Pendant ce temps, dans le microcosme vidéoludique...

C’est la dèche ! En début d’année, le microcosme vidéo-ludique se remet des ventes records qui répondent à l’appétit pantagruélique du consommateur occidental en période de fêtes. Le ventre bien tendu, et la médiathèque au bord de l’explosion, le consommateur se tourne moins sur le contenu vidéoludique en janvier, ce qui accompagne fatalement des sorties pauvres en hits…


Il nous reste alors à nous retourner sur ces jeux auxquels on ne s’attendait pas, des titres qui surprennent par leur force ludique alors que l’on pensait leurs mécaniques de jeu surannées. De très belles surprises sont en effet venues égayer nos ludothèques piratées. Elles sont venues nous rappeler notre enfance, nos étoiles dans les yeux devant les mondes exotiques des jeux de plateforme. La plateforme, genre de jeu où le personnage évolue dans des environnements grâce à ses compétences de saut et de déplacement d’une plateforme à l’autre a, dans une période reculée, été le genre dominant sur consoles, et a bénéficié d’ambassadeurs de luxe, comme Mario ou Spyro…

Aujourd’hui, la plateforme, qu’en reste t-il ?

Alors que les anciens jeux étaient exclusivement fondés sur la plateforme pure et dure, l’évolution du microcosme vidéo-ludique a donné naissance à des jeux hybrides. Des licences comme Prince of Persia représentent ce qui se fait de plus abouti en la matière, mais du Beat’em All à la God of War au FPS à la Metroid en passant par le jeu d’action/aventure comme Assassin’s Creed, les phases de plateforme sont légions, et font parfois le sel du plaisir de jeu. La plateforme, bien que n’étant plus un genre à part entière, demeure l’un des moteurs les mieux huilés pour procurer du fun au joueur. Sauter d’immeuble en immeuble, marcher sur les murs, planer sur de longues distances…quand un jeu vous propose ce genre d’activités, il s’agit de plateforme qui ne se dit pas.

Toutefois, il y a de plateforme qui s’assume totalement en tant que telle, et bien qu’il s’agisse généralement de sous-jeux (jeux vidéo pour enfants, jeux à budget réduit, jeux pour smartphones,…), il arrive de trouver des titres dignes de figurer dans le peloton de tête. Un ancien adage dit que l’on fait les meilleures soupes dans les plus vieilles marmites, la preuve :

Les papis de la plateforme font de la résistance

Siliconées, bottoxées, liftées, maquillées, les stars d’il y a 20 ans désespèrent souvent de ne pas pouvoir lutter contre le syndrome « has-been ». Quand on est issu d’une licence âgée de 20 ans, comme la saga Sonic (le hérisson), on n’est pas non plus à l’abri d’une descente aux enfers. Les épisodes Sonic de ces dernières années se sont en effet fourvoyées dans des propositions ludiques qui vont dans tous les sens et qui font perdre de la lisibilité à la saga. Sonic a même été un loup-garou ! J’imagine d’ici l’équipe de conception en pleine séance de brainstorming, et le nouveau stagiaire qui a eu une révélation la nuit précédente : « Et si on en faisait un loup-garou ? ». Cela va sans dire que la saga commençait à désespérer ses fans.

Sonic Générations

Pourtant, tel un phoenix renaissant de ses cendres, la saga Sonic nous livre un épisode à la hauteur des attentes des fans de la première heure, et adapté aux exigences du joueur faux-jetons de 2012 : Sonic Générations ! Comment sauver la licence ? En revenant aux sources, en puisant dans les épisodes qui faisaient à l’époque de Sonic le concurrent «in » de Mario. Sonic Générations est en effet un immense hommage à ce qui reste jusqu’à nos jours l’un des meilleurs jeux en 2D de tous les temps. Que ce soit sur le plan de la jouabilité ou sur celui de l’architecture des niveaux, il fait une compilation très travaillée et bien amenée de sensations de jeux que les plus anciens apprécieront comme autant de madeleines.

Chaque monde peut être visité par deux Sonic, l’un issu du passé, avec un gameplay 2D délicieux, et l’autre, plus récent, doté de parole et d’un gameplay 2D/3D plus complexe. La trame scénaristique fait vaguement état d’un méchant qui voyage dans le temps, pour expliquer tant bien que mal la situation. A noter que tous les personnages issus de la licence (Tails, Knuckles…) seront de la partie en tant que NPC
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Rayman Origins

1995, date de naissance du premier Rayman, un des héros mythiques que l’on doit aux esprits féconds et francophones d’Ubisoft (Tomb Rider, Prince of Persia, Assassin’s Creed,…). Contrairement à Sonic, Rayman n’a pas connu de descente aux enfers, il s’agit plutôt d’une traversée du désert. Les épisodes où il s’est illustré ont en effet tous été salués par la critique, puis, la mascotte a servi de parrain aux Lapins Crétin, jusqu’à complètement disparaître du paysage. Son grand retour sur consoles apporte avec lui son lot de surprises puisqu’il s’agit d’un épisode entièrement en 2D, fait main, et diablement efficace. La finesse du trait, la construction des niveaux, l’humour et l’univers décalé de Rayman Origins est un ravissement. La bande-son faite de borborygmes et de compositions géniales achève de donner un cachet très fort au soft. La simplicité du gameplay tranche avec une complexité crescendo des défis que nous lance le jeu, jusqu’à finir avec des niveaux à la difficulté sadique, mais qui vous poussent à vous surpasser. Il ne faut pas avoir peur de dire qu’il s’agit là du meilleur jeu de plateforme 2D de ces dernières années. Néophytes et vieux loups de mers peuvent encore une fois être d’accord.

Le dico ludique

Beat’em All : « Battez les tous ! » si l’on traduit en français. Le Beat’em All est un genre de jeu ou l’on passe son temps à occire des vagues d’ennemis au nombre impressionnant. La saga des Dynasty Warriors, toujours vivace après un nombre incalculable d’épisodes, fait du beat’em all à grand spectacle. Diminuez le nombre d’ennemis, insufflez un rendu graphique digne de ce nom, et ajouter une sacrée dose de testostérone…Le Beat’em All, c’est aussi God of War et autres Hokuto no Ken (dans le genre parodique).

FPS à la Metroid : FPS pour « First Person Shooter » ou jeu de tir. Metroid pour une des plus prestigieuses sagas de Nintendo, aussi mythique que Zelda. Lors de son passage à la 3D, la saga Metroid est restée ancrée dans le jeu d’aventure labyrinthique, en gagnant la force immersive de la vue à la première personne. Le FPS est connu pour être peu prompt à proposer des phases de plateforme jouables, pourtant, Metroid dément cette vision des choses en intégrant des phases de plateforme d’une précision exceptionnelle, qui vient rajouter un peu de génie dans les trois épisodes Metroid Prime. A noter que leur disponibilité sur Wii justifie à elle seule l’achat de la console.

Madeleine: Référence littéraire à la madeleine de Proust, google is your friend.

NPC: Non Playable Character, ou Personnage Non Jouable. Tous les personnages qui existent dans le jeu et qui sont contrôlés par l’IA*.

IA: Intelligence Artificielle.

Oussama ZIOUCHI - N'tic n°62 (Janvier 2012)