Quand N’TIC habille l’Homme Moderne. Episode 01 : Le téléphone d’homo sapiens 2.0

Le concept d’Homme Moderne se visite et se revisite sur le chemin de l’innovation. Que serait en effet homo sapiens 2.0 sans ses supers gadgets ? Smartphones, netbooks et autres outils révolutionnaires qui nous font nous demander chaque année : mais comment avons-nous pu vivre sans cela jusqu’ici ? La mode est aux technologies électroniques, et toute bonne «fashion-victim» visite les stores de solutions high-tech comme jadis visitaient-elles les magasins de haute couture. Nous allons donc faire un tour d’horizon de ces trouvailles qui redéfinissent ce qu’est un Homme Moderne, qui redéfinissent ce qu’est une nation évoluée dans un monde guère plus grand qu’un village informatique. Nous commencerons ce mois ci en explorant la consommation dans le domaine de la téléphonie mobile. Nous tâcherons de situer le consommateur algérien dans ce nouvel arbre de l’évolution. Est-il un Homme Moderne comme le veut la nouvelle norme ? Quelles perspectives s’offrent à nous à l’aube de la nouvelle année qui s’annonce ? La conso dans tous ses états, c’est tout de suite.



Conso Mobile : 34 millions d’abonnés, et moi et moi et moi !


La téléphonie mobile est certainement le meilleur exemple d’émancipation des nouvelles technologies de l’information et de la communication en Algérie. Quand nous y regardons de plus près, nous identifions trois caractéristiques inhérentes à notre marché :

Comme l’a si bien souligné Yacine Khellaf, directeur marketing de Samsung, « le consommateur algérien est très connaisseur ». Comparateur d’offres, à l’affut des nouveautés, et lecteur de magazines spécialisés (vous n’allez pas me dire le contraire!), l’engouement du consommateur algérien pour la panoplie de l’Homme Moderne n’est plus à démontrer. Ce qui explique en partie que sur le champ de bataille des smartphones, iPhone ait longtemps prit la tête des ventes, bien qu’il ne soit pas officiellement représenté. Si un produit sans promotion locale domine un marché, ce n’est pas tant la faute des stratégies marketing de la concurrence, c’est juste que le consommateur va spontanément étudier les offres, et se base sur une réelle connaissance de ces dernières pour passer à l’acte d’achat. Chose que Samsung semble avoir bien compris en ayant systématiquement précipité l’arrivée des dernières innovations sur notre marché, nous prendrons comme exemple leur écran super Amoled qui équipera le Galaxy et le Wave. Toutefois, ce qui introduit notre seconde caractéristique, les terminaux les plus high-tech sont loin de dominer le marché.

L’hégémonie de l’entrée de gamme


L’écrasante majorité des ventes de téléphones portables concerne les produits les moins onéreux. Un faisceau assez conséquent d’arguments vient expliquer cette orientation du marché. Tout d’abord, l’impact budgétaire que cela représente par rapport aux revenus d’un ménage moyen. Une machine à 30 000DA équivaut à deux SNMG sur notre marché contre 1/5 du SMIC sur les marchés où ces produits s’émancipent réellement, ceux des pays développés. Ensuite, un phénomène plus local, celui du manque d’attractivité des offres dernier cri. Un smartphone est conçu pour surfer sur Internet, ce qui n’a pas beaucoup de sens quand le but de l’acheteur se résume à téléphoner et envoyer des SMS. De surcroît, certaines des options proposées par ces terminaux ne seront disponibles qu’avec l’Internet 4G (la 3G n’étant pas prévue sur le calendrier) qui n’arrive qu’en 2012, dans le meilleur des cas. Historiquement, Nokia a longtemps mené la barque en Algérie et aura incarné le concept de portable accessible pour toutes les bourses avec son 1202, ou son prochain C1-00, le double SIM pas chèr. Samsung a beaucoup évolué sur l’entrée de gamme, mais annonce surtout l’arrivée prochaine de téléphones à clavier coulissant à «des prix imbattables de 12 000DA » ou encore « le tout tactile le moins chère au monde, le Champ à environ 6 000DA» et mise donc sur des offres se situant au dessus de la barre des 3 000DA, mais offrant plus de possibilités. Une étude de marché a en effet révélé que « le consommateur qui passe au tout tactile ne revient pas au clavier alphanumérique. Il reste sur le tactile ou investit dans un smartphone ».Mais ce n’est pas tout, notre troisième caractéristique, elle aussi explique la dominance de l’entrée de gamme.

L’effet double puces


Que ce soit pour faire des économies ou dans un but pratique, la majorité des consommateurs possèdent plus d’une puce. De ce fait, nous achetons souvent deux machines, ce qui explique que nous nous rabattons sur l’entrée de gamme. Les portables double SIM constituent un nouveau cheval de bataille pour les constructeurs. Nous citerons par exemple LG avec ses GX200 et GX500, les « mobiles sur mesure» pour ceux qui ne jurent que par le double SIM. Cet élément est crucial et à prendre en compte pour évaluer le nombre d’algériens qui utilisent le téléphone, 34 millions de lignes avec 58% de doublons, cela donne 24.2 millions d’abonnés différents, un score très satisfaisant si nous nous contentons de ce paramètre pour évaluer notre degré de modernité dans le village informatique. Cette démonstration soutient que nous y sommes en termes de quantité d’abonnement mais pas encore en termes de qualité et de diversité des fonctions qu’assurent les téléphones des algériens. La voie vers la sophistication est cela dit bien entamée, preuve en est qu’aucun constructeur n’en démord avec la pullulation des smartphones qui ne semble pas connaître de limite.

Pour conclure en ce qui concerne le volet téléphonie mobile, l’algérien est bel est bien expert en la matière. La culture du consommateur contraste cela dit avec la tendance réelle du marché. Manque d’attractivité autant technique que financière de l’Internet mobile, grosse hésitation avant de se jeter à corps perdu dans le tout tactile. La multiplication du nombre de portables qui accompagne celle des puces téléphoniques sont autant d’éléments qui expliquent la frilosité de la majorité à sauter le pas et mettre deux mois de salaire dans un terminal (le pas en question étant en lui-même une bonne raison de ne pas sauter ledit pas). Cela dit, il y a de quoi se réjouir à la vue de la guerre des prix qui promet des solutions plus accessibles. Une banalisation du téléphone intelligent ne peut se concevoir qu’avec la banalisation des accès Internet sans fil, et là nous pourrons dire que l’Homme Moderne algérien possède bel et bien toutes ses parures. Ces dernières ne se résument pourtant pas au téléphone. Que possède l’Homme Moderne de plus dans un monde où nous sommes encore trop souvent ce que nous avons ? La conso dans tous ses états, c’est aussi au prochain numéro !

ZIOUCHI Oussama