Services GPS : un marché sur la bonne voie

Numéro dossier: 0

Index de l'article



Les services GPS, dont la présence passait presque inaperçue il y a quelques années, se sont bel et bien installés en Algérie pour devenir un véritable marché. Un marché prometteur certes, mais qui subit encore de nombreux blocages. Même si l’équilibre semble presque parfait entre l’offre et la demande, le marché des services GPS trouvent encore des difficultés à trouver sa voie. Cette activité toute neuve fait face, il faut le dire, à des problèmes très classiques. Les opérateurs de ce domaine pointent du doigt les procédures bureaucratiques handicapantes et exigent l’adoption d’une loi plus souple leur permettant d’exercer leur métier dans des conditions plus favorables.



De manière générale, le marché du GPS comprend deux segments. Il s’agit de la géolocalisation et de la navigation par GPS. La géolocalisation, définie sommairement comme étant une technologie permettant d’identifier l’emplacement de véhicules appartenant à une entreprise ou à un particulier, n’est pas si récente que cela en Algérie. Depuis quelques années, un certain nombre d’entreprises a franchi le pas en introduisant ce service en Algérie sans aucune certitude sur sa rentabilité. En dépit des difficultés administratives, une quarantaine d’entreprises a pu obtenir des autorisations pour exercer ce nouveau métier.

Aujourd’hui, la situation de cette branche du marché semble s’améliorer essentiellement en raison de l’augmentation de la demande motivée par la baisse des prix en comparaison avec les toutes premières années. Même s’ils ne nient pas que la géolocalisation se développe en Algérie, les entreprises fournissant ces services estiment, toutefois, que les pouvoirs publics doivent faire plus d’efforts pour donner la possibilité aux opérateurs de travailler dans de meilleures conditions. De son côté, la navigation par GPS reste beaucoup moins bien lotie que les services de géolocalisation. La navigation par GPS qui permet aux usagers de connaître leur itinéraire aussi bien que l’emplacement d’établissements susceptibles de les intéresser reste source de frustration pour les professionnels du domaine.

La navigation par GPS, dont le potentiel commercial est tout simplement énorme, n’est aujourd’hui accessible qu’aux entreprises ayant fait l’objet d’une enquête prolongée. Les particuliers, quant à eux, sont tout simplement exclus. Les fournisseurs de ce service demandent justement à ce que cette technologie soit accessible au grand public. « Certaines entreprises qui investissent dans ce domaine en attendant son ouverture aux particuliers sont au bord de la faillite. C’est d’autant plus navrant que tout porte à croire que la demande sera extrêmement forte sur la navigation GPS étant donné que ses tarifs ne seront pas très différents de ceux des communications téléphoniques », déplore un opérateur. Il semblerait, cependant, que le tableau ne soit pas si sombre que cela. Après de trop longues années d’attente, un espoir pointe à l’horizon.

Du côté du Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication, les derniers échos semblent, depuis peu, très favorables. « Des actions seront entreprises pour permettre aux professionnels du secteur du GPS de travailler dans de bonnes conditions. De même que nous comptons ouvrir le marché de la navigation par GPS aux particuliers avant la fin de l’année en cours ». C’est globalement ce qu’a déclaré le Ministre des télécoms lors du séminaire sur la géolocalisation, tenu le 26 juin dernier. Deux affirmations qui ont donné espoir aux entreprises spécialisées dans le domaine des services GPS. « Les entreprises qui ont beaucoup perdu durant ces dernières années reprennent courage puisque ce que nous espérions arrive enfin. Le Ministère est désormais décidé à nous aider », indique un professionnel du secteur. « Il est indéniable que la vulgarisation de ce type de technologies à destination du grand public apportera des retombées positives sur l’économie nationale, et notre département ministériel, s’inscrivant dans la politique gouvernementale, a la charge de mettre en oeuvre les mécanismes nécessaires devant concourir à ce développement », a également affirmé le Ministre.

Il faut dire que la volonté des pouvoirs publics à améliorer les choses, même si elle est déterminante, n’est pas le seul élément en faveur du développement du marché des services GPS. Ce marché semble entrer lentement mais sûrement dans une bien meilleure phase que celle dans laquelle il est encore aujourd’hui. Après une période de relative stagnation, la demande sur les services GPS a connu une certaine augmentation. Les entreprises qui ne semblaient pas vraiment croire en l’utilité de cette technologie sont aujourd’hui plus intéressées que jamais. La baisse des tarifs générée par la concurrence a encouragé les clients à franchir le pas. D’autre part, les professionnels s’attendent à ce que ce marché connaisse un véritable bond en avant avec l’ouverture du segment de la navigation GPS au grand public. Le service de navigation par GPS, aussi lucratif qu’il puisse être, exige cependant, en amont, un travail de longue haleine. Il s’agit pour les entreprises fournissant ce service de mettre au point une cartographie détaillée sur les villes, les rues et ruelles du pays.

