Réseaux sociaux: Facebook, l’arbre qui cache la forêt

Numéro dossier: 69

Index de l'article

« Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux ! ». Une expression devenue commune et qui, il est temps de se l’avouer, sonne plutôt comme : « Nous avons une page Facebook ! Aimez notre page Facebook ! ». Pourquoi diable alors mettre la formule au pluriel ? Risque-t-on de déroger à la bienséance en occultant l’existence des centaines de réseaux sociaux qui jonchent le Web de nos jours ? Du média social, on en trouve à toutes les sauces, et le dossier du mois se charge d’en donner un bref aperçu. Quels réseaux font le web 2.0 ? Quel est le revers de la médaille de ces réseaux ? Qu’en est-il de l’internaute algérien quand il s’agit de médias sociaux ? C’est parti !




« Médias sociaux », une expression au pluriel


Les réseaux sociaux ne sont pas un effet de mode, une trouvaille passagère. Un site peut disparaître, perdre le monopole ou se reconvertir, mais l’ensemble du web 2.0 s’articulera toujours autour d’un principe simple : l’utilisateur est une entité active, il nourrit le contenu du web, s’interconnecte avec ses semblables, se constitue une identité internet, et ouvre une brèche plus ou moins importante entre ce qui se passe sur le Web et ce qui se passe dans sa vie. Les réseaux sociaux n’ont pas attendu l’ère du numérique pour exister ; les communautés, les modérateurs, les groupes, ou les amis ne sont pas une invention du web. Toutefois, ce qui naguère se déroulait à l’échelle de l’environnement immédiat de l’individu, bénéficie d’une puissance qui se calcule en exaoctets quand les gars de la Silicon Valley y mettent leur grain de sel.

Facebook indétrônable ?

Facebook semble aujourd’hui omnipotent. Friendster étant au placard (malgré sa reconversion en réseau pour joueurs) et la concurrence actuelle ayant du mal à attirer les foules, « The social network » est architecturé de façon à ce que toutes vos passions, vos histoires, vos fichiers, vos idées, ou vos goûts puissent y trouver leur place. Un réseau généraliste redoutable, tellement redoutable que même des réseaux régionaux très bien enracinés (on pense notamment au français Skyrock qui a historiquement talonné Facebook et MySpace) affichent désormais des statistiques en baisse versus Facebook (en termes de popularité et non de rentabilité).

Pour survivre, les autres réseaux doivent donc pouvoir se démarquer par tous les moyens. Certains ont misé sur l’innovation technique, comme Netlog qui trouvait son originalité dans la géo-localisation… une bonne idée…jusqu’au moment où Facebook mette en service sa propre fonctionnalité de localisation, annihilant l’avantage technique de cliquer ailleurs. Pour se faire une place au soleil, un réseau social doit donc la jouer fine. Ne pouvant proposer « plus » en termes de services, il va au contraire en proposer « moins », se spécialiser, et s’adapter à cette fonction réduite. Ce sont les réseaux de niche qui tiennent la dragée haute devant le géant de Mark Zuckerberg, certes à des échelles plus réduites, mais avec une santé relativement stable.

Est-ce l'image d’un site ou ses fonctionnalités qui priment quant à son succès ? Sara Nadia Mehchem, notre Social Media Manager, a son idée sur la question: « La fonction de base est la même pour chaque réseau social à savoir connecter des personnes ! Après, c’est vrai qu’il y a une différenciation de par les fonctionnalités : Facebook rassemble les amis, Linkedin met en exergue les relations professionnelles, Twitter joue sur l’instantanéité et l’échange de l’information… Mais l’image y est pour beaucoup ! Prenons l’exemple de Pinterest, un réseau social de partage d’images. Est-ce qu’au lancement le fondateur avait restreint sa cible aux femmes ? Non, et c’est pourtant aujourd’hui une plateforme dominée par la cible féminine ! Je pense que c’est l’utilisateur qui détermine et appuie la fonctionnalité de chaque réseau…et pour assurer sa pérennité, le réseau évolue dans le sens de sa communauté ».

L’image que reflète un réseau social joue un rôle déterminant dans son maintien. Badoo est ainsi axé sur les rencontres, grouille de faux profils (ce qui compense la médiocrité de son respect de la vie privée des utilisateurs) et garde un caractère plus ou moins concupiscent propre à lui. 9gag.com, bien que n’étant pas un réseau social à proprement parler, a irréfutablement une communauté bien à lui, la « 9gag army ». Les utilisateurs s’inscrivent, mettent du contenu en ligne et votent pour les meilleurs gags. Mieux encore, ils partagent une culture commune qui s’incarne à travers les « memes », comprenez « images redondantes », dont certaines ont été reprises pour illustrer le texte que vous lisez en ce moment-même. Ces gimmicks sont peut-être ce qui définit au mieux un réseau social : un espace où l’on parle le même langage, même éparpillés sur 5 continents.