Parlons de contenu.DZ (3ème partie)

Discutant avec certains d’entre vous ayant lu les deux premières parties de cette analyse sur le contenu .DZ, deux questions revenaient systématiquement :
1. Que faut-il faire pour que le secteur se développe en Algérie ?
2. Comment construire un projet d’application « viable » ?

 


Nous avions abordé dans les deux précédents articles, les tendances mondiales ainsi que les freins bloquant l’émergence d’une telle industrie en Algérie. Nous allons cette fois parler de la partie pleine du verre pour commencer et enchaîner avec un balayage des principaux business modèles à succès. Commençons donc pas les différents leviers qui me permettent d’être optimiste quant à l’émergence d’une industrie de l’applicatif mobile en Algérie. 

Pour commencer, nous sommes un marché vierge comme le démontre le graphique à côté proposant le niveau de production d’application mobile par région fin 2013.

Nous avons une population jeune, pour ne pas dire très jeune ! Plus de 85% de la population a moins de 45 ans dans notre pays au moment où j’écris ces quelques lignes, et il est indéniable que les jeunes d’aujourd’hui ont des connaissances et une aisance bien plus grandes que ceux d’il y a 15 ou 20 ans !

Quand j’étais à l’université, très peu de personnes disposaient d’un ordinateur à la maison (ne parlons pas des laptops qui étaient prisés même au sein des entreprises où j’ai commencé à travailler!). Cette aisance avec les nouvelles technologies et la disponibilité des outils à grande échelle (qui sont déjà devenu des objets indispensables à notre quotidien) impliquent que les efforts à fournir pour maîtriser les outils nécessaires au développement d’applications mobiles deviennent plus simples. Mais aussi et surtout ces technologies sont aujourd’hui plus accessibles à une population de « non spécialistes ».

Presque n’importe quelle personne désireuse de se lancer dans le développement est capable de le faire pour peu qu’elle dispose d’une connexion internet, d’un minimum de logique et de temps ! Nous pouvons donc avoir une pléthore de fournisseurs de contenu !

Mieux encore, notre retard vis-à-vis du développement de l’internet en Algérie fait qu’aujourd’hui des technologies (comme la 3G) représentent non seulement une avancée technologique (relative) dans notre pays, mais le prix des terminaux qui permettent d’y accéder sont bien plus en adéquation avec le pouvoir d’achat de l’algérien moyen que celui des terminaux de dernière génération destinés (pour le moment) à un public de privilégiés ! Nous avons donc également un marché potentiel qui ne cessera de croître !

Nous voyons depuis le lancement de la 3G que les opérateurs locaux se mettent à multiplier les opérations séduction auprès notamment des universités offrant un enseignement technique, et parfois carrément ouvertes à toute personne ou entreprise désireuse d’entreprendre dans le domaine des nouvelles technologies. Le lancement prochain de stores d’applications mobiles proposant du contenu .DZ est donc à la mode et devrait le rester un moment si de bonnes idées et une concrétisation correcte sont offertes au grand public qui n’attend que ça.

Nous avons donc aussi un trait d’union entre ces fournisseurs potentiels et ce marché promettant une croissance exponentielle ! Bien que ces traits d’union n’ont pas encore atteint le niveau de maturité requis pour allumer la mèche.

Les quatre éléments plus haut démontrent qu’il existe un terreau fertile qui ne demande qu’à être exploité. Il ne reste que quelques éléments comme le développement de l’e-paiement, auquel les opérateurs peuvent proposer une alternative comme le M-paiement (paiement mobile) ou comment utiliser son crédit ou sa facture pour acheter du contenu (ce qui me semble être la meilleure solution actuellement pour notre marché).

Une fois que les opérateurs entrerons dans une logique de réalisation (ils sont tous en mode conceptualisation), ce qui arrivera dès que l’un d’entre eux entrera en phase commerciale de son store, nous commencerons à voir une réelle effervescence autour de cette industrie dans notre marché. Je pense personnellement que d’ici la fin de l’année en cours, les choses devraient considérablement bouger.

Venons-en à présent à ce public de « GEEKS  » qui se pose des questions sur la méthodologie de réaliser son application mais surtout sur le business modèle à suivre pour la rendre viable auprès des consommateurs !


Il est important de comprendre que l’élément primordial qui fera de votre application une application viable et intéressante pour le public, n’a rien à voir avec votre talent de développeur quel qu’il soit ! Mais plutôt avec votre sens des réalités, d’identification des besoins et d’analyse de votre marché potentiel ! Arrive par la suite la manière dont vous comptez monétiser cette application, c’est le mix de l’ensemble de ces éléments qui vous permettra de sortir l’application gagnante dont les utilisateurs ne pourront se passer ! Afin d’étayer mes dires plus haut, voici quelques chiffres qui le prouvent :

- 41% des applications Android, 65% des applications iOS et 69% des applications Windows Phone, sont des applications « Zombies » (< 10 commentaires et aucune mise à jour depuis leur mise en ligne) ;

- 3 mois après le téléchargement d’une application, seuls 24% des personnes en moyenne la réutilisent;

- 1 an après son téléchargement, moins de 4% des personnes l’utilisent encore.

Si le concept est international, l’incitation à la consommation est bien locale elle ! Mais ce n’est pas tout. De plus en plus, les développeurs d’applications se dirigent vers un business model « FREEMIUM », plus connu sous le nom IAP (In App Purchase). L’application est téléchargeable gratuitement puis propose du contenu ou des options payantes, généralement utilisée pour les jeux (Candy Crush en est l’exemple parfait).

Il est possible d’imaginer ce type de Business Model pour d’autres types d’applications. Les chiffres démontrent d’ailleurs que la tendance sur ces dernières années va clairement vers de plus en plus d’applications proposées et téléchargées gratuitement.

Reste encore la question : combien pourrais-je tirer de mon application? Eh bien, encore une fois les tendances mondiales démontrent que les prix et le nombre de téléchargements par utilisateurs diffèrent selon les plateformes d’après une étude Gartner réalisée début 2014 :

- Le nombre de téléchargements par mois et par appareil sur iOS devrait passer de 4.9 en 2013 à 3.9 en 2017. Sur Android, de 6.2 à 5.8. D’ici 2017, 90% des téléchargements d’applications s’effectueront dans les App store d’Apple et Google.

- Les prix moyens d’applications sur les différents stores :


- iOS = 3,49 € soit approximativement 373,43 DZD ;
- Android = 1,73 $ soit approximativement 185,11 DZD ;
- Windows Phone = 2,03 soit approximativement 217,2 DZD.

Cependant, il est à noter que les modèles IAP sont bien plus rentables car assurant un revenu récurrent sur le long terme (bien que cela demande plus d’efforts en termes de développement). Ce type de business model représente en moyenne 17% des revenus des stores et il est attendu que ce ratio grimpe à hauteur de 48% des revenus générés en 2017.

Pour terminer, je vous invite comme d’habitude à discuter du sujet lors du prochain chat Facebook programmé par N’TIC Magazine. Restez à l’écoute.