Contenu DZ : un patient en "Etat" critique

Numéro dossier: 76

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A propos d’e-Algérie


NTIC : e-Algérie représentait un véritable espoir pour tout amoureux de TIC en Algérie. Pourquoi ce projet a tant de mal à se concrétiser selon vous ? Et que pouvons-nous en attendre ?

Ali Kahlane : « Malheureusement, e-Algérie, nous y sommes rentrés et, en 2013, nous y sommes encore et même un peu plus, puisque nous sommes à l’orée de son deuxième trimestre. Nous aurions dû commencer à faire les bilans de ce plan lancé au début de l’année 2009 tambour battant. L’un des nombreux objectifs d’e-Algérie était de permettre à 6 millions de foyers d’avoir accès à un ordinateur. Actuellement, moins d’un million de foyers en serait muni. Il aurait dû permettre à la moitié d’entre eux (3 millions de foyers) de se connecter à Internet, nous comptons moins d’un million d’abonnés.

La 3G aurait du avoir permis d’augmenter substantiellement le nombre de connectés à Internet au moyen du haut débit mobile. Le projet e-Algérie comportait 1 010 actions supposées propulser notre pays dans le concert des nations ayant maîtrisé les TIC. Pour le bien du citoyen à travers la mise en place de services en ligne, pour le bien de l’entreprise en lui permettant de moderniser ses outils de gestion. Pour lancer, suivre et réaliser ces actions, il aurait fallu un Chef de Projet. e-Algérie n’en avait pas et n’en a toujours pas.

Les TIC sont transversales à tous les secteurs, elles ne peuvent dépendre d’un Ministère donné. Ce dernier ne peut raisonnablement donner des instructions aux autres. Il faut créer une structure, une délégation chargée de mener à bien la mise en place d’un tel projet. Elle serait ce Chef de Projet qui nous manque tant. Pour essayer de rattraper ce retard, nous devons être guidés par une démarche pragmatique. Nous avons les hommes. Nous savons que la bataille pour le développement passe par la maîtrise des TIC. Nous savons aussi que la mondialisation impose de nouveaux paradigmes. Pour cela, il nous faut six fondamentaux.

Le premier, comme dit plus haut, serait une délégation, indépendante et transversale à tous les secteurs pour les études et les conseils (relevant de la présidence ou du Premier Ministre). Le deuxième est une politique globale, une espèce de mini e-algérie réaliste et réalisable. Le troisième serait un ensemble de stratégies sectorielles ainsi qu’intersectorielles, au moins autant de stratégies qu’il y a de secteurs ministériels. Le quatrième serait des appuis techniques tels que le Cerist et l’ESI pour la formation de la ressource humaine nécessaire, de la veille technologique, et du développement de la recherche. Le cinquième serait des partenaires fondamentaux tels que l’ARPT, les opérateurs télécoms (AT, OTA, Wataniya,...), les associations professionnelles (Aafsi, Aassel et Aita), et tous les prestataires de services publics et privés. Enfin, le sixième et dernier fondamental serait les sources de financement qui proviendraient du prélèvement d’une taxe spéciale sur les revenus des opérateurs téléphoniques et d’une partie des avoirs de l’ARPT auxquels nous y adjoindrons les revenus de la gestion du .dz.

Dans la majorité des pays, y compris nos proches voisins, nous remarquons que les subventions des TIC par les pouvoirs publics sont rarement nécessaires, exception faite pour la formation de base et certaines activités de recherche et développement ».