INTERNET : Nouveau retard ou chance pour l'Algérie ?

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Les tuyaux et le challenge du contenu


Il y a lieu de signaler que les sites web algériens sont à la recherche de contenu. Un constat mis en évidence à maintes reprises par l’Association Algérienne des Fournisseurs de Services Internet (AAFSI). Les algériens ne peuvent plus continuer à se contenter de consulter le contenu des sites étrangers. Dans une première étape, cela reste excusable mais à moyen terme, cela devient inadmissible. Jusqu’à présent, le contenu rédactionnel dans les sites algériens reste sans réel intérêt. Les sites bancaires, surtout ceux des banques publiques par exemple, ont plus de souci pour mettre en ligne le mot et la photo du Directeur Général et un résumé de leur santé financière, que de permettre aux internautes de consulter leurs comptes on line ou d’avoir des simulations pour un éventuel emprunt. Les sites des institutions officielles du gouvernement ne consacrent pas un espace pour les « news », comme s'il n'y avait rien à signaler dans la vie politique ! Et quand la rubrique existe, elle reprend des informations qui sont périmées. Attirer le visiteur sur votre site est une prouesse, le faire revenir est assurément la plus belle des performances. Il faut clairement en finir avec les sites statiques qui datent de la préhistoire de l’informatique et aller vers des sites dynamiques et interactifs. Notre retard est dû à ce vide qu’il faut absolument combler : le temps des réformettes est dépassé. Il nous faut avancer vers du concret. En Algérie, nous n’avons pas de services en ligne pour exiger une connexion d’un méga ou plus. Ceci étant, nous devrons absolument migrer vers des réseaux de transmissions pouvant offrir des débits très importants, anticipant ainsi sur la demande des usagers. Bachir Halimi, chercheur algérien dans le domaine des NTIC installé au Canada depuis 1980, a affirmé : « Aujourd’hui, l’Internet a enregistré quelques projets comme celui d’Ousratic. A mon avis, il s’agit d’initiatives timides. Il faut encore dans ce domaine s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, en particulier au Canada et au Québec où les mesures prises par le gouvernement et qui ont été développées comme l’utilisation de l’Internet et la disponibilité des PC chez les citoyens sont beaucoup plus agressives que le projet Ousratic en Algérie ».

Pour Mebarek Boukaaba, Président de Touiza Télécom, « le recours massif à l’ADSL2+ sera le moyen le plus adapté pour résorber rapidement et à moindre coût le déficit en connexion à haut débit et permettre un taux de pénétration significatif de l’Internet en Algérie pour les usages économiques, sociaux et culturels ». Mohamed Hamzaoui, PDG de Seri (société de développement de solutions informatiques), a déclaré lors d’une journée d’étude sur le haut débit que « le haut débit en informatique devient aussi vital que l’eau dans les robinets. Comme lui, il est structurant sur le plan économique et devient un enjeu majeur ». Au-delà des déclarations des uns et des autres, il reste en Algérie un épineux  problème à régler : la bureaucratie et la résistance au changement. Nous vivons une époque où il s’agit de déplacer l’information de son point de production vers l’endroit où elle sera consommée par une personne ou un dispositif électronique. Aujourd’hui, chacun d’entre nous est habitué à utiliser un téléphone fixe ou cellulaire, un téléviseur ou un ordinateur. La masse de données accessibles en ligne ne cesse de croître. Un utilisateur devient un producteur/consommateur potentiel d’information, naviguant dans le réseau pour rechercher des données particulières qu’il désire obtenir rapidement. Face à cette révolution planétaire, nous sommes en droit de nous interroger sur la place de l’Algérie et sur ses ambitions.

Resterons-nous des consommateurs passifs d’informations qui nous viennent d’ailleurs ou bien aurions-nous la volonté de jouer un rôle plus valorisant en accédant à la société de l’information et du savoir ? De la réponse à cette question dépendra l’avenir technologique de l‘Algérie, voire l'avenir du pays tout court.


