Les TIC au service de la Santé

Les systèmes de santé sont à la recherche d’efficacité et d’équité dans l’accès aux soins. Cette accessibilité est pour l’usager la possibilité de bénéficier de soins requis par son état de santé quelle que soit sa situation géographique. Or on le sait, il est impossible de réaliser une égale accessibilité à tous les biens et services.

 

L’équité spatiale totale est irréalisable. C’est ainsi que sont observées des disparités de l’offre de soins aussi bien dans les pays émergents que dans les pays industrialisés. Les raisons ne sont pas les mêmes mais convergent vers un même résultat : une inefficience collective et une iniquité dans l’accès aux soins.

L’UIT et l’OMS ont signé un accord en 1995 pour « l’introduction de technologies de communication et d’informatique qui facilitent la fourniture de services de santé et de soins ». L’OMS estime que la cybersanté représente une perspective exceptionnelle de développement de la santé publique. La télémédecine est l’un des aspects de la pratique médicale auquel on pense le plus spontanément quant aux potentialités offertes par les NTIC. Elle constitue un domaine en plein développement qui consiste à utiliser les NTIC lors d’une démarche médicale classique pour transférer les données cliniques et les compétences médicales plutôt que de déplacer les patients.

Les débuts de la télémédecine remontent aux années 1960, avec la mise en réseau de programmes de téléconsultation et de télé-éducation autour du Nebraska Psychiatric Institute. En 1965 a eu lieu la première visioconférence en chirurgie cardiaque entre les Etats-Unis et la Suisse. Mais c’est vers la fin des années 1970 que plusieurs programmes de recherche en télémédecine ont été mis en place.    

Nous pouvons citer deux grandes catégories d’applications de la télémédecine :

Les applications directement liées aux soins. La téléconsultation, le télédiagnostic et la télé-expertise concernent les échanges et les transmissions réalisés entre professionnels de santé distants, en présence du patient à des fins diagnostiques, thérapeutiques ou de suivi.

La télémédecine permet ainsi aux zones rurales, péri-urbaines et régions difficilement accessibles qui sont sous-médicalisées, de bénéficier d’une offre de soins de proximité de qualité et par conséquent à la rupture de l’isolement des professionnels de santé  qui passent d’un exercice médical isolé à une pratique collective. Le secteur des urgences, le plus confronté à l’exercice en situation d’isolement en urgences médicales, renforce son action en ayant accès à des experts, afin d’aider à prendre des décisions lors de l’évaluation initiale des données médicales transmises concernant les cas graves.

Il en résulte une optimisation des processus de triage et de mise en place des préparatifs nécessaires avant l’arrivée d’un patient à l’hôpital. Plusieurs expériences conduites aux Etats-Unis ont montré la pertinence d’étendre la télémédecine en milieu pénitentiaire. Au Texas, une expérience dans quatre prisons où 1 715 consultations ont été conduites en un an a montré un résultat convaincant dans la mesure où 95% des téléconsultations ont évité un déplacement.

Le coût en termes d’escorte des transferts de détenus et les délais d’attente font de la télémédecine l’une des solutions réellement praticables en médecine pénitentiaire. La télésurveillance consiste à établir un système de surveillance à distance d’un ou plusieurs patients par des professionnels de santé.

Les applications contribuant à améliorer la qualité, la sécurité et la continuité des prises en charges. La téléformation « e-learning » consiste à utiliser la télémédecine pour la diffusion de programmes collectifs de formation médicale et le recours à des bases de données spécialisées. Cette application trouve tout son intérêt dans l’exercice de la pratique médicale, non seulement parce que la formation médicale continue devient obligatoire et essentielle mais aussi du fait de la rapidité du développement des savoirs et techniques médicales et l’évolution vers une médecine scientifique « Evidence-Based-Medicine ». La télémédecine met en réseau grâce à la communication, le partage et la gestion de l’information médicale, tous les acteurs de soins distants mais participants aux mêmes prises en charge.

Les progrès technologiques induisent de profonds bouleversements organisationnels, transformant le traditionnel colloque singulier à un colloque pluriel associant plusieurs professionnels de santé au cours d’un même épisode de soins. Dans ce contexte où la coordination est au centre du processus décisionnel, la télémédecine permet de confronter et conjuguer les savoirs et les savoir-faire pour aboutir à une véritable médecine partagée.

NEBBACHE Mounir