Un défi que beaucoup d’opérateurs semblent prêts à relever. Certaines entreprises ont même commencé à mettre au point leurs propres cartographies. De manière générale, le marché des services GPS semble franchir les mêmes étapes que les autres marchés ayant un lien avec les nouvelles technologies. Confronté, à ses débuts, à une certaine résistance à la fois de la part des consommateurs potentiels et des pouvoirs publics, ce marché paraît sortir peu à peu de la zone de turbulence.    (suite p.2)





Les services GPS, une nécessité


D’après les professionnels du secteur des services GPS, l’Algérie est un pays qui doit absolument se doter de solutions de navigation par GPS destinées au grand public tout en rendant les services de géolocalisaton plus accessibles aux usagers. Pour les défenseurs de cette thèse, la superficie du territoire algérien est à elle seule un argument suffisant pour pousser les autorités à ouvrir les services de navigation GPS au grand public. Les participants au dernier séminaire sur la géolocalisation ont, d’autre part, attiré l’attention sur le fait que le problème des noms de rues se posaient avec acuité depuis quelques années dans différentes villes du pays. « Il est aujourd’hui très difficile de retrouver des rues et ruelles dans les villes algériennes. Une raison de plus pour mettre au point des cartographies détaillées au profit des utilisateurs », estime l’un d’eux.


La navigation par GPS accessible aux particuliers avant la fin de l’année


« Les services de navigation GPS devraient être accessibles aux particuliers avant la fin de l’année en cours ». Cette déclaration a été faite par M. Moussa Benhamadi, Ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication. Le Ministre, qui s’exprimait lors du séminaire sur la géolocalisation tenu le 26 juin dernier au Cyberparc de Sidi Abdellah, a affirmé la volonté de son administration de mettre en place les meilleures conditions possibles pour permettre aux algériens de bénéficier de cette technologie.

Le séminaire a d’ailleurs été une opportunité pour les entreprises spécialisées dans le domaine de la géolocalisation et de la navigation par GPS de faire part de leurs principales préoccupations. Ces professionnels, qui ont eu l’opportunité de dialoguer directement avec le Ministre, ont exprimé leur souhait d’être soumis à une législation plus souple afin de permettre aux services GPS de se généraliser. Les animateurs de la rencontre se sont accordés pour dire que les compétences existent en Algérie et que les opérateurs n’attendent actuellement qu’une ouverture leur permettant de proposer cette technologie dans les meilleures conditions possibles.

Nous n’avons pas de problème de compétence, nous avons les moyens technique et humain. Il faut, à présent, qu’il y ait des applications pour le citoyen”, a précisé le Ministre qui considére la coopération du secteur public et privé dans ce domaine comme très importante. Il est utile de faire la distinction entre la géolocalisation, qui concerne l’identification des endroits où se trouvent des véhicules par exemple, et la navigation par GPS qui, elle, est destinée aux automobilistes à la recherche d’informations en rapport avec les itinéraires à parcourir. C’est précisément ce dernier service qui pose actuellement problème. Certaines entreprises disent avoir mis au point des cartographies décrivant les villes algériennes et n’attendent que le feu vert des autorités pour faire profiter les algériens des services de navigation par GPS.


Services GPS : les professionnels demandent la révision des textes de loi


Les représentants des entreprises spécialisées dans les services GPS, réunis à l’occasion du séminaire sur la géolocalisation tenu le 26 juin dernier, ont clairement exprimé leur point de vue face au Ministre en charge du secteur des TIC. La législation régissant ce secteur semble poser un sérieux problème selon les professionnels qui souhaitent que cette question soit prise en charge sérieusement et dans des délais raisonnables. « Si l’on souhaite généraliser les services GPS en Algérie, il faut d’abord revoir les textes de loi en rapport avec ce métier », estiment les participants au séminaire. Globalement, les entreprises spécialisées dans les services GPS se plaignent du fait que les textes de lois actuels les obligent à passer par des dédales administratifs « interminables » avant de pouvoir obtenir l’autorisation leur permettant d’exercer leur métier.

