ILS PRÉFÈRENT LE CHÈQUE POUR RETIRER LEUR ARGENT: Les Algériens ne marchent pas à la carte

Le citoyen entretient une relation quasi charnelle avec l’argent et peine à s’habituer aux moyens modernes de paiement.

5,8 millions de cartes de retrait sont détenues par les clients d’Algérie Poste mais seulement un tiers d’entre eux les utilisent, ce qui fait dire à Noureddine Boufennara, le directeur de la communication de cette institution que les autres cartes «arrivent à expiration dans les poches des citoyens». Invité à s’exprimer sur ce refus des détenteurs de cartes à les utiliser, notre interlocuteur a eu cette réflexion: «Les Algériens ne sont pas encore numérisés mentalement.»
Il estime qu’Algérie Poste a été en avance sur le comportement des Algériens en lançant cette carte dès 2007. Il a fallu 20 mois pour que les cartes soient livrées à leurs propriétaires à travers les 48 wilayas. D’une validité de deux ans, elles sont arrivées à expiration cette année. Algérie Poste a alors procédé à une campagne pour leur renouvellement avec, cette fois, une durée de vie de 4 ans, en commençant par la wilaya d’Alger dès le début d’avril et l’opération ne sera étendue au reste du pays que dans 20 mois. Dans l’intervalle, les anciennes cartes peuvent être utilisées uniquement dans les guichets à l’intérieur des bureaux de poste et non dans les 400 guichets automatiques de billets (GAB).

La désaffection des clients vis-à-vis des cartes a poussé l’entreprise à reprendre la confection des chéquiers même si la situation est loin d’être satisfaisante sur ce chapitre. Chaque jour, ce sont 2000 chéquiers non récupérés par les demandeurs qui sont détruits. Généralement, ce sont les propriétaires ayant changé d’adresse qui sont à l’origine de cette situation.
Ce ne sont pas ces problèmes qui empêchent Algérie Poste de constater que la masse monétaire ayant transité par ses 3300 bureaux a été de 25.000 milliards de DA en 2008.
Ce n’est pas étonnant lorsqu’on sait que la poste a ouvert des comptes CCP pour 11 millions de citoyens, souligne Boufenara. Parmi ces clients, il y a 1,6 million de fonctionnaires, 1,5 million de retraités, et environ un million d’étudiants. A ceux-là, il faut ajouter les assurés de la sécurité sociale et les bénéficiaires des allocations familiales qui prennent possession de leurs prestations à travers la Poste sans oublier les clients titulaires de compte pour diverses raisons.

Un million de citoyens s’adressent à la poste quotidiennement dont 800.000 pour des opérations financières liées au CCP alors que les autres s’y rendent pour l’affranchissement du courrier, l’envoi ou la réception de mandat, le paiement des factures de Sonelgaz ou d’Algérie Télécom ou encore pour solliciter les services de Western Union. Conséquence de cette fréquentation, Algérie Poste se retrouve en deçà des normes internationales en matière de couverture qui est d’un bureau pour 6000 habitants alors qu’elle n’est que d’un bureau pour 10.000 habitants en Algérie.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce ne sont pas les zones rurales qui sont défavorisées mais plutôt les zones urbaines à cause d’une augmentation rapide de leurs populations suite à l’exode enregistré lors des années marquées par des actions terroristes, selon Boufenara. Un programme d’ouverture de nouveaux bureaux est élaboré par la poste pour éponger ce déficit mais l’absence d’assiettes foncières handicape ce projet. A Alger, des difficultés sont rencontrées par exemple, pour construire de nouveaux bureaux à Bab Ezzouar, Aïn Naâdja, Les Eucalyptus, ou encore Baraki qui compte 250.000 habitants, soit un quart de million. La qualité de service en a d’ailleurs grandement pâti face à cette situation. Quelquefois, les préposés aux guichets ne disposent même pas de petites pièces pour rendre la monnaie à un usager qui veut par exemple acheter un timbre. A Alger, l’objectif est de doubler le nombre de bureaux qui est actuellement de 162.

Source: L'Expression