L'Algérie gagnera-t-elle son match contre le piratage informatique ?

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Le piratage informatique est certes un phénomène mondial qui ne touche pas uniquement l’Algérie, mais au vu de son amplification dans notre société, ne faut-il pas s’interroger sur ses raisons, ses répercussions sur l’économie du pays et sur la politique adoptée par les pouvoirs publics pour le combattre ?


L’Algérie est classée à la tête des pays qui ne respectent pas les droits de la propriété intellectuelle. Le dernier rapport spécial 301, publié récemment par le département du commerce extérieur américain et classant par ordre les pays qui ne respectent pas les droits de propriété intellectuelle, classe notre pays dans les premières positions. L’Algérie figure, en effet, dans la liste de surveillance prioritaire accompagnée de l’Argentine, le Chili, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan, la Russie, la Thaïlande et le Venezuela.

Le Hacking (piratage informatique), défini selon Wikipédia comme étant « discret » d’informations illégales et/ou personnelles, a vu le jour avec l’apparition des premiers ordinateurs dans les foyers. De nombreux hackers ont commencé leur activité en essayant de casser les restrictions anti-copie ou en détournant les règles des jeux informatiques avant la généralisation d’Internet qui a alors ouvert de plus larges horizons à leur activité. Aujourd’hui, le piratage informatique a envahi plusieurs secteurs de notre vie.

De la contrefaçon des logiciels à la violation des droits de la propriété intellectuelle en passant par la cybercriminalité, le piratage informatique représente un véritable danger que plusieurs citoyens ignorent en raison du manque d’information. Qu’il s’agisse de piratage de réseau, de logiciels ou de cartes bancaires, le hacking a des répercussions dangereuses comme l’atteinte à la vie privée, les risques économiques ainsi que les risques pour le pirate.

En Algérie, en 2011, le piratage informatique a coûté environ 83 millions de dollars, selon Business Software Alliance qui a relevé que le taux de piratage des logiciels informatiques en Algérie a atteint les 84%. Ainsi, sur 100 programmes installés par les utilisateurs, 84 l’ont été sans licence. Cette année, Microsoft Algérie a estimé qu’en dépit d’un durcissement des lois contre le piratage informatique et l’existence d’un cadre juridique reconnaissant aux programmes logiciels le statut d’oeuvre protégée, 84% des solutions logicielles demeurent contrefaites en Algérie.

 57% des utilisateurs d’ordinateurs piratent des logiciels

En 2012, la Business Software Alliance a publié une étude portant sur le Piratage Mondial des Logiciels- Edition 2011. Les chiffres concernant l’Algérie révèle à quel point le piratage informatique est devenu une sorte de nuisance inévitable. L’étude a révélé que 57% des utilisateurs d’ordinateurs ont avoué installer sur leurs machines des logiciels piratés. 31% des personnes interrogées ont révélé que le piratage est devenu pour eux une sorte de réflexe. Pour 26% des sondés, le piratage se fait de façon occasionnelle. Les résultats de cette étude traduisent le taux élevé de piratage de logiciels en Algérie.

Même si la loi algérienne pénalise le piratage informatique, cela n’est pas appliqué concrètement sur le terrain. Le laxisme des pouvoirs publics face à ce phénomène cause des dommages importants à l’Algérie. Pour ce qui est de l’identité des pirates de logiciels, l’étude a révélé qu’il s’agit souvent de jeunes hommes qui piratent et installent toute sorte de logiciels sur leurs ordinateurs.

Insistant sur la nécessité de lutter contre le piratage informatique pour suivre l’exemple des pays où le taux de piratage a été nettement réduit, la Business Software Alliance a émis quelques recommandations qui seraient certainement porteuses si elles venaient à être appliquées en Algérie. Il s’agit, entre autres, de l’information et de la sensibilisation du public sur le piratage de logiciels et les droits de propriété intellectuelle en coopération avec l’industrie et les autorités, la modernisation des protections des logiciels et des autres oeuvres protégées par les droits d’auteurs afin d’être au diapason des nouvelles innovations telles que le Cloud Computing et la prolifération des appareils mobiles connectés.

