Avec 1.7 millions de membres: Facebook, le réseau préféré des algériens

Numéro dossier: 0

Index de l'article



Facebook : J’aime … ou « J’aime » pas ?


Brahim, 21 ans

« Personnellement, je ne peux pas me passer de Facebook. Je l’utilise durant la journée au bureau pour mon travail et j’y suis connecté la majeure partie de la soirée à la maison. Facebook me permet de garder contact avec mes amis et d’avoir de leurs nouvelles ».

Walid, 23 ans

« Je pense que Facebook est un simple effet de mode et qu’il ne tardera pas à être remplacé par autre chose. De plus, ce n’est pas spécialement un réseau pour personnes discrètes. J’utilise Internet dans mon travail mais je n’ai pas de compte Facebook. Je pense qu’il est incompatible avec ma personnalité ».

Mia, 26 ans

« Facebook est très important parce qu’il me permet d’avoir des nouvelles de mes amis. Je l’utilise également pour des motifs professionnels et pour exprimer mes opinions au sujet de différentes questions».

Nélia, 26 ans

« J’ai ouvert un compte Facebook juste parce que les autres l’ont fait. Pour moi, c’est un effet de mode ».

Abderrezak, 41 ans

« Facebook m’a permis de recontacter des amis que j’avais perdu de vue depuis assez longtemps. Mais avec le temps, j’ai découvert que ce réseau n’était pas si intéressant que ça. Ce qui me dérange le plus, c’est le fait que la vie des gens soit étalée sur Internet ».

Salim, 45 ans

« Facebook est une vraie découverte pour moi. Je me connecte tous les soirs. C’est le moyen idéal pour rester en contact avec mes amis ».

Samia, 30 ans

« Facebook me permet d’avoir des nouvelles de mes amis vivant à l’étranger ainsi que mes anciens collègues ».

Mina, 33 ans

« Je n’ai pas de compte Facebook pour la simple et bonne raison que je pense que c’est se ficher soi-même. On entend un peu partout des histoires de vols de données personnelles. Je trouve que c’est imprudent et ça me fait peur dans le sens où je n’aimerais pas que cela m’arrive ».


Entretien avec M. Saïd Sebaoun, professeur de sociologie à l’université de Blida


« Facebook est une réalité sociologique »


Facebook connaît un grand engouement en Algérie et le nombre de personnes membres de ce réseau social semble en constante augmentation. Quel regard portez-vous sur ce phénomène ?

Facebook est un nouveau support technologique qui traduit une évolution de la société algérienne au même titre que les autres sociétés dans le monde. D’autre part, ce réseau social affecte les liens sociologiques, notamment parmi les jeunes. Ce qu’il faut savoir c’est que Facebook fait partie d’une grande dynamique sociologique impliquée par les nouvelles
technologies de l’information et de la communication en général. Facebook n’a pas non plus la même fonction pour tous les utilisateurs et n’est pas perçu de la même manière par ces derniers. Certains d’entre eux lui trouvent un côté ludique, d’autres l’utilisent pour des raisons professionnelles au moment où une autre catégorie d’utilisateurs l’emploie comme outil d’échange et de rapprochement.

Est-ce que nous pouvons parler d’une réelle et grande influence de Facebook sur les rapports sociaux ?

Les technologies de l’information et de la communication ont une influence sur la société et sur les liens sociaux. Toutefois, il faut savoir aussi que la société elle-même a évolué bien avant l’avènement de Facebook. D’un autre côté, les jeunes n’ont pas le même rapport avec les technologies que leurs parents puisque, pour les jeunes, les nouvelles technologies ont participé à la restructuration des liens sociaux. Les technologies, d’une manière générale, ont une influence sur la société.

Certaines voix s’élèvent contre Facebook considérant que cet outil peut avoir des effets négatifs de différentes natures. Qu’en pensez-vous?

Il ne s’agit pas de porter de jugements de valeur sur cette technologie qui fait désormais partie de la réalité. Cependant, la résistance au changement est en fait une autre réalité sociologique. Historiquement, à chaque fois que la société change, des voix s’élèvent contre le changement. Bien évidemment, les technologies peuvent avoir des effets négatifs mais cela dépend toujours des utilisateurs. C’est précisément pour cette raison qu’il ne faut pas porter de jugements sur ce réseau social. Facebook est une réalité sociologique qui témoigne du changement de la société et personne ne peut arrêter ce changement.


