Qu’est ce qui freine la transformation digitale des entreprises algériennes ?


Pourquoi la transformation digitale des entreprises se met lentement en place en Algérie ? Cette question a été largement débattue lors d’une table ronde consacrée au thème «L’entreprise intelligente dans l’économie du digital» organisée mercredi à l’hôtel El Aurassi par le cabinet de conseil en Management et TIC « CM Consulting ».


La transformation digitale est un levier de croissance et de développement pour les entreprises en ce sens qu’elle engendre de nouveaux modes d’organisation, de nouvelles chaines de valeur et de nouveaux business models. « Il y a deux ans on pensait qu’il fallait se différencier par un service à valeur ajoutée. Aujourd’hui les résultats se ressentent sur l’évolution du chiffre d’affaires et de l’expérience client. Toutefois, nous avons besoin d’un environnement d’accompagnement pour nous rassurer », explique Amine Mesli fondateur et PDG de IMPSA, un répartiteur de produits pharmaceutiques qui a réussi sa transformation digitale.

Pour Mokhtar Benali, cofondateur de CM Consulting qui a mené le projet de transformation digitale de IMPSA, il y a une prise de conscience « progressive » des PME-PMI algérienne sur la nécessité de se transformer à l’ère des nouvelles technologies. «Nous avons 10 projets par an, alors que ce chiffre ne dépassait pas les 3 projets il y a tout juste 3 ans. Nous pouvons dire aujourd’hui que la tendance de digitalisation des PME-PMI est bien réelle en Algérie », affirme-t-il.
« Les progrès réalisés ces dernières années dans le domaine du numérique profitent surtout au secteur privé. Les institutionnels ont du mal à en tirer profit », constate, pour sa part, Ali Kahlane, expert en TIC, Président de l’Association des Opérateurs des Télécoms Alternatifs (AOTA). Pour lui, le secteur public reste otage d’un « feu vert qui viendrait d’en haut » pour opérer sa transformation digitale.

La frilosité du secteur public est une tendance générale en Afrique du Nord, selon Walid Belahmar Business Development Specialist chez SAP pour l’Afrique du Nord et Ouest. « Les entreprises de la région pensent que tant qu’il n’y a pas une législation spécifique, ce n’est pas autorisé. Cette frilosité ne doit pas cacher néanmoins le fort besoin en digitalisation de ces entreprises qui, lui, est bien palpable », témoigne-t-il.
Le potentiel numérique de l’Algérie est rappelé par les différents classements internationaux en la matière. Elle dispose de nombreux atouts dans les infrastructures et le capital humain. Cependant les services en ligne font défaut. « On est toujours dans l’acquisition de l’infrastructure, la transformation digitale des process se met très lentement en place », déplore, pour sa part, Karim Sid Ahmed, General Manager de Cisco Systems.

Pour Nassim Lounès, Directeur Associé de Sense Conseil, les entreprises ont besoin pour leur transformation digitale de s’inspirer de l’environnement startup, notamment en ce qui concerne la création de la valeur par l’innovation. Pour lui, l’écosystème startup est le « véritable baromètre de l’économie numérique », regrettant l’absence de « nouveaux champions » qui vont servir de modèles à suivre.