Nous pouvons aussi appliquer sérieusement les lois sur la propriété intellectuelle en mobilisant les ressources nécessaires et en formant un personnel de contrôle compétent. Tout comme la formation des forces de l’ordre et des fonctionnaires de justice afin de détecter les actes de piratage informatique et l’amélioration de la coopération transfrontalière entre les organismes d’application de la loi. Par ailleurs, les entreprises privées et publiques doivent donner l’exemple en utilisant uniquement les logiciels pourvus de licence, et en promouvant l’utilisation de logiciels légaux dans les entreprises étatiques.


 

Les ordinateurs algériens vulnérables face au piratage

Selon le rapport de Microsoft Security Intelligence Report (SIRv16), publié en juin dernier, l’Algérie est la cible principale de cyberattaques, une forme sophistiquée de piratage informatique. Victime de cette nouvelle forme d’espionnage industriel, l’Algérie est classé par le rapport à la troisième position juste avant le Pakistan (1er) et l’Indonésie (2ème). Les hackers et les génies de l’informatique ont trouvé dans la vulnérabilité des ordinateurs algériens une issue facile pour multiplier les attaques digitales à travers des logiciels malveillants.

Des attaques qui visent à prendre les commandes des ordinateurs à distance et de prendre possession de toutes les informations personnelles des internautes. L’usage de logiciels contrefaits et le téléchargement de fichiers infectés est une conduite à risque qu’adoptent plusieurs algériens sans se rendre compte du danger face auquel ils s’exposent, souligne le rapport. Les pirates ont développé une nouvelle méthode pour contourner les antivirus des ordinateurs. Ils recourent à des fichiers téléchargeables infectés pour prendre possession des données personnelles des internautes qu’ils utilisent à des fins malveillantes.

Selon ce même rapport, 49% des ordinateurs en Algérie ont détecté une menace de ce type au premier trimestre de l’année 2013 contre plus de 59% des machines au deuxième trimestre. Le taux de cyberattaques reste élevé sur le reste de l’année 2013, avec plus de 47% des ordinateurs algériens qui ont fait face à une attaque au troisième trimestre et plus de 55% au quatrième trimestre. Sur l’ensemble de l’année passée, ce sont plus de 40% des ordinateurs, équipés de Microsoft, qui ont été infectés par un logiciel malveillant. Soit près de un sur deux !

Pour se protéger, la firme de Redmond préconise de ne pas télécharger n’importe quel logiciel et de vérifier l’authenticité des logiciels téléchargés sur son ordinateur. Il met l’accent, par ailleurs, sur la mise à jour régulière des logiciels ainsi que la sauvegarde régulière des documents archivés sur le disque dur.


 

Microsoft Algérie et l’ONDA s’unissent dans la lutte contre le piratage informatique

C’est une première en Algérie. L’Office Nationale des Droits d’Auteurs et Droits voisins vient de signer un protocole d’accord avec Microsoft Algérie. Le protocole d’accord s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le piratage informatique et la lutte contre la contrefaçon de logiciels. Les deux parties sont toutes les deux concernées par le phénomène du hacking.

Ainsi, si l’ONDA a pour mission principale de protéger les oeuvres et de faire face à toute violation des droits de la propriété intellectuelle, Microsoft Algérie aspire à lutter contre les différentes formes de piratage des logiciels qui affectent nettement son économie.

Dans ce protocole d’accord, les deux parties ont mis en place une stratégie efficace qui s’appuie sur la sensibilisation de la société civile, la formation des agents de contrôle ainsi que la répression des infractions et délits commis en matière d’atteintes aux droits d’auteurs. Par le piratage d’oeuvres protégées telles que les vidéos, la musique et les logiciels, plusieurs algériens ignorent les risquent qu’ils encourent. Pourtant, le piratage est condamné par la loi algérienne qui reconnaît aux programmes logiciels, à travers l’Ordonnance n°03-05 du 23 juillet 2003, le statut d’oeuvre protégée.

