Le high-tech "made in Algeria" fait-il vendre ?

Numéro dossier: 88

Index de l'article

 

ENIE, sous le signe du renouveau

Les téléviseurs algériens de marque ENIE ont connu leur gloire par le passé. Si aujourd’hui l’entreprise semble revoir toute sa politique de production et de communication pour reconquérir la confiance du consommateur algérien, il n’en demeure pas moins qu’elle préserve ses fidèles clients. « J’ai toujours acheté des téléviseurs made in Algérie et la marque ENIE ne m’a jamais déçue pour être franche avec vous. J’ai un téléviseur qui fonctionne toujours après 28 ans d’usage », témoigne Dalila, 56 ans.

Pour reconquérir sa clientèle, ENIE, l’entreprise nationale d’industrie électronique qui est en perte de vitesse depuis 1990, envisage d’augmenter sa part de marché de 16% à 21% à l’horizon 2015. Il faut dire que plusieurs consommateurs reconnaissent la qualité des produits de cette entreprise algérienne et ce, depuis sa création en 1982. Pour retrouver sa place sur le marché algérien, ENIE a lancé depuis 2009 plusieurs chantiers en cours. Elle a, par ailleurs, investi d’autres créneaux dont celui de la fabrication des panneaux photovoltaïques.


L’obstacle psychologique

Derrière la réticence que manifestent plusieurs algériens vis-à-vis de la consommation des produits IT nationaux se trouve l’obstacle psychologique. Par ce terme, nous entendons l’idée négative qu’ont certains consommateurs du manque de qualité du label « made in bladi ». Cela représente l’obstacle majeur qui empêche une grande partie des consommateurs de faire confiance aux produits 100% algériens. Certains restent sceptiques face à toute production nationale quel que soit le marché concerné.

Qu’il s’agisse d’équipements montés ou de produits high-tech réalisés en Algérie. Malheureusement, cette idée négative qu’ont ces consommateurs n’est pas infondée et représente un véritable handicap dans la promotion de la production nationale en dépit de la qualité de plusieurs produits made in Algérie. Il faut dire que les entreprises spécialisées dans le domaine très pointu des nouvelles technologies ont encore un long chemin à parcourir pour parvenir à convaincre les consommateurs algériens de la qualité de ces produits.

Face à la rude concurrence, les entreprises algériennes, notamment celles qui se spécialisent dans le domaine des nouvelles technologies, doivent sérieusement mener un lourd travail de communication aussi bien sur le plan de la communication autour du savoir-faire algérien que sur le plan de la production afin de fournir des produits acceptables pour les Algériens.

Mais que pensent réellement les Algériens des produits IT locaux ? Certains préfèrent se tourner vers les produits étrangers, jugés de meilleure qualité en dépit d’un rapport qualité-prix très élevé. D’autres optent pour les produits locaux, made in Algeria. Selon un sondage réalisé par N’TIC Magazine en 2011, sur cent personnes interrogées, 57 disent opter pour les produits électroniques montés en Algérie. Une bonne partie d’entre eux le ferait pour « encourager la production nationale ». Pour connaître les différents avis des algériens sur les produits IT 100% confectionnés en Algérie, nous avons interrogé quelques lecteurs.


Pour Samir, père de famille âgé 45 ans, il est important de consommer algérien pour participer à la promotion de l’industrie nationale. « Nous avons des produits locaux qui ne sont peut-être pas à la hauteur de ceux importés de l’étranger, mais il n’en demeure pas moins que nos produits ne sont pas de mauvaise qualité. Personnellement, je n’achète depuis 20 ans que des produits ENIE, ENIEM et Condor et je ne me suis jamais plaints », nous a-t-il déclaré.

De son côté, Nadir qui vient tout récemment d’acheter le dernier smartphone Condor affirme qu’il est absolument surpris par la qualité de ce produit IT 100% algérien. « Je ne vous cache pas que j’étais à la recherche d’un produit dont le rapport qualité-prix était intéressant. Des amis à moi m’ont conseillé le smartphone Condor. J’ai au début hésité un peu de peur de m’embarquer dans une mauvaise affaire, mais voilà, cela fait 5 mois que je l’ai et je suis très satisfait de sa qualité et de son prix bien entendu. Je pense que nous avons plusieurs préjugés sur la production nationale qu’il est temps de chasser pour pouvoir enfin contribuer à la promotion de notre production nationale », a déclaré ce trentenaire célibataire.

Pour sa part, Ahmed, père de famille, la cinquantaine passée, s’est déclaré satisfait du retour du crédit à la consommation qui ne concerne que la production locale. « Je suis un vétéran des produits nationaux. Je n’accepte aucun produit qui ne porte pas la marque DZ dans ma maison et pour vous dire vrai, à ce jour, je n’ai pas encore été déçu par la production de mon pays. J’incite même mes enfants à aimer la production de leur pays pour contribuer à son économie. Je suis, par ailleurs, satisfait du retour du crédit à la consommation qui ne concerne que les produits locaux », conclut-il.

Après les smartphones très réussis de la marque Condor, c’est au tour des tablettes de susciter la satisfaction de plusieurs adeptes des produits nationaux. A ce propos, Kenza, femme au foyer de 24 ans, ne cache pas sa satisfaction et son contentement quant à son dernier investissement : l’achat d’une tablette Condor au prix concurrentiel de 12 000 dinars. « Mon petit Yanis est très content d’apprendre et de jouer avec cette tablette très sophistiquée qui présente de grandes qualités. Je ne vous cache pas que je ne pouvais pas me permettre d’acheter une tablette onéreuse, j’ai alors opté pour une tablette créée par une entreprise algérienne et qui présentait un rapport qualité-prix très séduisant », nous a-t-elle confié.

De son côté, Dalila, 32 ans et fonctionnaire, estime que la qualité du produit ne peut s’améliorer sans l’intensification et la diversification de la production. « Je suis contente du dernier téléviseur plasma Condor que je viens d’acheter. Un 32 pouces au prix concurrentiel de 24 000 dinars, c’est une très bonne affaire », a-t-elle déclaré.  

Si les adeptes des produits IT nationaux sont nombreux, il n’en demeure pas moins que pour une catégorie d’algériens, ces produits ne sont pas encore à la hauteur de concurrencer les articles de marques étrangères. En dépit du prix élevé de ces derniers, certains affirment que la qualité n’a pas de prix. Dans ce sens, Nadia avoue qu’elle ne fait pas confiance aux produits DZ. « La technologie DZ n’est pas très à la hauteur des espérances du consommateur algérien très exigeant sur la qualité. Je pense que nous avons encore du chemin à parcourir avant de parvenir à concurrencer les autres marques étrangères », soutient-elle.


Entre partisans et réservés, les consommateurs algériens ne sont donc pas unanimes sur la consommation des produits IT made in Algeria. La faute incombe-t-elle aux mentalités qui n’arrivent pas encore à se libérer des préjugés et des idées préconçues sur la qualité de la production nationale ou au manque de production 100% algérienne capable de défier toute concurrence ?