Choisir son téléviseur... tout un art !

Certains se souviennent d’une époque où pour s’acheter un téléviseur, on devait se poser deux questions : « Quelle taille ? » et « Quel prix ? ». Sauf qu’en 2012, « consommer » est devenu une science technique : « Plasma, LCD, ou LED ? », une invitation à la méditation et à l’introspection: « Quels sont mes besoins réels ? », un dilemme permanent : « Est-ce que cette technologie est pérenne ? », une langue étrangère : « Smart TV, Blu-ray…antiflickering ?! ». Bref, le consommateur est devenu plus, bien plus qu’un simple acheteur. Les gammes de téléviseurs que proposent les constructeurs se mettent régulièrement à jour, ajoutant de la volatilité et un manque de lisibilité par rapport à l’offre. Pour autant, des repères stables demeurent, et le but est ici de les faire ressortir. A quoi correspondent les barbarismes affichés sur les produits ? A quelles questions dois-je répondre avant d’investir dans un écran ? Quelle échelle de prix pour telle ou telle gamme ? Début des festivités.


Plasma, LCD, LED... quèsaco ?

Trois technologies, trois familles, et un choix qui peut porter à confusion. D’abord, ces catégories ne présument aucunement de la finesse de l’image ou de la gamme du produit (un bon vieux plasma boosté en technologie Full HD ou 3D est un produit plus haut de gamme qu’un LED HD). Choisir parmi ces catégories influera sur le prix de votre produit, sur son poids et sa largeur, ainsi que sur sa consommation en électricité (dont on verra qu’il s’agit d’un paramètre négligeable pour le consommateur algérien). Disons qu’il s’agit là plutôt d’ une « base » sur laquelle vont s’incruster d’autres technologies, et c’est l’ensemble de ses ajouts qui font la qualité finale de l’écran.

Le plasma, déjà vieux ?

Le plasma utilise un mélange de gaz qu’un courant électrique illumine afin de créer l’image. Il constitue une technologie ancienne et amortie financièrement. Concrètement à résolution égale, un plasma coûtera moins cher que son cousin LCD ou LED pour une grande diagonale. Exemple : chez LG, le LED Full HD de 42 pouces coûte 99 990 DA, son quasi-jumeau plasma fait 65 990 DA. En ce qui concerne la qualité de l’image, il ne faut pas perdre de vue qu’elle dépend d’abord de votre source d’image, ce que l’on verra plus tard. On s’accorde à dire que l’image sur un plasma est plus « douce » que sur LCD, mais cela ne rend pas objectivement l’image plus belle quand on se situe dans la même gamme de produit. Il faut savoir que le plasma est plus épais que les autres, mais pour le consommateur, ce n’est généralement pas un drame d’avoir un écran épais de 5 cm plutôt que 0.8 mm, s’il est à la fois plus grand et moins cher. S’il fallait lui trouver un véritable bémol, c’est son manque de disponibilité. En effet, beaucoup de constructeurs bandonnent le segment plasma, jugé obsolète, au profit d’autres technologies. Heureusement, certains constructeurs prennent le segment plasma très au sérieux, une stratégie qui a payé pour LG qui annonçait en juin dernier dominer 50% du marché algérien dans les gammes plasma TV. Enfin, le plasma, cela consomme beaucoup d’électricité, mais pour amortir la différence de prix en faisant des « économies sur la facture électrique » grâce à un LED, il vous faudrait quelques dizaines d’années…

LCD, une technologie qui se bonifie. LED, une technologie déjà parfaite

Les LCD d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec leurs grands parents monochromes des années 80. L’évolution de cette technologie lui a même permis de devenir centrale sur le marché des téléviseurs. Les critiques sur le mauvais rendu des couleurs « trop claires » que le LCD a essuyé à ses débuts semblent déjà loin. Pour le consommateur, le LCD fait un compromis idéal taille/ rendu/prix. Dans des écrans à faible diagonale, un 32 pouces par exemple, le plasma n’existe pas, et le LCD colonise l’entrée de gamme. Aucune surprise alors que la plupart des téléviseurs vendus en Algérie sont des LCD. Le LCD, on peut y rajouter de la HD, de la Full HD, de la 3D, de la technologie Smart,… Le LED quant à lui se base sur des diodes électroluminescentes très peu gourmandes en volume et en électricité. Le rendu des couleurs est meilleur que sur certains LCD, et les écrans LED sont les plus plats du marché. Evidemment, cela se répercute aussi sur le prix. Exemple : un LCD Samsung Full HD de 40 pouces coûte 69 990 DA quand le LED Samsung de même taille et de même résolution d’image fait 92 990 DA (prix affichés après de récentes réductions). Plasma, LCD, ou LED, ce n’est donc qu’un critère parmi d’autres pour choisir sa télé.

A quelles questions dois-je répondre pour choisir ma télé ?

1-Quelle est ma source d’image ?

Voilà le fil directeur, la question primordiale à laquelle on doit répondre en priorité. La résolution est d’abord une affaire de source d’image : HD (720p, ce qui est plus fin est moins « pixellisé » que la résolution standard de la grande majorité des démodulateurs en Algérie) ou Full HD (1080p, la résolution optimale pour une finesse d’image saisissante, l’essentiel des sources d’image Full HD dans les chaumières de notre pays vient des consoles de jeu haute définition, la Xbox 360 en tête de liste). Est-ce que j’ai du contenu Full HD à afficher sur mon écran ? Si la réponse est : « Non, car mon démodulateur est HD, et non Full HD » alors je dois savoir que je ne percevrais aucune différence dans la qualité de l’image entre un Sony Bravia LED 3D (active) 46 pouces à 218 990 DA et son petit frère d’entrée de gamme LCD à 43 990 DA chez le même constructeur. Si vous avez un démodulateur standard et une Xbox 360, alors il faut savoir que seule la console de jeu poussera votre écran dans ses retranchements.