Pour la navigation par GPS, les choses semblent plus compliquées qu’en ce qui concerne la géolocalisation. Le service de navigation par GPS n’est autorisé actuellement qu’aux entreprises. Celles-ci sont supposées obtenir une autorisation après une enquête plus ou moins prolongée. Les professionnels du GPS souhaitent que les procédures précédant l’obtention de cette autorisation soient moins contraignantes. Ils espèrent également que le service de navigation par GPS soit élargi au grand public. Les particuliers, notons-le, pourraient représenter un marché très intéressant pour les prestataires de services GPS qui ont manifestement beaucoup investi en attendant une réelle ouverture de ce marché. La situation de ces prestataires de services semble pour l’heure assez difficile. Le marché dans lequel ils se sont lancés est potentiellement très intéressant mais reste encore fermé.

« Certaines entreprises spécialisées dans le domaine du GPS risquent de mettre la clé sous le paillasson si la situation ne s’améliore pas », dira un intervenant en s’adressant au Ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication. De son côté, ce dernier a assuré que ce dossier est pris très au sérieux au niveau de son administration afin d’assouplir les procédures et de permettre aux particuliers de tirer profit de la technologie GPS. Il y a lieu de signaler, par ailleurs, qu’une quarantaine d’entreprises dispose aujourd’hui d’autorisations leur permettant de fournir des services de géolocalisation. Celles qui s’intéressent à la navigation par GPS sont moins nombreuses.   (suite p.3)



Entretien avec M. Amar Teraï, Directeur Général de Garmin Algérie


« Nous avons une cartographie qui englobe tout le territoire »


Quelle est la situation de la navigation par GPS en Algérie ?

Il est important, tout d’abord, de faire la distinction entre la géolocalisation et la navigation par GPS. De manière générale, la géolocalisation permet d’identifier l’emplacement d’un véhicule alors que la navigation par GPS concerne les routes et les itinéraires à emprunter. La société Garmin est essentiellement spécialisée dans le domaine de la navigation par GPS. Aujourd’hui, nous avons une cartographie établie par des algériens, ce qui veut dire que nous pouvons faire bénéficier nos concitoyens des services de navigation par GPS. La seule chose à faire en réalité est d’améliorer le cadre juridique pour permettre l’exploitation de cette technologie dans les meilleures conditions. De notre côté, nous sommes prêts à commercialiser ce service qui ne coûtera pas plus que les services de téléphonie mobile. Aujourd’hui, la navigation par GPS n’est pas autorisée aux particuliers mais elle l’est seulement pour les entreprises. Celles-ci doivent obtenir une autorisation de deux ministères, une procédure qui dure en moyenne six mois. Nous souhaitons que les services de navigation par GPS soient ouverts aux particuliers et que les procédures administratives précédant l’obtention d’une autorisation soient allégées.

Vous avez rencontré le Ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication à l’occasion du séminaire sur la géolocalisation. Quels sont les échos que vous avez eus de sa part ?

En réalité, j’ai été positivement étonné par les propos du Ministre. Lors du séminaire, je me suis aperçu qu’il était très ouvert quant aux préoccupations des entreprises spécialisées dans le domaine des services GPS. Le Ministre semblait au courant de nos préoccupations avant même que nous les ayons clairement formulées. Je pense même qu’un travail est en train de se faire au niveau du Ministère en ce qui concerne notre métier.

Pouvez-vous nous donner quelques détails par rapport à la cartographie que vous avez établie ?

La cartographie que nous avons mis au point englobe l’ensemble du territoire national. Elle couvre les communes, les wilayas et les chemins de wilayas. Elle comprend aussi un focus sur les grandes villes du Nord où on peut y identifier ce qu’on appelle les points d’intérêt tels que les banques, les mosquées, les hôpitaux et autres. La société Garmin Algérie est la seule à proposer une telle cartographie. Actuellement, nous sommes les seuls à pouvoir fournir les services de navigation GPS en Algérie.

Comment voyez-vous les choses à l’avenir dans le domaine des services GPS en Algérie ?

Je suis persuadé que les choses vont dans le bon sens. Il y a une réelle volonté de changer les choses du côté du Ministre de la Poste et des TIC. Je pense même que les changements surviendront à très court terme.


Selon M. Yacine Djidel de la société I2B,

« La demande sur les services GPS est en hausse »


« La demande sur les services de géolocalisation est de plus en plus importante en Algérie », a affirmé dernièrement M.Yacine Djidel, responsable chez I2B, entreprise spécialisée dans le domaine des services GPS.

