La 3G, un luxe ou une nécessité ?

La position actuelle d’Algérie Télécom comme seul fournisseur d’accès à Internet est une lourde tâche. Les problèmes d’accessibilité et de continuité de service que subissent certains de ses clients confirment que l’unique acteur de ce marché peine à répondre seul à une demande croissante. Attirés de surcroît par la possibilité d’avoir une connexion mobile, ces derniers n’hésitent plus à se tourner vers les offres 3G des opérateurs mobiles, sauf peut-être ceux qui ont été découragés par les tarifs proposés. Et puis, il y a ceux qui sont satisfaits de leur connexion Internet et qui consomment de la 3G ponctuellement, en cas de nécessité absolue ou quand ils sont en déplacement. Enfin, lorsqu’ils arrivent à capter le précieux signal…

 

Envoyer des mails, consulter son compte bancaire, discuter avec ses amis ou chercher un emploi sur des sites spécialisés sont des actions devenues courantes, parfois vitales, mais elles ne sont réalisables qu’à condition d’être connecté au web. De ce fait, nous sommes devenus à la merci des détenteurs de l’accès à la Toile et devons subir leurs insuffisances ainsi que leur dictat des prix. Si d’un côté, j’arrive à comprendre (partiellement) le besoin de rentabiliser les investissements consentis pour développer les infrastructures qui sont indispensables, je ne pourrai jamais admettre le fait que l’on paie pour un service qui n’est pas assuré entièrement et correctement pendant toute la durée de l’abonnement. Ceci est valable aussi bien pour la connexion domestique fournie par Algérie Télécom que pour la connexion en 3G – via une clé ou sur smartphone – allouée par les trois opérateurs de téléphonie mobile.

Lorsqu’on dispose d’une connexion à Internet chez soi et à son lieu de travail, disposer en plus d’un forfait 3G peut sembler être un luxe ou même un gaspillage si celui-ci n’est consommé qu’en partie pendant la durée autorisée. Par contre, l’impossibilité d’avoir un accès à Internet à la maison contraint les usagers à n’avoir recours qu’aux offres 3G de Djezzy, Mobilis ou Ooredoo afin de bénéficier du web et de ses avantages. Par conséquent, une interruption de service, ou l’absence de couverture réseau pour ces clients, est plus qu’un désagrément et peut être synonyme d’isolement du monde. C’est ce qui m’a été permis de constater lors d’un séjour dans un village qui se trouve dans les montagnes de Kabylie.

En effet, en plus de ne pas pouvoir profiter des offres classiques d’Internet, c’est-à-dire l’ADSL et la 4G LTE, certains de ces villageois habitant des communes qui ne sont toujours pas couvertes par les réseaux 3G mobiles sont tout bonnement privés de la Toile. J’y ai croisé quelques-uns, surtout des jeunes, qui rejoignaient des endroits bien précis à une plus haute altitude afin de capter le signal émis par des réseaux installés dans des communes voisines (pas mon cousin qui préfère plutôt rester dans son jardin et prendre soin de ses figuiers!). Cela leur permet pour un moment de recevoir leurs mails et bien évidemment d’échanger avec leurs amis sur les réseaux sociaux. A moins de 150 km de la capitale, telle est la situation de nos compatriotes. Je n’ose même pas penser à nos frères et sœurs des petits patelins au fin fond du pays.

Pour ceux-là, la question de la nécessité de la 3G ne se pose même pas. Ne serait-il donc pas judicieux d’aider ces gens par des forfaits accessibles financièrement ou par des subventions de l’Etat qui soient prioritairement ciblées (exemple : les étudiants) en attendant de doter ces contrées de réseaux ADSL ou de la fibre optique ? Les opérateurs ont d’ores et déjà un coup à jouer avec les offres clés USB 3G qui devraient, à mon sens, être plus développées et nettement moins chères que les forfaits mobiles pour leur usage domestique et professionnel.

Quoi qu’il en soit, il est important de mener une réflexion sur l’importance d’avoir accès à Internet et à quel prix, ainsi que du rôle des institutions publiques si ce domaine serait considéré comme un droit pour les citoyens (et figurerait dans ce cas parmi la liste prioritaire des services publiques pris en charge par l’Etat). Mais il faudrait surtout libérer le marché en permettant, comme cela se fait ailleurs, à des acteurs solides comme les opérateurs télécoms d’offrir des abonnements Internet ADSL et fibre optique voire même du triple play (Internet + téléphonie fixe + télévision et vidéos à la demande) car ce ne serait pas du luxe, contrairement à la 4G qui commence à pointer le bout de son nez alors qu’elle coûte plus chère et serait donc commercialisée à des tarifs plus élevés, et ce avant d’avoir atteint une utilisation optimale de la 3G.