à prendre leur marque. La dernière initiative en date revient à la SNIA (Storage Networking Industry Association), une association qui accompagne les professionnels du monde du stockage.
Au début du mois d’avril, l’organisation composée de 400 membres a mis en place un groupe de travail technique dédié au cloud storage. Autrement dit un pool d’experts chargé de réfléchir aux bonnes pratiques à adopter dans le cadre du "stockage en ligne partagé", selon les termes de la SNIA.
Le groupe aura notamment pour mission "d’identifier, de développer et de coordonner des systèmes et des interfaces standards", en d’autres termes, éviter la multiplication des standards et assurer l’interopérabilité des différents solutions que les différents acteurs du secteur ne manqueront pas de proposer.

Des ratés !

Si la plupart du temps, les entreprises fournissant du Cloud Computing garantissent un usage constant, les faits prouvent qu’elles ne sont pas à l’abri de coupures intempestive. Le 24 février, le service de messagerie de Google Gmail tombait en panne laissant plusieurs millions d’utilisateurs sur le carreau.
Le 10 mars, le service Google docs, qui permet de créer et de partager des documents, a déraillé pendant 2h.  Le 13 mars enfin, c’est la bêta de Windows Azure qui s’est éteinte pendant une journée entière.  Pour sa défense, Google a argué que ses services assurent un taux de disponibilité de 99.9 % de disponibilité. Microsoft de son côté a indiqué que son offre SaaS était encore en cours de rodage. D’après Guillaume Plouin auteur du livre Cloud computing et SAAS, ces pannes sont un risque courant et quasiment inévitable : « en ce qui concerne Azure, le produit est encore en « developers  preview ». Il est donc normal que le service fonctionne mal. Pour Google, l’interruption de Gmail et de Google Docs a effectivement été handicapante mais ce genre de problèmes existe aussi pour les services internes des entreprises. Pour l’instant il n’est pas prouvé que le Cloud Computing ait une moins bonne disponibilité que ce qui se fait en interne».

Source: El Moudjahid