Au carré vidéo-ludique du mois de mars

« La communauté de joueurs », voilà comment l’ensemble des gamers était encore nommé il n’y a pas si longtemps. Avec l’avènement du jeu de rôle en ligne massivement multi-joueurs, les médias reprennent désormais cette expression, « la communauté de joueurs », afin de faire référence aux millions d’individus derrière les avatars qui parcourent la Toile. Cela dit, au carré vidéo-ludique, il n’y a pas « une » mais « des » communautés. L’éclectisme n’est pas mort, mais un aficionado de la stratégie en temps réel a, à priori, un profil différent d’un adepte du shoot à la première personne. Dans la même ligne d’idées, la mémé qui se lance dans un Sing Star, n’a, à priori, aucune sensibilité pour un Warhammer 40000 : Dawn of War II, aussi grandes soient ses qualités. Quant à la connectivité indispensable à la construction d’une communauté de joueurs, elle ne se cantonne plus aux softs PCistes. Super Street Fighter IV 3D edition, jeu de baston de son état, fait de l’interconnexion entre les gamers son cheval de bataille, si bien qu’une communauté Street Fighter existe. Si une telle chose existe pour un jeu de Versus, elle peut exister pour n’importe quel autre soft vidéo-ludique. Nous gardons le métissage pour un autre numéro, place à une sélection de sorties du mois bien étiquetée, que chacun s’y retrouve.



Sous l’étiquette « action à la troisième personne », True Crime : Hong Kong

Nous l’attendions ce mois ci, mais, ô rage ô désespoir, l’éditeur Activision lâche le projet ! True Crime : Hong kong est un titre prometteur qui vous mettra dans la peau d’un certain Wei Shen, flic infiltré dans les milieux les moins recommandables d’une ville savamment modélisée. Quant à savoir quand, que d’incertitudes! Lors de ses précédentes apparitions, True Crime révèle un titre à l’action décomplexée, pensée pour donner un rendu cinématographique à l’ensemble, et s’harmonise avec le monde ouvert de Hong Kong qui réservera son lot d’à-côtés. Risquons nous à dire que sur le papier, True Crime surpasse même ce que GTA a l’habitude de nous servir, que ce soit en termes de gameplay, de réalisme, ou de profondeur scénaristique, qui joue ici sur la zone obscure entre le flic et le voyou que l’on incarne pour le plus grand intérêt…L’attente sera dure.

Sous l’étiquette « RPG », Pokemon Version Noire/Blanche

L’architecture ludique de Pokemon est l’une des plus subtiles qui soient. Les jeux Pokemon sont sur le fond d’une maturité qui explique l’hystérie collective qui suit chaque sortie d’un nouveau soft. Best-sellers, quelle que soit la génération de jeux Pokemon dans sa conception classique, si bien que les critiques n’émanent que rarement de ceux qui y ont réellement joué. La cinquième génération débarque avec des mécaniques optimisées, comme le combat de Pokemon en équipes de trois, ce qui ouvre la voie à des combinaisons et stratégies inédites. Pokemon Noir/Blanc est aussi le mieux réalisé de la saga, avec 156 nouvelles créatures et un nombre incalculable de bonnes idées qui en font un RPG d’une grande finesse. La DS n’a pas encore abdiqué devant sa successeuse 3D.

Sous l’étiquette « STR », Total War : Shogun II

Total War est une licence qui fait pas mal voyager. Après avoir fait le tour du monde des guerres historiques, la série de jeux de stratégie sur PC revient à ses premiers amours. Shogun, un terme qui, comme la madeleine de Proust, emmène certains vers le Japon féodal où l’aventure Total War a commencé. Après Rome, l’empire britannique, ou l’Europe moyenâgeuse, the Creative Assembly, le développeur perfectionniste, enfante un soft perfectionné. 77 territoires à conquérir avec votre chef des armées qui évolue tel un personnage de RPG dans un jeu aux rouages bien huilés, et qui est bien parti pour nourrir les nuitées blanches des plus fins stratèges.



Sous l’étiquette « MMORPG », Rift

Voilà un RPG massivement multijoueurs à grand potentiel. Certes, il demeure incontournable de le comparer au père fondateur World of Warcraft, mais ceci serait malavisé car bien que les mécaniques aient des points communs, Rift arrive à avoir une personnalité propre à lui, ce qui, dans le contexte actuel où l’on a essentiellement droit à de pales copies de WoW, est pour le moins rafraîchissant. L’idée de « rifts » ou « failles » qui ouvrent le chemin à de viles créatures peut sembler convenue, mais a en réalité une incidence originale sur le gameplay : quand lesdites créatures débarquent, tous les joueurs (ainsi que les Personnages Non Jouables) sont en danger, et doivent ainsi s’entraider pour repousser l’ennemi commun. Le tout emballé dans une réalisation plus qu’honnête et un système d’évolution du personnage qui permet assez de libertés pour renouveler l’expérience ludique. Une bonne pioche.

Sous l’étiquette « FPS », Crysis 2

Chaos urbain, avec New York comme terrain de jeu et de la vermine extraterrestre à dessouder pour passer le temps, Crysis 2 fait dans la sobriété efficace. La réalisation, moultes fois mise en avant, fait dans le SF grand spectacle, soutenue par un gameplay qui gravite autour de la combinaison futuriste du personnage, qui dope ses aptitudes, et permet l’utilisation de « pouvoirs », histoire de varier les plaisirs entre deux salves d’armes plus conventionnelles. Il est à noter que la combinaison permet d’autres douceurs vu qu’elle est au centre d’un système d’évolution du personnage qui permettra d’axer sur les compétences qui vous vont le mieux comme le déplacement silencieux ou la recharge rapide. Bref, du gros hit en puissance comme on les aime.

Sous l’étiquette « jeu de course », Driver : San Francisco

Tel un chat qui retombe sur ses pattes, la série Driver atterrit en douceur après une chute vertigineuse de plusieurs épisodes moyens. Comment sortir du bourbier dans lequel était enlisée la licence ? En trouvant LA bonne idée originale, qui offre un gameplay inédit. Quèsaco ? Eh bien d’incarner un personnage dans le coma ! Oui oui, un comateux qui conduit, c’est possible. Evidemment, tout cela se passe dans son inconscient, et dans le monde des rêves, tout est possible. Le malheureux Tanner peut ainsi se téléporter d’un véhicule à l’autre instantanément, imaginer ce que cela peut vouloir dire si vous essayez de semer des poursuivants ou d’attraper un fuyard! Oui, des courses poursuites de folie ! La réalisation n’est pas en reste et propose un univers à l’iconographie très 70’s et une centaine de licences de bolides pour faire mumuse avec. Espérons que ce retour prometteur ne fera pas fausse route !

N'TIC 53 / MARS 2011