Les TIC en entreprise : DSI, un métier en pleine mutation

Numéro dossier: 74

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L’ambiance est plutôt morose quand on s’atèle à jauger les taux d’appropriation des TIC par les entreprises algériennes. Pourtant, un marché est bien là, des appels d’offres se font ouïr à l’occasion, des intégrateurs pullulent, des providers voient le jour, et globalement, le changement s’opère, lent et fragile, mais bien présent. Le dossier du mois va d’abord s’intéresser à ceux et celles qui sont au plus près des problématiques liées aux TIC dans l’entreprise, à savoir les Directeurs des Systèmes d’Information (DSI).



Un des leaders mondiaux de l’audit et du conseil, Ernst & Young, s’est penché sur le sujet à travers son étude « L’ADN du Directeur des Systèmes d’Information » que son bureau algérien nous a livré le mois dernier à l’occasion de la plus récente réunion de son Club des Décideurs Informatiques au Hilton d’Alger. Réunion qui a aussi été l’occasion de parler Enterprise Ressource Planning (ERP), épine dorsale pour toute société algérienne visant à se moderniser, et qui ne se fait pas toujours sans heurts comme nous allons le voir.

Le mariage de l’entreprise algérienne et des TIC, c’est aussi une question de facilité d’accès aux dites technologies, notamment pour les PME ; l’occasion de donner la parole à ISSAL, provider de solutions Cloud orientées business, une alternative qui ne manque pas d’arguments...

« L’ADN du DSI »

Le Directeur des Systèmes d’Information, il faut l’avouer, est une denrée rare que ne s’offrent que les plus grandes entreprises et autres structures bancaires dans notre pays. Pour cause, un défaut d’individualisation des départements « informatique » au sein de nos entreprises, ainsi qu’un déficit d’intégration des procédés informatiques dans le fonctionnement de l’entreprise lambda. Qu’à cela ne tienne, une poignée de DSI bien de chez nous furent présents à l’exposé de l’étude d’Ernst & Young portant justement sur ce métier hautement stratégique que nous gagnerions à valoriser sous nos cieux.

Les systèmes d’information ne constituent plus aujourd’hui un simple outil pour l’entreprise, mais bel et bien un enjeu stratégique qui pousse à repenser la façon de travailler du DSI, mais aussi la structure même de l’entreprise « classique ». Seuls 17% des 300 DSI sondés à travers le monde sont membres du comité de direction de leur entreprise, et « faire accéder le DSI au comité de direction » est un défi qu’a mis en lumière Philippe Ausseur, associé au sein d’Ernst et Young en charge de l’activité Conseil centrée autour de la performance des entreprises.

Comprendre les réalités inhérentes à ce métier passe aussi par l’étude de sa perception par les cadres dirigeants qui n’ont pas une carrière informatique. Après tout, l’adoption à plus grande échelle des TIC par nos entreprises n’est pas tant une « affaire d’informaticiens » qu’une affaire d’identification des processus métier qui peuvent être améliorés à coup de TIC, ainsi que d’utilisation effective des solutions informatiques par l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise. « La perception de l’informatique dans le monde de l’entreprise souffre encore de stéréotypes historiques qui freinent l’évolution de la fonction de DSI ».

Beaucoup considèrent en effet que le rôle de l’informaticien se résume au déploiement et à l’entretien des ordinateurs, au dépannage et à l’aide en cas de besoin. Pire encore, les échanges entre DSI et instances dirigeantes ne concernent pratiquement que des questions de budget, cloisonnant le DSI à des tâches qui empêchent une plus profonde intégration des TIC dans le génome de l’entreprise.

Synthèse de l’étude :

Dans son « Portrait robot du DSI », Ernst & Young décrit un poste où le leadership et la communication sont les compétences majeures qui doivent accompagner les considérations purement techniques, mais pas que : « trop peu de DSI apportent une vision financière à leur fonction, or il est désormais indispensable qu’ils développent ces compétences ». Le poste requiert donc de multiples talents, « la capacité du DSI à jouer un rôle stratégique, au-delà de la pure gestion informatique, est désormais considérée comme déterminante pour innover et se démarquer de la concurrence ».

Ces exigences ne sont pas faciles à remplir pour des DSI dont 49% sont diplômés en informatique quand 10% détiennent un Master of Business Administration, peut être aussi parce que DSI et autres cadres dirigeants ne parlent pas toujours le même langage: « 60% des DSI estiment apporter une forte valeur ajoutée à la stratégie de l’entreprise, seulement 35% de leurs homologues cadres dirigeants partagent cette vision ». Chez nous, ce dialogue est tellement rompu que les DSI ne sont parfois pas impliqués dans le choix des solutions informatiques qu’intègre l’entreprise.

La réflexion se limite souvent à la direction (au pouvoir décisionnel quant aux questions financières) et à l’intégrateur de la solution (qui n’a souvent pas une appréciation parfaite des processus métiers). Ce constat découle des échanges qui ont animé la présentation de l’étude où responsables au sein de grandes entreprises publiques, intégrateurs de solution, et DSI ont été réunis.

« Les DSI interrogés admettent ne pas savoir comment renforcer leur relation avec le comité de direction de leur entreprise. Ils doivent s’attacher à ce que le dialogue avec l’exécutif ne se limite plus à des aspects techniques et informatiques, mais soit davantage orienté sous l’angle de la création de valeur ajoutée pour le business : réduction des coûts, accroissement des revenus, satisfaction client, etc ».

Ces ambitions sont encore loin d’être au devant de la scène pour l’entreprise algérienne, mais un nombre croissant de ces dernières apprécie l’apport immense d’un ERP (ou Progiciel de Gestion Informatique en français), justement ce qui intéresse les lignes qui suivent.