Culture(s) au numérique…

Internet véhicule dans l’imaginaire collectif la promesse d’un contenu culturel infini, une synthèse numérique de toutes les bibliothèques du monde. Il est politiquement correct de prétendre s’intéresser à la Culture quand on nous questionne sur l’intérêt de la Toile... Toutefois, force est de constater qu’il était compliqué de rester politiquement correct sur ce sujet quand il s’agissait du Web algérien. Il n’y a pas si longtemps, les quelques internautes naviguant dans la plus grande bibliothèque du monde déchantaient rapidement, leur faim de contenu culturel made in bladi demeurant insatisfaite. Pour ceux-là, le fantôme de lekra3.com hante toujours le Web culturel algérien, éminent exemple de buzz vif et passager. Pour ceux-là, seul le fringant kherdja.com tient la dragée haute devant le néant.

En tapant « culture » et « algérie » sur un moteur de recherche, (outre le site officiel du ministère de la culture) on tombait uniquement sur un blog ayant publié 7 articles en 17 mois, alger-culture.com, qui a au moins le mérite d’exister, ainsi que culturedjazair.org dont la dernière mise à jour remonte à l’année 2009… Il apparaît évident alors que la place est libre pour tout aventurier du webmanagement qui désire faire du segment « culture » son cheval de bataille. Aujourd’hui, des noms de domaines au parfum du pays commencent à foisonner sur ce segment. Nous allons à la découverte de quelques-uns d’entre eux, ne prétendant nullement être exhaustifs.


Kherdja.com

Incontournable, kherdja.com est un portail culturel dont l’agenda des sorties et événements s’est bâti une solide réputation. L’idée à son origine est toute simple. Dans un contexte où les médias font généralement les comptes rendus des événements culturels, kherdja.com répond à un besoin élémentaire : faire connaître au public les lieux et dates des sorties à l’avance. Ne se contentant pas de diffuser les annonces, kherdja.com est surtout un guide répertoriant l’essentiel des établissements de la capitale (ainsi que certains lieux à Oran), et enrichi par les avis des lecteurs concernant lesdits établissements. Il est à ce jour le meilleur espace pour se faire un avis sur le contenu de l’assiette de tel restaurant, ou sur la qualité des prestations de tel hôtel, à travers le contenu participatif créé par les visiteurs du site (kherdja.com ne note pas lui-même les établissements).

Kherdja est aussi un nom que l’on connait à travers son organisation d’événements, il compte en effet à son actif deux fêtes de la musique. Bien que son ancienneté soit une force, kherdja.com ne se repose pas sur ses lauriers et dans les coulisses, une nouvelle version du site, dopée de technologies plus récentes, promet un rendu graphique, une ergonomie, et un contenu plus aboutis encore. Kherdja.com demeure en tout cas un phare salvateur pour qui navigue sur le Web à la recherche de lieux de sortie.

Babeddart.com

Une des belles surprises de la fin d’année. Lancé le 13 novembre dernier, ce portail culturel bénéficie d’un capital sympathie et d’un potentiel indéniables. Babeddart.com naît d’une initiative estudiantine qui a su mûrir et s’entourer d’une équipe volontaire et efficace (un CMS spécialement conçu pour le site, un groupe de rédacteurs bénévoles hyper motivés qui entourent Yassine Balhi, le webmaster…). La force de babeddart.com réside dans la proximité qu’il crée avec le lectorat algérien, dans ses rédacteurs déployés sur le terrain qui récupèrent l’information à l’ancienne et produisent leur propre contenu, dans ses photographes formés qui produisent leurs propres visuels, ce qui est d’une rareté absolue. Le site n’en est qu’à 30% de son développement selon son webmaster et un ensemble d’optimisations et de nouvelles fonctionnalités viendront l’enrichir.

Babeddart.com peut aussi compter sur un ensemble d’intervenants et de partenaires issus du milieu culturel algérien: artistes, professeurs d’université, écrivains, caricaturiste, réalisateurs,etc. Le streaming (vidéos en ligne) déjà présent sur le site promet aussi de prendre de l’ampleur, ainsi qu’une galerie d’art en ligne et autres joyeusetés qui s’apprêtent à rejoindre le site. Babeddart n’en est certes qu’à la phase de lancement, mais sa présence forte sur le terrain présage du meilleur en ce qui le concerne.

Vinyculture.com

Tout geek algérien qui se respecte se doit de connaitre jam-mag.com. Ce webzine spécialisé en culture geek, nouvelles technologies et business est d’une qualité irréprochable derrière laquelle on devine le travail de Meziane Djaout, de Yasmine Bouchène et de leur équipe. Le Jam étant axé hightech, cette même équipe met sur pieds vinyculture.com : « Viny est venu pour prendre le coté culture de Jam, celui-ci devenant de plus en plus geek. Il aurait été dommage de se passer de la culture, un domaine que nous adorons, raison pour laquelle nous avons créé Vinyculture, un webmagazine francophone qui couvre tous les domaines de la culture et des arts ».

La particularité du site est qu’il ne se limite pas au contenu culturel local. Vinyculture.com fait dans l’universalité, l’intérêt de l’internaute s’orientant aussi vers ce contenu. Graphiquement très réussi, il est aussi alimenté par une équipe de jeunes gens aux talents multiples. Un webzine au caractère facilement identifiable qui apporte une diversité. Bienvenue dans le segment culurel de notre web made in bladi.

Le petit dernier pour la route: Beez Magazine

Beezmag.blog.com, comme le nom de domaine le laisse présager, est un blog aux allures de site que l’on doit encore une fois aux travaux d’étudiants. Première particularité, il est entièrement en anglais, chose qui s’explique quand on sait qu’on le doit au « English Department of Bouzareah». On y retrouve notamment la version électronique du mensuel papier du même nom. Il est un relais aux activités du Hobos Club (le club d’anglais), on y retrouve poésie, histoire, analyses littéraires, nouvelles et récits… etc. Un magazine qui témoigne aussi de l’attachement de ces étudiants à leur département qu’ils ambitionnent d’améliorer « for the best and for the best ». Cela n’est pas sans rappeler « Oxymore », un trimestriel qui existe depuis un an, lui aussi présent sur la Toile et fruit du travail d’étudiants algériens. Il ne possède pas de site à proprement parler mais on trouve un lien pour le visionner en ligne à partir de son Facebook : Oxymore Ubu-mag. Comme son nom l’indique, Ubuesque, aussi pertinent qu’impertinent, il se dévore d’une seule traite et révèle des plumes jeunes et créatives. Le contenu culturel du web algérien a vraisemblablement de beaux jours devant lui.

N'TIC 61 / ZIOUCHI Oussama