Le même responsable notera que les demandeurs des services de géolocalisation sont essentiellement des entreprises et, à moindre degré, des particuliers. « Beaucoup d’entreprises éprouvent aujourd’hui le besoin de disposer d’un outil leur permettant d’identifier les endroits dans lesquels se trouvent leurs véhicules à un moment ou un autre, ce qui explique l’intérêt grandissant pour les services de géolocalisation », dira en substance M. Djidel. Les prix relativement accessibles auxquels sont proposés ces services sont, il faut le dire, pour beaucoup dans le développement de la demande. « La concurrence dans le domaine du GPS a permis de proposer ces services à des prix accessibles aux entreprises intéressées », explique notre interlocuteur. Pas moins de quarante entreprises disposent aujourd’hui d’autorisation leur permettant de fournir des services de géolocalisation. Un nombre appelé vraisemblablement à augmenter eu égard aux dernières promesses émises par le Ministère de la Poste et des TIC. Le Ministre en charge du secteur des télécoms s’est engagé, rappelons-le, à faire le nécessaire pour permettre aux entreprises versées dans ce domaine de travailler dans les meilleures conditions possibles. Il est d’ailleurs allé plus loin, lors du dernier séminaire sur la géolocalisation, en exprimant sa volonté de rendre les services de navigation par GPS accessibles aux particuliers avant la fin de l’année en cours.

Sur un autre plan, le représentant de l’entreprise I2B fera remarquer qu’il y a encore un travail à faire du côté des fournisseurs de solutions GPS pour assurer des services de qualité. « En ce qui concerne la géolocalisation, nous travaillons principalement sur la base de cinq cartes dont la célèbre Google Earth. Ces cartes sont utiles mais elles n’identifient pas avec précision les noms des ruelles. Au niveau de notre entreprise, nous déployons des efforts afin de surpasser ce problème et les choses avancent assez bien ». L’entreprise I2B existe depuis 2001. D’abord spécialisée dans les appels d’offres, elle a commencé à s’intéresser aux services de géolocalisation à partir de 2006.


Le GPS au Maghreb : une bonne longueur d’avance pour la Tunisie et le Maroc


La Tunisie comme le Maroc ont déjà une bonne longueur d’avance dans le domaine des services GPS. Cette technologien faisant aujourd’hui partie du quotidien dans ces deux pays, est désormais indispensable aussi bien pour les locaux que pour les touristes. C’est précisément le fait que la Tunisie et le Maroc soient deux grands pays touristiques qui a favorisé l’introduction du GPS. La Tunisie, où les services de géolocalisation et de navigation par GPS ont fait d’abord une timide apparition vers la fin de l’année 2006 (notamment dans le sud du pays), offre aujourd’hui des services couvrant l’ensemble du territoire. C’est à partir de l’année 2008 que l’opérateur de téléphonie mobile Tunisana a commencé à fournir les services GPS à ses clients, en grande partie des touristes. A partir de 2010, Tunisiana propose aux usagers un système de navigation routière par GPS, Weenee en l’occurrence, couvrant la totalité du territoire tunisien et disponible en plusieurs langues (arabe tunisien, arabe classique, allemand, anglais, espagnol, français, italien, portugais, etc). A côté de Tunisiana, l’opérateur Tunisie Télécom propose également des services GPS couvrant la totalité du pays.

Les services GPS au Maroc ont suivi pratiquement la même évolution. Egalement introduits officiellement depuis 2008, ces services couvrent l’ensemble du pays. Dans ce pays, le choix semble assez large. Les utilisateurs peuvent exploiter plusieurs cartographies couvrant tout le pays. Cartes GPS Garmin, GPS TomTom, Android+Win Mob+Symbian sont autant de cartes actuellement mises à la disposition du public. La Tunisie et le Maroc, qui ont déployé de grands efforts pour assurer les services GPS à leurs clients, ont rencontré les inévitables obstacles inhérents à cette technologie. Il s’agit essentiellement de la mise en place de cartographies détaillées couvrant les différentes régions de chacun de ces deux pays et mettant en exergue les points d’intérêt susceptibles de faire l’objet de recherches de la part des utilisateurs. De leur côté, les algériens qui en sont encore à espérer l’ouverture de ce marché pourraient tirer de précieux enseignements des expériences de leurs voisins immédiats. Même si la navigation GPS n’est pas encore ouverte au grand public en Algérie, certaines entreprises ont déjà commencé à mettre au point leurs propres cartographies en prévision de l’ouverture officielle de ce marché. La navigation par GPS est, rappelons-le, seulement disponible pour les entreprises.

N'TIC 57 (Juillet 2011) / AHMED GASMIA