Malheureusement, le piratage est devenu monnaie courante puisque 84% des solutions Microsoft en Algérie sont contrefaites, selon le Directeur Général de Microsoft Algérie, M. Mourad Nait Abdesselam, lors de la signature de cet accord. Pour ce dernier, Microsoft Algérie et l’ONDA doivent effectuer un travail colossal sur le terrain afin de sensibiliser la société civile au danger du piratage.

Les revendeurs de produits informatiques seront contrôlés par des agents qualifiés qui seront formés par Microsoft Algérie. L’ONDA sera, à son tour, chargée de vérifier au niveau des entreprises publiques et privées que les logiciels utilisés sont authentiques et non pas des oeuvres piratées.


 

Google et l’ONDA : vers la protection de la propriété intellectuelle

Afin de protéger les vidéos algériennes sur YouTube du piratage informatique et de la violation des droits de la propriété intellectuelle, le géant du web Google s’est associé à l’Office nationale des droits d’auteurs. Dans une démarche visant en premier lieu à sensibiliser l’opinion publique sur le danger du piratage informatique, Google a signé le 12 juin dernier un protocole d’accord visant à préserver les droits d’auteurs de chaque vidéo algérienne sur YouTube. Ainsi, qu’il s’agisse d’un clip musical, d’un sketch ou même d’un long métrage, YouTube recevra de l’ONDA une autorisation officielle pour l’exploitation de toutes les vidéos algériennes qu’il publie.

Par ailleurs, la société Google devra payer en retour des redevances émanant des recettes publicitaires. Par la signature de ce protocole d’accord, toutes les oeuvres algériennes sur YouTube seront protégées et les artistes auteurs de ces vidéos pourront percevoir des droits de la part de l’ONDA. A propos de la stratégie adoptée par l’ONDA dans le cadre de la lutte contre le piratage informatique, le Directeur Général de l’ONDA, M. Bencheikh Hocine Sami, s’exprimant en mai dernier en marge d’une rencontre sous le thème « Patrimoine culturel, entre savoir et savoir-faire à l’ère du numérique », a expliqué que l’Office a adopté une stratégie simple et efficace, fondée d’abord sur la sensibilisation de la société civile qui ignore souvent les dangers de ce fléau et ensuite sur la répression de toute personne accusée de violation des droits de la propriété intellectuelle.

Il est à signaler que la stratégie de l’ONDA visant à mettre fin aux atteintes aux droits de la propriété intellectuelle est très bien élaborée. En effet, les opérateurs de téléphonie mobile en Algérie sont désormais contraints de signer des conventions pour l’exploitation des vidéos et des oeuvres des artistes sur leurs plateformes. Pour prouver sa détermination à lutter contre le phénomène du piratage informatique, les responsables de l’ONDA ont affirmé que durant une année près de 1 739 828 de supports informels ont été détruits.

La lutte contre le piratage, qui prend de l’ampleur dans la société algérienne, passe par l’urgence de développer une vision maghrébine commune de respect de la propriété intellectuelle ainsi que la mise en place d’un cadre juridique solide. Ce sont là les recommandations de plusieurs spécialistes qui se sont rencontrés en juin dernier, lors d’un atelier sous-régional sur le respect de la propriété intellectuelle, organisé à l’attention des magistrats des pays du Maghreb.

La lutte contre le piratage, qui prend de l’ampleur dans la société algérienne, passe par l’urgence de développer une vision maghrébine commune de respect de la propriété intellectuelle ainsi que la mise en place d’un cadre juridique solide. Ce sont là les recommandations de plusieurs spécialistes qui se sont rencontrés en juin dernier, lors d’un atelier sous-régional sur le respect de la propriété intellectuelle, organisé à l’attention des magistrats des pays du Maghreb.