Le mot des facebookeurs algériens



N'TIC 53 / MARS 2011


Facebook, numéro un des
réseaux sociaux dans le monde,
connait une popularité en
constante progression. Même
s’il a été qualifié par certains
de simple « effet de mode » à
la longévité peu probable, il
n’en demeure pas moins que
ce réseau gagne du terrain au
niveau mondial. Une réalité
confirmée par les chiffres
mais aussi par la nature des
nouveaux facebookeurs. De
grandes entreprises et des
multinationales se sont faites
une place sur ce réseau parti, au
tout début, pour être l’espace de
rencontre de jeunes ou d’illustres
inconnus à la recherche d’un ami
perdu de vue.

Un phénomène mondial en progression

Au-delà de l’aspect purement
commercial, Facebook
est devenu, depuis
peu, l’outil par excellence des
protestataires et des frondeurs.
Les mouvements sociaux qui
ont secoué récemment les pays
arabes se sont fortement appuyés
sur la puissance fédératrice de
cet espace virtuel. Populaire
pour de multiples raisons donc,
Facebook est aujourd’hui le lieu
de rencontre de 634 millions de
personnes à travers le monde,
selon les tous derniers chiffres.
Les Etats-Unis occupent la
première position avec 152
millions de comptes actifs. Les
dernières indications en rapport
avec le réseau Facebook font
état d’une progression constante
du nombre de comptes ouverts.
D’autre part, une personne
s’inscrit aujourd’hui sur Facebook
toutes les huit secondes.
Facebook, c’est aussi un milliard
de dollars d’investissements
publicitaires consentis par
les plus grandes marques
commerciales du monde. Pour
ces multinationales justement,
Facebook est un bon outil
permettant de jauger leur
popularité en suivant de près
les réactions des facebookeurs
par rapport à leurs produits
respectifs. Certaines de ces firmes
comptent d’ailleurs plusieurs
millions de fans. Selon les chiffres
les plus récents, la marque Coca
Cola est en tête des produits les
plus populaires avec 22 millions
de fans suivie de Starbuck 19
millions, Oreo 16,2 millions,
Disney 15,6 millions et Redbull
14,7 millions.
Les artistes ont eux aussi
compris l’importance de
Facebook puisqu’ils y ont
ouvert des comptes où ils ont
vraisemblablement la possibilité
d’être plus proches de leurs
admirateurs. Le réseau leur
permet également de marquer
davantage leur présence
lorsque les médias classiques se
détournent d’eux.
Sur un autre plan, certains
artistes inconnus, à leurs débuts,
par les chaînes de télévision ont
brillé sur Internet en général
et Facebook en particulier. Le
nombre d’artistes ayant d’abord
été connus sur le réseau mondial
est loin d’être négligeable.
Comme pour les entreprises, il est
possible de faire un classement
des stars en fonction de leur
popularité. Ainsi, aujourd’hui
encore, Michael Jackson est
numéro un avec 26.2 millions de
fans talonné par Lady Gaga avec
25.7 millions de fans. Eminem,
Rihanna et Megan Fox détiennent
respectivement 24.9, 20.3 et 20
millions de fans.
1.7 millions de membres
en Algérie
L’Algérie, comme les autres
pays du monde, connaît à peu
près la même dynamique en
ce qui concerne Facebook. Se
positionnant derrière le Maroc
et ses 3 millions de facebookeurs
et la Tunisie (2,2 millions),
l’Algérie compte actuellement 1,7
millions de personnes membres
à ce réseau. Ces chiffres sont
en constante progression en
comparaison avec ceux des
dernières années. Il y a lieu de
noter, à ce sujet, que durant les
six derniers mois, le nombre de
facebookeurs algériens a bondi de
44%, ce qui représente 508.000
nouveaux comptes ouverts
durant un semestre seulement.
Les algériennes inscrites sur
Facebook sont, quant à elles,
au nombre de 540 000. Même
si beaucoup d’internautes
détiennent plus d’un compte,
il n’en demeure pas moins que
Facebook gagne en popularité
en Algérie. Nous ouvrons
aujourd’hui un compte pour
de multiples raisons. Certains
souhaitent retrouver et rester
en contact des amis, d’autres
utilisent Facebook comme un
espace de jeu ou encore pour
exprimer leurs opinons sur
différents sujets d’actualité.
D’autres facebookeurs n’hésitent
pas à utiliser cet espace pour
étaler purement et simplement
leur vie privée.
Une autre catégorie de
facebookeurs exploite ce réseau
pour des raisons professionnelles,