2-Quel budget y consacrer ?

Bien identifier vos besoins, et les ramener à l’échelle de ce que vous allez concrètement afficher sur votre écran permet déjà de réduire les coûts en évitant des dépenses superflues. Sur un marché de prix comme le nôtre, le pouvoir d’achat limite naturellement les choix du consommateur. Il ne faut en effet pas perdre de vue que certains téléviseurs font 5 fois le salaire moyen algérien, alors que pour le consommateur pour lequel ce même téléviseur a été construit (marché occidental), 5 salaires moyens lui permettent d’acheter un véhicule. Les constructeurs ne s’y trompent pas et pour beaucoup d’entre eux, la bataille des prix fait rage au premier plan sur le marché algérien. A l’échelle du consommateur, il est possible de se défaire de certaines options inutiles pour investir son pécule plus efficacement. Par exemple, on hésite entre un Toshiba LCD 40 pouces Full HD à 57 900 DA, et le même modèle juste à côté de lui un peu moins cher car dépourvu de port USB. Alors, USB ou pas ? Le port USB permet uniquement de lire des fichiers que l’on mettrait dans ladite clé. Déjà, si vous disposez d’un lecteur DVD ou DivX compatible USB, acheter un port USB sur l’écran ne sert à rien. Plus encore, si les seuls films que vous pouvez mettre sur votre clé sont issus de DVD piratés avec des fichiers à la résolution douteuse, votre Full HD ne vous montrera pas une image plus belle que celle que vous aurez sur votre PC. Résultat, le public réellement intéressé par le port USB est finalement assez marginal.

3D or not 3D ?

Après avoir parlé de la technologie Plasma/LCD/LED, après avoir passé en revue l’intérêt de la HD/Full HD, il est temps de se consacrer à la 3D. Avant cela, il est de bon ton de rappeler que la 3D est devenue possible quand la technologie a permis de fabriquer des écrans dont la fréquence est très élevée. Cette fréquence, affichée en Hz, renseigne sur le taux de renouvellement de l’image. En gros, plus elle est élevée, mieux on verra les mouvements rapides. Cela se traduit par exemple en regardant un match de tennis, avec une faible fréquence, la balle est floue et on voit une trainée jaune sur son trajet, alors qu’avec une fréquence élevée, la balle reste nette, et le mouvement est criant de vérité. Un écran qui se vante d’une fréquence élevée ne se vante donc pas de la finesse de son image statique, mais bien du rendu dynamique de l’image. Il est à noter que tous les écrans 3D sont Full HD, la mise en avant de la Full HD sur un écran 3D sert avant tout à rallonger le nom du produit pour en mettre plein la vue. Les offres 3D pullulent désormais sur le marché, dernier constructeur à avoir rejoint la danse, Panasonic avec son Plasma 42 pouces 3D (active) Smart à 125 000 DA. Une nouvelle gamme Panasonic à suivre d’ailleurs lors de son prochain lancement devant la presse. La proportion des écrans 3D par rapport aux ventes globales de téléviseurs ne cesse par ailleurs de prendre de l’importance, et si vous voulez prendre le train en marche, vous n’avez pas fini de répondre à des questions.

3D active VS 3D passive

Ce qui refroidit bien souvent le consommateur avant d’acheter un produit 3D, c’est le manque de contenu compatible. Renseignez-vous systématiquement sur l’existence ou non d’un convertisseur de contenu 2D en 3D. S’il existe, testez-le, et faites-vous votre propre opinion sur le rendu final. En effet, les vidéos de démonstration sont des fichiers 3D, et ces fichiers sont rares. Ce qui intéresse le consommateur, c’est de pouvoir visualiser n’importe quel contenu en 3D, ce qui présuppose de disposer d’un démodulateur HD et d’un écran capable de convertir l’image 2D en 3D. Une fois l’affaire du contenu 3D réglée, il reste à choisir entre les technologies « active » et « passive ». Le verdict est sans appel, la technologie passive, plus chère pour l’écran, et moins chère pour les lunettes, est largement meilleure en termes de rendu graphique. Angle de vue plus ouvert, plus grande luminosité, pas de scintillement (anti flickering), pas de fatigue des yeux ou de migraine,…etc. Trancher cette question est toutefois moins important que trancher celle du contenu. Exemple : le Plasma LG 3D (active) est vendu à 89 990 DA, quand le LED 3D TV de même taille (42 pouces), fait 149 990 DA.

Smart ou pas Smart ?

La Smart TV a l’avantage de pouvoir naviguer sur le Net, comme une sorte de smartphone géant que l’on contrôlerait à la télécommande, ou plus intelligemment à l’aide d’une manette à la Wiimote. Autant dire que faute de connexion internet permettant de faire un streaming HD en live (faute de bande passante de nôtre coté de la fracture numérique), la Smart TV ne peut être décemment utilisée par la quasi-totalité des consommateurs algériens. Si la Smart TV est fournie en option avec le produit que vous convoitez, il s’agit d’un plus appréciable, sinon, on pourra toujours utiliser Skype par les voies habituelles.

En conclusion, détailler l’ensemble de l’offre du marché en matière de télévision n’est pas une sinécure. Les quelques repères que nous avons indiqué servent avant tout à mieux faire la part des choses afin de se constituer son propre choix en la matière. Car après tout, les combinaisons sont telles qu’à chacun son téléviseur idéal.

Oussama Ziouchi - N'tic n°62 (Janvier 2012)