ASSEMBLEE GENERALE DE L'AAFSI

Des chiffres et des constats


L’Association Algérienne des Fournisseurs de Services Internet (AAFSI) a organisé récemment à Alger son Assemblée Générale Ordinaire avec le renouvellement de son bureau.


Après une année riche en événements pour les technologies de l’information et de la communication et dans laquelle elle a été impliquée, l'AAFSI a décidé de faire une halte pour lancer une réflexion sur les enjeux et les défis d'un secteur qui a besoin d'idées et surtout d'actions concrètes pour être à la hauteur des ambitions placées sur lui.
Younès Grar, conseiller et représentant du Ministre de la Poste et des TIC, M. Hamid Bessalah, a abordé un sujet d'actualité : "E-Algérie 2013’’. Il s'agit d'un plan qui s'articule autour de plusieurs axes majeurs dont l'accélération de l’usage des TIC dans l’administration publique et au niveau des entreprises, et le développement des mécanismes et des mesures incitatives permettant l’accès des ménages et des très petites entreprises aux équipements et aux réseaux des TIC. Dans ce cadre, le réseau de télécommunication à haut et très haut débit devra être en mesure d’offrir les capacités nécessaires sur tout le territoire national avec une qualité et une sécurité aux normes internationales. Ce réseau représente la plate forme sur laquelle repose l’ensemble des actions visant la mise en ligne de services aux citoyens, aux entreprises et aux administrations. Un certain nombre d'incitations peuvent favoriser l'entreprenariat en matière de production de contenus locaux, un domaine moteur de l’innovation et pourtant marqué par des insuffisances.

Moussa Benhammadi, PDG d’Algérie Télécom, a voulu plutôt rassurer les fournisseurs de service Internet en leur faisant passer un message clair comme de l'eau de roche : Algérie Télécom veut fédérer et les aider à se développer sur un marché qui est loin d'être saturé. En tout cas, il n'y a pas d'autre choix que de se souder l’un à l’autre pour relever les défis qui se présenteront à notre pays. Par cette mise au point, il a souhaité en fait dissiper la crise de confiance qui a longtemps existé entre l'opérateur public et les providers. Chacun accusait l'autre de ne pas jouer franc jeu et qu'Algérie Télécom pratiquait des prix très élevés profitant d'un monopole imposé. Mebarek Boukaba, PDG de Touiza Télécom, un Groupement d'Intérêts Communs créé le 10 mars 2008 avec 11 membres fondateurs, veut apporter sa pierre à l'édifice. Il a fourni des données de base qui sont loin de nous propulser dans la dimension du "village planétaire" : 45 000 kms de fibre optique, équipements d'abonnés de 5.1 millions, 960 APC rattachées à la fibre optique (60%), 3 millions d'abonnés au téléphone fixe, 4 425 taxiphones et 3 500 000 utilisateurs d'Internet avec 4 046 cybercafés. Les conclusions d’une étude faite auprès de 1 000 foyers démontrent que 200% possèdent la télévision, qui est utilisée 16 heures à 20 heures par jour, alors que le PC est utilisé 2 heures à 3 heures par jour. Moins de 10% possèdent un PC et moins de 4% sont connectés. Au-delà de toutes ces données, que faut-il retenir ?

Au moins deux choses : l'Algérie est loin de vaincre la fracture numérique au niveau national, et la volonté politique (affichée certes en toute circonstance) doit aller plus loin, c'est-à-dire passer du discours à la réalité. Les fournisseurs de services Internet ont conscience que beaucoup de travail reste à faire. Il espère que le Ministère de la Poste et des Technologies de l'Information et de la Communication puisse les associer dans la concrétisation des projets ou du moins prendre en considération leurs remarques. Lors de cette assemblée générale, ils ont réaffirmé leur disponibilité. En ces temps de crise financière et économique, les TIC peuvent être une chance à saisir.


Par Samia ADDAR KAMECHE