Technologies mobiles : bilans et perspectives

Numéro dossier: 106

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4G mobile : ce n’est pas pour demain, parole de Ministre

 

C’était le Lundi 02 Novembre 2015, en direct sur les ondes de la radio chaîne 3. L’invitée n’est autre que la Ministre de la Poste et des TIC, Houda-Imane Faraoun et le sujet n’est autre que la 4G. On attendait une date, à court ou moyen terme
pour le lancement de la 4G mobile. Une perspective, au pire, quant au lancement de cette technologie, dont on a tant entendu et qu’on a tant attendu. On nous avait préparé à cela, au très haut débit rapide et sans fil. Mais voilà, la Ministre qu’on remercie pour sa franchise n’est pas sur la même longueur d’onde que nous, consommateurs. Sur les ondes de la chaîne 3 où elle intervenait en direct, Houda-Imane Faraoun a avoué temporiser avant l’entrée en service de la 4G pour cause de viabilité économique.

En des termes plus simples, la 4G ce n’est pas pour demain. Les autorités, comme les opérateurs, ne sont pas sûrs que le lancement de la 4G soit rentable économiquement. Est-ce une demande des opérateurs eux même ? « Absolument », répond la Ministre. Et on peut le comprendre. Il faut dire que l’extension de la 3G à tout le pays n’est pas encore terminée. La qualité n’est pas au rendez-vous, et l’Algérie est l’un des rares pays au monde à connaître encore des black-out (coupure totale d’Internet dans tout le pays) à cause d’un simple câble sectionné en mer par un bateau étranger. Bref, ce n’est pas étonnant. Evidemment, les autorités ne restent pas les bras croisés face à cette situation. Ils s’activent et pour nuancer ses propos, la Ministre a annoncé d’autres chantiers comme l’installation d’un nouveau câble internet entre Oran et Valence, puis un second entre Alger Valence. Des chantiers dont le montant s’élève à 36 millions d’euros.

Mieux, elle a indiqué la baisse probable et prochaine des prix d’Internet. On ne sait pas quand, on ne sait pas comment, mais les prix d’Internet vont baisser. C’est une volonté de la Ministre pour permettre l’accès au web à tout le monde. Reste que la bataille à mener est celle du contenu, dont la clé est l’environnement qui entoure les TIC en Algérie. La Ministre le sait, elle le dit, elle promet de faire quelque chose. Wait & see.

 

Les autres technologies mobiles

 

Pas de box, pas de triple play. Il n’y a pratiquement aucune technologie mobile innovante en expérimentation en Algérie. Les technologies mobiles chez nous se résument à la 3G, question de priorité. Evidemment, une fois qu’ils ont lancé la 4G, qu’ils ont disposé de box, de GPS en tous genres et autres objets connectés, les pays à la pointe de la technologie expérimentent les voitures sans chauffeur, l’assistance médicale personnalisée et à domicile et une série d’autres technologies mobiles qui changeront les vies de ceux qui en profitent. Mais chez nous, nous n’en sommes pas encore là.

Toutefois, tout n’est pas perdu. Même si les acteurs du domaine avancent à pas comptés, des tentatives ici et là existent, faut-il le faire remarquer. Ainsi, depuis plus d’une année, le WiFi de rue est en expérimentation dans les rues d’Alger par l’un des 3 opérateurs installés en Algérie. Il sera prochainement étendu aux campus universitaires, et aux salons et foires, à la Safex et aux grands centres urbains. Les gens pourront s’y connecter à partir de 100 dinars, dehors, en se posant seulement à côté d’une des bornes internet installées par l’opérateur. Certes, l’engouement n’est pas celui de la 3G ou la 4G LTE, mais la curiosité et l’intérêt des consommateurs sont là. Pour peu que son utilisation soit plus pratique.

Il y va de même pour d’autres technologies, plus ou moins destinées aux professionnels, cette fois proposées par des fournisseurs privés d’accès à Internet, comme le système de vidéo-conférence plus fiable que Skype, l’envoi de SMS en masse, l’envoi de e-Fax, ainsi que des solutions de connexion internet sans fil plus pratiques lors de déplacement dans les chantiers du Sud par exemple et autres No man’s land qui existent dans notre grand pays. Et à la vitesse où le marché algérien du mobile et de l’internet mobile avance, les retards peuvent être rattrapés pour peu qu’on y mette les moyens. En un an, le marché de la 3G en Algérie a cru plus rapidement qu’en 6 années chez nos voisins marocains. De quoi rester optimiste.


Les technologies mobiles chez nos voisins

 

D’abord en France où la 3G est entrée dans les moeurs. Avec un territoire convenablement couvert, une concurrence des plus féroces, et surtout l’arrivée d’un opérateur dit low-cost qui a bouleversé le marché, la 3G est en pleine expansion, et la guerre des prix est une aubaine pour les consommateurs, alors que le débit peut dépasser les 5 Mb/s. La 4G, bien plus rapide, souffre d’une couverture pas très équitable selon que l’on soit au Nord, au Sud, à l’Est ou à l’Ouest mais en termes de qualité, celle-ci est impeccable sachant que le débit peut atteindre 24 Mb/s chez l’un des opérateurs. Un rêve !

En Tunisie, la 3G couvre elle 90% du territoire. Les Tunisiens, qui ont découvert cette technologie en 2010, abandonnent peu à peu l’ADSL et remballent leurs vieux modems, tellement la 3G constitue une offre intéressante et de substitution. Ses prix imbattables (plus faibles que ceux pratiqués en Algérie), et surtout par sa qualité, feraient oublier l’ADSL aux internautes tunisiens. Plus de 3 millions de personnes s’étaient abonnés à la 3G en 2014 en Tunisie, qui connait une croissance fulgurante. Pour ce qui est de la 4G, c’est à peu de chose prés le même scenario qui se profile à Tunis et Alger. Les tests sont faits, les cahiers de charge fin prêts, restent que les acteurs du domaine se décident. Enfin au Maroc, la révolution 3G est passée par là.

Disponible depuis 6 ans chez nos voisins de l’Ouest, la 3G représente aujourd’hui plus de 80% du parc internet marocain. C’est dire la fiabilité de cette technologie dans ce pays, où les prix sont également plus bas que ceux pratiqués chez nous. La 3G au Maroc, qui souffre d’inégalité territoriale, a surtout permis l’accès à Internet à des populations qui n’auraient pas pu se connecter autrement. La 4G, pour sa part, est attendue pour le début de l’année prochaine.


Tout n’est pas perdu

 

Il y a beaucoup de choses à faire, beaucoup de chantiers en suspens, et d’énormes efforts sont attendus, mais tout n’est pas perdu. Les Algériens, acteurs, opérateurs et consommateurs ont faim, et l’arrivée des nouvelles technologies mobiles ne devraient pas se faire dans la discrétion. Les Algériens l’ont déjà prouvé par le passé, via la fulgurante ascension de la téléphonie mobile, puis de la 3G. Ils ne font pas dans la demi-mesure, surtout lorsqu’il s’agit de répondre à leurs besoins. Cela, les opérateurs économiques l’ont bien compris, même s’ils passent leurs temps à critiquer la lente ascension de l’économie numérique et font mine de baisser les bras. Ils se préparent à la révolution numérique qui arrive. L’installation probable d’Orange en Algérie (qui sait ?) en serait la preuve.