Après les écrans plats, place aux écrans souples

Après la révolution des écrans tactiles popularisés par l’iPhone d’Apple, la prochaine grande innovation dans le domaine High Tech pourrait être celle des écrans flexibles. Cela risque bien de bouleverser plusieurs secteurs et ringardiser toute notre armada actuelle de gadgets interactifs, ce qui pourrait faire le bonheur de l’entreprise qui en fera son fer de lance, en accaparant un immense marché au vu de l’importance de nos smartphones et tablettes dans la vie quotidienne.

 

Au-delà de l’aspect lié à l’indestructibilité de ces écrans souples, ils apportent un véritable nouveau souffle aux appareils nomades en augmentant la taille possible d’affichage sans gêner les utilisateurs qui pourront les plier et les glisser dans leurs poches. En attendant que ce geste devienne anodin, les grandes firmes de ce monde se livrent une bataille acharnée pour accaparer cet opportunité. Voyons donc l’objet de leurs querelles.

Premiers pas à travers les écrans incurvés

L’image qui nous vient à l’esprit à l’évocation d’écrans flexibles est celle de films de science-fiction où toutes les surfaces sont recouvertes d’écrans. On y voit les gens y tapoter leurs requêtes et glisser d’une image à l’autre à travers les objets du quotidien. Pourtant, les barrières technologiques qui nous séparent de cette utopie s’effritent une à une, on commence déjà à voir les premières prémices d’un monde fait d’écrans souples.

L’avant-garde est représentée par les écrans incurvés qui sont commercialisés à grande échelle dans le domaine des téléviseurs haut de gamme. Il s’agit d’écrans légèrement courbés sur les bords latéraux, offrant une sensation d’immersion totale et captant mieux l’attention de l’oeil. Equipés de la technologie OLED, ils représentent les meilleurs téléviseurs actuellement sur le marché…et les plus chers.

Au CES 2014 de L as Vegas, LG a même présenté un prototype de téléviseur avec écran souple OLED de 77 pouces, qui a un angle de courbure modifiable au gré des envies du téléspectateur. Samsung a aussi répliqué avec un modèle de 84 pouces ayant les mêmes propriétés, confirmant que le nouveau challenge des fabricants de téléviseurs n’est plus l’unique course vers une définition toujours plus élevée mais se situe du côté de ces écrans courbés. Des smartphones à écran incurvé ont également vu le jour comme le Galaxy Round de Samsung qui pivote autour d’un axe horizontal et le G-Flex fabriqué par LG qui pivote autour d’un axe vertical.

Ce sont des appareils venus briser la monotonie des écrans plats et attirer les « Early adopters », ces acheteurs en quête de la moindre brise de nouveauté pour la happer avant les autres, et qui apprécieront leurs looks uniques. Ces derniers devraient aussi être attirés par la robustesse de ces écrans, qui promettent une quasi-indestructibilité avec la disparition du verre plat qui faisait craindre les chutes de téléphone. Enfin, Samsung apporte une touche écolo concernant son nouveau smartphone, arguant que leurs écrans en plastique seront source d’économie de matériaux appréciables.

Bluff commercial ou vraie révolution ?

Les écrans incurvés sont une bien maigre prouesse en comparaison des promesses qu’offrent les écrans souples. Mais le grand souci actuel réside surtout dans l’impossibilité de rendre flexible tous les composants de nos téléphones, ce qui condamne ces appareils à n’être que partiellement flexibles à travers leurs écrans uniquement. Mais on peut parier que ce n’est qu’une question de temps avant que cette problématique ne soit résolue, tant le marché paraît juteux pour les géants des nouvelles technologies.

Déjà, l’idée principale semble s’être imposée d’elle-même aux ingénieurs. Il s’agit d’utiliser une fine pellicule plastique dénuée de couleurs et d’y étaler une couche électroluminescente organique de diodes. C’est là toute la différence avec les écrans classiques où on utilise le traditionnel silicium, remplacé ici par les polymères et leur incroyable capacité à se tordre.

On peut s’attendre à encore beaucoup d’innovations futures, grâce aux progrès de la nanotechnologie qui permettra d’assembler plus aisément ces éléments et aux nouveaux matériaux dont on commence tout juste à découvrir les propriétés comme le Graphène. L’université de Cambridge a ainsi opéré récemment une percée dans cette optique en dévoilant un écran monochrome en Graphène utilisant une nouvelle technique capable de réduire les coûts de production.

Ces évolutions permettraient de relancer l’intérêt pour les smartphones, qui font face à une saturation du marché et à un renouvellement lent des appareils, au vu de leur cherté et du peu de différences qui séparent deux générations de téléphones. La faute au manque d’innovations sensationnelles qui frappe le secteur depuis la première génération d’iPhone. Les téléphones se succèdent en accroissant leurs tailles, puissances et caractéristiques mais n’offrent aucun nouveau fondement.

Aujourd’hui, on est encore au stade des prototypes futuristes tel le Portal 600, un pseudo-téléphone avec un écran OLED en polycarbonate souple, une batterie flexible lithium-ion et toutes les caractéristiques d’un téléphone haut de gamme. Il peut se porter au poignet à la manière d’une montre en épousant les formes du bras ou s’insérer aisément dans n’importe quelle poche. Mais ceci n’est qu’une goutte d’eau dans un océan de possibilités, car la production de cet appareil n’est pour le moment pas possible vu les coûts très élevés des matériaux utilisés.

Au-delà du smartphone, les écrans souples pourraient s’incruster dans notre environnement et réaliser plus aisément la vieille utopie du tout connecté, vu que la nature des surfaces ne serait plus un obstacle. On pourrait remodeler absolument tous les appareils qui régissent l’univers du multimédia et de l’information.