se tenant au courant des
différents événements ayant un
lien direct avec leurs métiers. Il
semblerait que pour beaucoup
Facebook, en raison de sa
richesse, est en passe de devenir
une véritable alternative à
Internet lui-même, mis à part
en ce qui concerne certains
aspects liés à la recherche de
l’information. Nous constatons,
par ailleurs, que durant l’année
2010, une nouvelle catégorie
de facebookeurs a fait son
apparition en Algérie. Il s’agit
des entreprises. Celles-ci
ont manifestement trouvé en
Facebook un espace propice pour
se faire connaître auprès des
consommateurs et des partenaires
potentiels. Pour certaines jeunes
entreprises, le résultat a été
instantané puisqu’elles ont réussi
à se faire connaître rapidement
ce qui a, bien évidemment, eu un
impact direct sur leurs activités.
Facebook, au-delà du fait qu’il
permet d’ouvrir des comptes
gratuitement, donne la possibilité
de mieux connaître les réactions
des consommateurs par rapport
à un produit donné et surtout de
cibler avec précision le public
recherché.
La nouvelle piste des
recruteurs
Sur le plan professionnel
toujours, des recruteurs
n’hésitent pas à consulter les
profils et les pages personnelles
des candidats à l’emploi afin
d’avoir une meilleure idée
sur leurs éventuelles futurs
employés. Dans certains cas, le
comportement du demandeur
d’emploi sur Facebook est
pris très au sérieux par les
responsables des ressources
humaines. Il s’agit bel et bien
d’une nouvelle tendance adoptée
d’abord par les recruteurs
à l’étranger avant d’être
reprise en Algérie. Facebook
permet désormais de faire
gagner beaucoup de temps
aux responsables chargés du
recrutement qui ne peuvent
s’appuyer uniquement sur les
CV pour savoir s’ils ont trouvé
l’employé adéquat et qui répond
le plus aux exigences de leurs
entreprises. Sur un autre plan,
les artistes algériens ne sont pas
restés indifférents au phénomène
Facebook. Beaucoup d’entre eux
détiennent des comptes sur ce
réseau avec pour objectif de se
rapprocher du public mas aussi
de refléter une image d’artistes
modernes et « tendances ». Nous
constatons donc que l’Algérie
suit le même itinéraire des autres
pays en ce qui concerne ce réseau
social à un rythme moins rapide,
cependant. La raison en est que
la généralisation d’Internet, en
Algérie, n’a pas encore atteint les
objectifs qui lui ont été fixés.
Il faut dire toutefois que
Facebook est loin de faire
l’unanimité même parmi ceux
qui utilisent Internet de façon
régulière. Les détracteurs de ce
réseau social font clairement
la part des choses entre le fait
d’utiliser Internet comme source
d’informations et d’échanges avec
les autres et le fait d’afficher des
informations personnelles de
façon naïve et irresponsable. Ils
considèrent que le fait de donner
des informations personnelles
peut les exposer à de nombreux
risques dont les mauvaises
rencontres, la manipulation
et l’exploitation de leurs
données personnelles à des fins
commerciales.
Même si les défenseurs de cet
espace social tentent de tempérer
le débat en considérant que
les désagréments inhérents à
Facebook dépendent surtout du
comportement des utilisateurs, il
est toujours vrai que ce réseau ne
se résume pas à la définition très
innocente qui lui est donnée.
Quoi qu’il en soit, Facebook
est en Algérie, comme dans le
reste du monde, en constante
progression. Ses aspects positifs
aussi bien que ses mauvais côtés
toucheront de plus en plus de
gens.

Facebook et les paradoxes algériens

Un sondage en rapport avec les habitudes et les différents profils des facebookeurs algériens a été effectué
par N’TIC Magazine. Un questionnaire a été mis en ligne sur la version électronique du magazine et sur sa page
Facebook.

