Sacred 2


Faut-il avoir peur du niveau de l'adaptation ou se féliciter de pouvoir toucher à un hack'n slash dans nos salons?


Ancaria est un monde médiéval-fantastique comme les autres. C'est-à-dire qu'on s'y bat une épée enchantée à la main, qu'on y brûle les trolls sans ciller et qu'on s'y moque des elfes. Son originalité: la mystérieuse Energie T, quelque part entre le pétrole, le curaçao et le mutagène cher aux Tortues Ninja, qui donne au monde de Sacred une très légère coloration steampunk. Si les elfes ont su tirer parti de cette énergie pour se construire de vastes et glorieuses cités, il semblerait que, comme dans un film de zombies ou de Yann Arthus-Bertrand, elle soit en train de se répandre sur le monde et d'en faire muter les habitants. Fichtre.

Trop riche?

Avant d'aller contenir l'expansion de ce jus bleu à grands coups d'épée force + 12, il faut d'abord choisir parmi six personnages à incarner. Au choix: Séraphin, Haut Elfe, Dryade, Guerrier Noir, Inquisiteur ou l'étrange et robotique Gardien du Temple. Vous devez également choisir un alignement, ce qui conditionnera la façon dont se déroulera la quête principale. Déjà un bon point pour ce qui est de pouvoir rejouer à ce titre.
Rapidement, Sacred 2 délaisse toute linéarité. Il s'écarte des standards du hack'n slash pour aller chasser sur les terres des grands du jeu de rôle: le monde (70 km²) s'offre à vous sans limite, si ce n'est celles imposées par des ennemis trop puissants. Dans cet univers gigantesque, il ne tient qu'à vous de vous faire votre propre aventure, volant de quête en quête (plus de 500!) pour dessouder des armées de monstres et engranger expérience, runes et équipement.
Les runes dégotées sur les cadavres fumants de vos adversaires, parlons-en. Elles permettent d'apprendre des arts de combat (quinze par héros) que vous pourrez «upgrader», personnaliser, combiner, de façon à faire de votre avatar un personnage unique. Mais n'espérez pas maîtriser tous ces rouages dès votre première partie. Il manque d'ailleurs à Sacred 2 un vrai didacticiel: on se retrouve tout d'abord un peu paumé dans un univers d'une richesse à laquelle on n'est plus tellement habitué.

Un duel sous Lexomil

Tout cela est bien beau, mais est-ce jouable? La réponse est oui. Et non. Oui parce que les Allemands d'Ascaron ont fait des efforts pour adapter leur jeu sur nos consoles. Faute de souris, le personnage se dirige avec le stick gauche, et les boutons A, B, X et Y ont été transformés en raccourcis auxquels on peut affecter n'importe quelle arme ou sort. Et, comme les combinaisons du type LT+A, ou RT+Y sont possibles, on se retrouve avec pas moins de douze raccourcis à attribuer. Difficile de faire plus souple.
Il est d'autant plus dommage que la technique ait du mal à suivre. Niveau IA, il est très courant qu'un adversaire attende tranquillement que vous le trucidiez. Les accès au disque sont, eux, extrêmement fréquents. On ne peut pas trop en vouloir aux développeurs: 70 km² en streaming, ce n'est pas rien. Mais le jeu est énormément saccadé, et même la navigation dans les menus est d'une lourdeur… Une certaine mollesse qu'on retrouve jusque dans des combats, qui manquent de patate, où l'on a plus l'impression de se battre sous Lexomil que de «hacher et trancher» à tour de bras.
Les graphismes gênent aussi aux entournures. Certes, ce qui s'affiche sous nos yeux est généreux, détaillé et, de prime abord, assez flatteur pour l'œil. Mais, à bien y regarder, l'ensemble se révèle très chargé, flashy et fouillis, et en fin de compte un peu toc. Notons aussi que les animations font de la peine à voir, que la gestion de la caméra est calamiteuse et que le tout souffre parfois de problèmes de lisibilité (cette minimap!).

Les qualités de ses défauts

Pourtant, et malgré tous ses défauts, on ne saurait trop conseiller Sacred 2. Son univers gigantesque, ses innombrables quêtes (rarement inspirées, cela dit), ses possibilités virtuellement infinies en font un terrain de jeu dans lequel on se perd avec délice. Son gameplay complexe mais aussi riche que bien pensé n'y est pas pour rien. Et l'univers, tout générique qu'il puisse sembler de prime abord, déborde en fait de choses à voir et même d'Easter eggs («œufs de Pâques») planqués un peu partout, témoignant d'un sacré souci du détail. On se retrouve donc avec un jeu au petit parfum de MMO, et c'est d'ailleurs à quatre, en équipe d'aventuriers du même alignement, que Sacred 2 se révèle le plus fun. Cela dit, un mode deux joueurs en écran splitté existe également (offline, ou online avec deux comptes Gold). Alors, Sacred 2 est loin d'être parfait, mais il faut le prendre pour ce qu'il est: un immense jeu de bac à sable à la propreté douteuse, mais qui réserve aux collectionneurs des centaines d'heures de jeu, à la recherche de l'arme ultime ou de la pièce d'armure qui va bien.

Source: 01Net