"Le succès des chantiers TIC nécessite de mettre l’informatisation au service de l’Informatique"

Lors de la Journée Internationale des Télécommunications et de la Société de l'Information qui s'est déroulée le 17 mai dernier, Rachid Chabouni, Responsable TIC des comptes Algérie Télécom & Algérie Télécom Mobilis, et Solutions IT & Services Maghreb auprès d’Ericsson Algérie, est intervenu à l'Institut National de la Poste et des TIC (INPTIC). Son analyse a tourné autour de l'informatisation. Une analyse très pertinente. Jugez-en par vous-même... 

 

Concrétiser les projets TIC sur le terrain, c’est mettre au préalable les bases d’un chantier d’informatisation où l’informatique s’intègre dans la façon dont nous nous organisons, procédons et menons nos affaires. On entend par Informatique le matériel alors que par informatisation, on parle de processus.

Force est de constater que le domaine des TIC traduit la volonté gouvernementale de diversification de l’économie, dominée jusque-là par les hydrocarbures. Ce secteur, qui revêt aujourd’hui en Algérie une importance majeure au regard des nombreux projets à venir, constitue déjà à lui seul autour de 4% du PIB. Ce chiffre pourrait certainement progresser tant que les dépenses dans le domaine sont maintenues pour un objectif National et nécessaire à l’exécution de la stratégie de modernisation et de diversification de tous les secteurs.


Une rétrospective sur les 15 dernières années

Un retour en arrière de quelques années montre que l’Algérie a consenti des investissements conséquents et significatifs dans les réseaux de téléphonie fixe, mobile, les réseaux informatiques des organisations et des villes. Nous avons vu apparaître Internet du 15/15 au haut débit, pour le résidentiel ainsi que pour les entreprises, assisté au passage de la 2G vers la 3G puis vers la 4G/LTE. Nous avons aussi assisté à la naissance de nouveaux services à valeur ajoutée dans le secteur des transports, de la santé, de l’administration comme le Fichier National, soit une véritable révolution du " e-Gouvernement " mettant les problèmes du citoyen au centre des préoccupations de l’Etat.

En 15 ans de progrès dans la vie publique, dans la vie des entreprises et des citoyens, les technologies de l'information et de la communication ont joué le rôle de moteur, avec certes un début timide, mais aujourd’hui, il s’est clairement imposé comme un déclencheur de progrès. La société algérienne grâce à sa jeunesse (dans toutes ses dimensions : une nation souveraine, maîtresse de son sort depuis 1962 seulement avec un territoire aussi vaste que fertile et quasi inexploitée abritant une société dominée par la jeunesse dont 70% a moins de 35 ans !) aspire à une vie meilleure, moderne et prospère. Un seul message en ressort : il y a fort à faire car l’avenir approche à grand pas.


Les perspectives de l’avenir

Les TIC jouent en effet le rôle de locomotive. Pour amorcer la modernité et le progrès de la nation, il n’y a qu’une voie à emprunter par nécessité, par devoir et par besoin. En termes clairs :

 

- Par nécessité car les forces externes et internes font pression et confirment l’idée, ou plutôt l’objectif, de continuer les manœuvres en s’appuyant sur les TIC. Le monde est en mutation. L’Algérie n’est pas en reste, doit y faire face et s’y adapter. L’aspect sécuritaire et les nouvelles menaces exigent des décisions importantes, rapides et précises. L’information, elle, constitue la seule ressource à prendre en considération autant que l’or ou bien plus.

 

- Par besoin car notre société exprime souvent, de façon hâtive, des manques, des besoins qui sont bien légitimes. Il y a encore à améliorer le secteur de la sante, l’école, la finance, etc. Soit la nécessité de sortir de la dépendance des hydrocarbures et de développer la croissance indépendamment de cette ressource. Bref, il y a tout à développer, et cela passera par cette locomotive que sont les TIC.

 

- Enfin par devoir car l’Algérie est une nation forte, solidaire. Nous l’avons héritée des Glorieux, nous devons la transmettre aux générations futures. Nous avons le devoir patriote d’œuvrer à cela, afin de préserver la pérennité et la souveraineté nationale.

Les TIC ont créé, en l’espace de 15 ans, beaucoup d’emplois et le feront encore durant les prochaines années, qu’il s’agisse d’emplois directs ou indirects. La solution est dans l’approche, pas dans la poche.

Le contexte est différent. Aujourd’hui, tous les ingrédients sont réunis. Il faut cimenter l’ensemble par la matière grise, et puiser dans la ressource locale à qui l’innovation et la créativité incombent. Ainsi, concrétiser les TIC sur le terrain, c’est jeter au préalable les bases d’un chantier d’informatisation, où l’Informatique s’intègre dans la façon dont nous nous organisons, dans la manière de procéder et de mener les affaires. Il serait utile de dissocier l’informatique de l’informatisation. On ne peut réduire l’informatisation (ou digitalisation) à simplement l’informatique. Il ne suffit pas d’acquérir le matériel pour informatiser. L’informatisation est un processus complexe, une multitude de processus en interactions et qui ont un but ultime.

Façonner le service à consommer, imaginer le consommateur, préparer le consommateur, prévoir le comportement qui s’y adapte. Cette approche est d’autant plus importante si l’on regarde les tendances actuelles des télécoms, qui se battent pour se changer en acteur TIC. Le consortium Open Day Light (ODL), le SDN et NFV, deux idéologies complémentaires (l’une sur les réseaux, l’autre sur les couches IT), reposent sur la séparation du contrôle plane du data plane, où le HW devient une simple commodité. L’intelligence est retirée des box pour être virtualisée, automatisée, contrôlée et bien orchestrée.

Cette démarche serait un socle pour toute réflexion lancée dans les TIC : le matériel viendrait en dernier comme outil pratique et non comme une finalité.