134 personnes ont répondu
aux questions du sondage.
Même si le nombre n’est pas
particulièrement élevé, il permet
toutefois d’avoir quelques
indications plus ou moins
précises sur les motivations des
facebookeurs algériens mais aussi
sur leur point de vue en ce qui
concerne les effets supposés être
négatifs de ce réseau social. 64%
des facebookeurs sondés sont
de sexe masculin contre 36% de
femmes. Leur moyenne d’âge est
de 26 ans. 6% d’entre eux ont
plus de quarante ans contre 2%
ayant moins de 18 ans. Les 18-24
ans sont majoritaires avec un taux
de 46%.
D’un autre côté, les facebookeurs
célibataires sont présents
avec un taux de 77%. Il ressort
également du sondage que 39%
des internautes interrogés sont
soit lycéens soit étudiants.
22%, d’entre eux, sont des
cadres et 4% sans profession.
Le sondage révèle, en outre, que
63% personnes questionnées
détiennent des comptes Facebook
depuis plus d’une année contre
22% de personnes ayant ouvert
des comptes depuis plus de
trois ans. Nous constatons, par
ailleurs, que les membres de
ce réseau possèdent plus d’un
compte à la fois. 23% d’entre eux
ont deux comptes et 4% gèrent
plus de trois comptes à la fois.
« 74% des facebookeurs
algériens publient leurs
vraies photos »
Interrogés au sujet des
motivations à l’origine de leur
inscription sur Facebook, 85%
des sondés disent avoir choisi cet
espace pour rester en contact avec
les proches et suivre l’actualité,
38% pour afficher leurs goûts
et leurs convictions, 35% pour
annoncer des événements et 23%
pour promouvoir des produits
et services dans le cadre d’une démarche commerciale. D’un
autre côté, 51% des facebookeurs
utilisent ce réseau pour des
jeux. S’agissant des lieux de
connexion, la majorité écrasante
des facebookeurs se connectent à partir de leurs domiciles ou
de leurs lieux de travail avec
un taux de 92%. Un certain
recul au niveau des lieux de
connexion publics est à constater
en raison de la généralisation
d’Internet au niveau des foyers.
Les établissements scolaires
et universitaires sont les lieux
les moins bien lotis en ce qui
concerne Internet en général. A
ce propos, les pouvoirs publics
affichent clairement leur volonté
par rapport à la généralisation
d’Internet mais les actions
concrètes tardent, cependant, à
venir.
Pour ce qui est de la fréquence de
connexion à Facebook, 88% des
personnes questionnées disent
se connecter à ce réseau tous les
jours. 1% seulement se connecte
moins d’une fois par mois.
D’autre part, 46% des internautes
passent entre une et trois heures
sur Facebook par jour, 37% plus
de trois heures et 17% ne s’y
attardent pas plus d’une heure.
Sur un autre plan, 83% des
facebookeurs connaissent dans
la vie réelle les personnes avec
lesquelles ils ont des interactions
sur le réseau. 16% en connaissent
quelques unes et 2% n’en
connaissent aucune.
Les internautes exploitant
Facebook pour des motifs
professionnels sont à hauteur de
41% contre 32% l’utilisant comme
support de créations artistiques
et pour faire connaître leurs
oeuvres. Sur le plan professionnel
toujours, 62% des facebookeurs
estiment que les recruteurs
peuvent prendre au sérieux les
informations contenues sur les
pages Facebook des demandeurs
d’emploi.
« 62% des algériens
n’ont pas confiance en la
politique de confidentialité
de Facebook »
Dans le chapitre de la vie privée,
les réponses des facebookeurs
algériens sont surprenantes. 74%
d’entre eux disent mettre leurs
vraies photos sur Facebook au
moment où 46% seulement disent
publier des informations privées.
Paradoxalement, 62% disent ne
pas faire confiance à la politique
de confidentialité de Facebook.
Il est donc évident, à partir du
moment où l’on fait un simple
regroupement de données, de
comprendre que bon nombre
de facebookeurs se contredit.
Ces derniers n’hésitent pas à
publier des informations privées
et des photos personnelles mais
disent, quand même, ne pas
faire confiance en la politique de
confidentialité de Facebook.
Dans le même contexte, 31% des
facebookeurs disent avoir eu de réels désagréments à cause
du réseau social. Il s’agit, dans
l’ordre, de mauvaises rencontres,
de divulgation d’informations
privées et de blocage de comptes.
Les conclusions à tirer plus
sommairement de ce sondage
est le fait que Facebook captive
beaucoup d’algériens pour de
multiples raisons. Il révèle aussi
l’esprit contradictoire de certains
internautes qui semblent trouver
ce réseau social «délicieusement»
risqué.

Facebook : J’aime … ou « J’aime » pas ?

