YouTube à la sauce algérienne

Si vous avez raté le match Algérie-Argentine, que vous soyez fan de Beyouna, nostalgique du dessin animé Sinane ou apprenti-dragueur algérien, ne perdez pas votre temps sur YouTube ou Dailymotion. Depuis près de deux mois, DzTube (www.dztube.com) a réussi à ramasser presque tout ce qui se trouve sur internet en vidéos liées à l’Algérie.

Surfant sur le succès que connaissent les sites de partage de vidéos, comme l’Américain Youtube et le Français Dailymotion, Hamza Ouitas, un jeune algérien de 28 ans installé en France, a lancé DzTube après avoir constaté que l’Algérie « est abondamment représentée sur ces plates-formes (youtube et dailymotion, NDLR) et a un grand volume de production culturelle ». Une question s’est posée à ce diplômé de l’Ecole polytechnique d’Alger : « Pourquoi laisser les Américains et les Français en profiter et générer des revenus colossaux pendant que nous nous amusons à regarder et à rigoler et, parfois, nous faire insulter par des commentaires de racistes et de jaloux ? » C’est donc, mû par son amour pour la culture de son pays que Hamza a lancé Dztube en mars dernier. « J’ai décidé d’agir et de créer cet espace propre à l’Algérie où le premier critère est le respect de l’Algérie et des Algériens et de leur culture », affirme-t-il. Il insiste aussi pour mettre en avant la spécificité de dztube. Pour Hamza, « Youtube est très dangereux pour les enfants car il n’est pas contrôlé. Par contre, si demain DzTube deviendra une grande base de partage 100% algérienne et que votre fils ou votre fille s’y connecte vous serez rassuré qu’ils ne risquent pas de tomber sur un contenu malsain, pour la simple raison qu’il y a des Algériens qui ont les mêmes valeurs que vous qui sont derrière ce site. Ceci m’a donné, par exemple, l’idée de créer la chaîne ‘‘Roussoum Moutaharika’’, dessins animés. » Le succès ne s’est pas fait attendre. Le site « est monté dans le classement Alexa de la 7 millionième à la 450 100e place. Actuellement, il reçoit entre 500 et 600 visiteurs par jour et a enregistré 6000 impressions de pages », affirme ce jeune Jijelien qui a quitté l’Algérie il y a de cela quelques années pour poursuivre ses études en France. Les internautes qui s’y connectent viennent, évidemment, en premier lieu d’Algérie, de France, du Canada, d’Espagne et d’Australie, entre autres. Globalement, les accès suivent la présence algérienne dans le monde. Il est vrai que Hamza dédie ce site « à toute personne qui se sent liée à l’Algérie ou tout simplement désirant la découvrir ». DzTube est hébergé aux Etats-Unis. Les coûts générés par ce site (hébergement, bande passante) sont couverts par la publicité. Il sait bien, aussi, que le seul handicap à plus de succès en Algérie est la vitesse de connexion. Mais, il reste optimiste puisqu’on va vers « la généralisation de l’ADSL ». Le principe de fonctionnement de DzTube reste le même que YouTube. Sa philosophie et sa technologie permettent l’interaction entre internautes. Les sites web sont enrichis par les utilisateurs eux-mêmes et ne sont plus des vitrines statiques. Donc, l’internaute se connecte à DzTube, s’inscrit puis poste sa vidéo. Il peut aussi se suffire de consulter. Les autres internautes qui la visionnent peuvent laisser leurs commentaires et l’évaluer. Une particularité de DzTube : « le logo avec un D en forme d’étoile et croissant, ce qui donne une icône originale et identifiable. Même les étoiles d’évaluation des vidéos prennent cette forme », fait remarquer fièrement Hamza. Ses vidéos préférées ? « Jamal biladi (La beauté de mon pays) et une autre de la chanteuse kabyle Karima où elle chante sa maman. Ceci me touche beaucoup. ça me rappelle ma mère qui est au bled. » YouTube a été lancé en février 2005 par trois employés de Paypal, un système de paiement très prisé sur internet. Il est consulté par plus de 30 millions de visiteurs uniques par mois. En octobre 2006, il a été racheté par Google pour 1,65 milliard de dollars. Hamza, réaliste, pense plus à développer l’audience de DzTube qui pourra aboutir à la création d’une entreprise dont une partie de ses tâches sera délocalisée en Algérie, permettant le recrutement de jeunes informaticiens…Les paris sont lancés !