Younès Grar : "on peut espérer lancer la 4G d'ici 18 à 24 mois"

C'est dans un entretien accordé au quotidien L'Expression que Younès Grar, consultant en Technologies de l'Information et de la Communication, a fait part de ses craintes quant à l'avenir des TIC dans notre pays...


Moussa Benhamadi, Ministre de la Poste et des TIC, annonçait dernièrement le lancement commercial de la 3G dès le 1er décembre. L'Autorité de Régulation de la Poste et des TIC a en effet lancé un appel à la concurrence national en direction des opérateurs établis et exploitant un réseau de télécommunications mobiles en Algérie pour l’octroi de 3 licences d’établissement et d’exploitation de réseaux publics de télécommunications mobiles de troisième génération et de fourniture de services au public. Les opérateurs téléphoniques ont donc jusqu'à fin novembre pour se préparer et mettre à la disposition des Algériens cette fameuse technologie qu'ils attendent depuis 2004 déjà.

Alors que le PDG d'Algérie Télécom, Azouaou Mehmel, confiait récemment qu'il n'avait aucune crainte quant au lancement de cette technologie, Younès Grar pense lui que vu les moments difficiles que vit l'opérateur (le nombre de lignes fixes n'évolue pas tout comme le nombre d'abonnés à l'ADSL, des débits faibles et instables, des coupures répétitives,...), " il est tout à fait normal que les gens vont se rabattre sur les offres 3G dès qu'elles seront disponibles sur le marché. Surtout que les offres 3G permettront un débit semblable à l' Adsl actuel (512 kbps ou 1 Mbps). Ailleurs les opérateurs fixes offrent un débit de 20 Mbps sur l' Adsl et des débits atteignant 100 Mbps et plus grâce à la fibre optique, c'est pour cela qu'ils arrivent à résister à la venue de la 3G. Donc la peur sur l'avenir d'Algérie Télécom est fondée. Mais jusqu'à quand doit-on la défendre ? Tous les opérateurs historiques à travers le monde se portent bien et il est temps que l'on se penche sérieusement sur l'avenir de notre opérateur historique qui connaît des problèmes de gestion et de management ".

Younès Grar est donc inquiet quant à l'avenir des TIC en Algérie : " lorsqu'on sait que des pays comme la Somalie, l'Afghanistan, le Rwanda disposent depuis quelques mois de la technologie 3G, on doit s'inquiéter sérieusement de l'avenir des TIC en Algérie. Plusieurs organismes internationaux ont classé l'Algérie en bas du classement des pays qui ont adopté les TIC. Le Forum économique mondial a classé l'Algérie à la 131e place sur 144 pays dans l'utilisation des TIC en se basant sur des paramètres mesurables et disponibles sur un document de plus de 400 pages et appliqués à l'ensemble des 144 pays. Et on se permet de remettre en cause ce classement en criant au complot contre l'Algérie. Le site Netindex qui mesure la vitesse de connexion Internet a classé l'Algérie à la 181ème place sur 186 pays. L'Angola, par exemple, occupe la 110ème place, la Mauritanie, 91ème place, Madagascar, la 62ème place. La place de l'Algérie dans le monde des TIC nous interpelle avec insistance afin d'ouvrir rapidement un débat large et courageux pour prendre les mesures nécessaires pour corriger le tir et essayer de rattraper ce retard ".

Selon lui, si les délais de la 3G sont cette fois-ci respectés, on peut espérer un lancement de la 4G " d'ici 18 à 24 mois ". Encore faudrait-il qu'ils soient respectés...