Brahim, 21 ans
« Personnellement, je ne peux pas me passer de Facebook. Je l’utilise
durant la journée au bureau pour mon travail et j’y suis connecté
la majeure partie de la soirée à la maison. Facebook me permet de
garder contact avec mes amis et d’avoir de leurs nouvelles ».
Walid, 23 ans
« Je pense que Facebook est un simple effet de mode et qu’il ne
tardera pas à être remplacé par autre chose. De plus, ce n’est pas
spécialement un réseau pour personnes discrètes. J’utilise Internet
dans mon travail mais je n’ai pas de compte Facebook. Je pense qu’il
est incompatible avec ma personnalité »
Mia, 26 ans
« Facebook est très important parce qu’il me permet d’avoir des
nouvelles de mes amis. Je l’utilise également pour des motifs
professionnels et pour exprimer mes opinions au sujet de différentes
questions».
Nelia, 26 ans
« J’ai ouvert un compte Facebook juste parce que les autres l’ont
fait. Pour moi, c’est un effet de mode ».
Abderrezak, 41 ans
« Facebook m’a permis de recontacter des amis que j’avais perdu de
vue depuis assez longtemps. Mais avec le temps, j’ai découvert que
ce réseau n’était pas si intéressant que ça. Ce qui me dérange le plus,
c’est le fait que la vie des gens soit étalée sur Internet ».
Salim, 45 ans
« Facebook est une vraie découverte pour moi. Je me connecte tous les
soirs. C’est le moyen idéal pour rester en contact avec mes amis ».
Samia, 30 ans
« Facebook me permet d’avoir des nouvelles de mes amis vivant à
l’étranger ainsi que mes anciens collègues ».
Mina, 33 ans
« Je n’ai pas de compte Facebook pour la simple et bonne raison que
je pense que c’est se ficher soi-même. On entend un peu partout des
histoires de vols de données personnelles. Je trouve que c’est imprudent
et ça me fait peur dans le sens où je n’aimerais pas que cela m’arrive ».

Entretien avec M. Saïd Sebaoun, professeur de sociologie à l’université de
Blida
« Facebook est une réalité sociologique »
Facebook connaît un grand
engouement en Algérie et le nombre
de personnes membres de ce
réseau social semble en constante
augmentation. Quel regard portezvous
sur ce phénomène ?
Facebook est un nouveau support
technologique qui traduit une
évolution de la société algérienne au
même titre que les autres sociétés
dans le monde. D’autre part, ce
réseau social affecte les liens
sociologiques, notamment parmi
les jeunes. Ce qu’il faut savoir c’est
que Facebook fait partie d’une
grande dynamique sociologique
impliquée par les nouvelles
technologies de l’information et
de la communication en général.
Facebook n’a pas non plus la même
fonction pour tous les utilisateurs et
n’est pas perçu de la même manière
par ces derniers. Certains d’entre
eux lui trouvent un côté ludique,
d’autres l’utilisent pour des raisons
professionnelles au moment où
une autre catégorie d’utilisateurs
l’emploie comme outil d’échange et
de rapprochement.
Est-ce que nous pouvons parler
d’une réelle et grande influence de
Facebook sur les rapports sociaux ?
Les technologies de l’information
et de la communication ont une
influence sur la société et sur les
liens sociaux. Toutefois, il faut
savoir aussi que la société elle-même
a évolué bien avant l’avènement
de Facebook. D’un autre côté, les
jeunes n’ont pas le même rapport
avec les technologies que leurs
parents puisque, pour les jeunes, les
nouvelles technologies ont participé
à la restructuration des liens
sociaux. Les technologies, d’une
manière générale, ont une influence
sur la société.
Certaines voix s’élèvent contre
Facebook considérant que cet outil
peut avoir des effets négatifs de
différentes natures. Qu’en pensezvous?
Il ne s’agit pas de porter de
jugements de valeur sur cette
technologie qui fait désormais
partie de la réalité. Cependant, la
résistance au changement est en
fait une autre réalité sociologique.
Historiquement, à chaque fois
que la société change, des voix
s’élèvent contre le changement.
Bien évidemment, les technologies
peuvent avoir des effets négatifs mais
cela dépend toujours des utilisateurs.
C’est précisément pour cette raison
qu’il ne faut pas porter de jugements
sur ce réseau social. Facebook est une
réalité sociologique qui témoigne du
changement de la société et personne
ne peut arrêter ce changement.

Le mot des facebookeurs algériens