E-learning en Algérie : un bulletin mitigé

Numéro dossier: 80

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E-learning : des initiatives concrètes



L’envergure du chantier donne le vertige, et bien que l’avancement des travaux semble se faire à une vitesse pachydermique, l’e-learning a réussi cette année à provoquer quelques buzz sur la toile algérienne. Piqûre de rappel pour deux d’entre eux.

Evoquer l’e-learning en Algérie fait irrémédiablement sombrer dans les tergiversations. Peu de solutions concrètes arrivent sur le marché, quand de nombreuses démonstrations, projections, et débats s’organisent autour du sujet. La grande messe algérienne de l’e-learning, le salon Tarbiatech, est une parfaite illustration de cet état de fait. Sa deuxième édition, il y a quelques mois, placée sous le thème de « l’école à l’ère du numérique », gravitait essentiellement autour d’initiatives non renouvelées dans le temps, et autour de solutions qui n’ont pas trouvé d’écho audible dans le monde de l’enseignement.

Le salon Tarbiatech est pourtant salutaire car il a fait vivre l’e-learning dans les médias. Certes, initier quelques dizaines d’élèves à l’utilisation des tablettes ne va pas révolutionner le domaine, mais des opérations telles que le « Programme de découverte technologique » redonnent de l’espoir et gomment cette fâcheuse impression de stase qui entoure l’e-learning.

Programme de découverte technologique

Pour rappel, ce programme que l’on doit au duo Microsoft Algérie et Condor Informatique (en partenariat avec le Ministère de l’Education Nationale) est une sorte de caravane numérique qui vise à apporter matériel et formation à un ensemble d’écoles pilotes réparties sur 10 wilayas.


5 chapitres constituent cette formation. Après un cours d’introduction où l’on découvre les composants de l’ordinateur, les notions fondamentales du système d’exploitation, ou encore la façon d’utiliser une souris et un clavier, on passe au chapitre Internet. Se connecter, surfer, utiliser un moteur de recherche ou échanger des mails précèdent les cours sur la bureautique, la sécurité informatique, ou encore les changements de mode de vie que provoquent les TIC.


L’e-learning ne peut s’envisager que si ces bases sont acquises, et force est de constater que si l’on prend l’ensemble du territoire national en considération, ce genre d’initiatives font sens, car jamais on ne vulgarisera l’e-learning dans les zones qui en ont le plus besoin si l’outil informatique ne fait pas partie intégrante du mode de vie des apprenants.

Condor œuvre pour l’e-learning par bien d’autres voies. Quand Condor informatique s’occupe du volet matériel, Condor ICT encourage le développement du contenu local à travers un ensemble de solutions logicielles et de services. On citera par exemple la bibliothèque numérique, mise en place en partenariat avec les maisons d’édition Dar El Houda et Noon Books.

Pour autant, il n’est pas évident de trouver des solutions clés en main pour suivre un cursus structuré, avec des examens sanctionnant, et un suivi personnalisé sans quitter le confort de son canapé. C’est encore une fois vers une institution privée, en partenariat avec une organisation non gouvernementale, qu’il faudra chercher pour trouver une telle offre :

English Discoveries Online
 
EDO pour les intimes, il s’agit d’une solution hybride entre e-learning et cours particuliers qui constitue une sorte de panacée pédagogique pour apprendre la langue des Monty Python: coûts maitrisés, courbe d’apprentissage plus rapide, flexibilité,…le « blended learning », ou apprentissage mixte, prend le meilleur des deux mondes. En Algérie, c’est à l’Algerian Learning Center, ALC pour les intimes, que le programme est accessible, et il faut dire que la méthode est plutôt séduisante.

Ce n’est pas un hasard, car la conception d’EDO est le fait d’Educational Testing Service (donc ETS pour les intimes), l’organisation à but non lucratif qui a inventé le fameux TOEFL. ETS est une référence inégalée quand il s’agit de tester le niveau d’un candidat en anglais. Le TOEIC est aussi l’une de leurs créations, mais ETS fait en plus dans la formation, notamment à travers sa filiale Edusoft, qui a conçu EDO.

Détail qui a son importance, ETS, qui est présent dans plus de 180 pays, a un Managing Director bien de chez nous, Zoubir Yazid, le docteur en sciences politiques au CV à rallonge qui passe du rêve américain dans « une firme à milliards » au monde des ONG. Il dira « il n’y a aucune école de psychométrie dans le monde comparable à ETS ». Le contenu d’EDO se quantifie à 1 200 heures, est multiplateformes, permet des interactions sociales entre ses membres, et s’adapte au niveau et au rythme de l’apprenant.

En conclusion, l’e-learning avance oui, mais très lentement. Initiatives sporadiques, solutions fonctionnelles rares et limitées à certaines niches, bibliothèques en ligne peu consultées par le monde estudiantin, c’est tout un programme ministère-dépendant qui manque cruellement au développement du e-learning. Tout ce que l’on peut espérer, c’est que l’année qui commence apportera assez de nouveaux éléments pour que ce dossier sur l’e-learning devienne obsolète aux prochaines vacances aoûtiennes...