Eye Bank : une vision d’avenir pour la Poste


Quand on parle monétique, on parle sécurité : chèques, codes confidentiels, cartes d’identité,…un ensemble de verrous qu’il faut lever à chaque retrait au guichet. La procédure est lente, provoque les classiques chaînes (ou mêlées) au bureau de poste, et ne relève pas de la perfection quant à la sécurisation des données. Vol de mot de passe, de carte magnétique ou de chéquier, usurpation d’identité, perte des documents ; les failles sont bien là et c’est la biométrie qui promet de les combler.



L’iris : une clé infalsifiable



Vos paramètres biométriques, vous les avez toujours sur vous : reconnaissance faciale, empreintes digitales, reconnaissance vocale, autant de clés de sécurité que l’on ne risque pas d’oublier chez soi. Pourtant, aucun des paramètres sus cités n’est inviolable, la reconnaissance de l’iris, elle, l’est.  

L’iris est la partie colorée de l’œil. Opaque, elle sert à contrôler la quantité de lumière qui atteint la rétine en fonction de son degré de dilatation (qui fait donc varier le diamètre de la pupille). Alors que sa couleur est codée génétiquement, les motifs qui la constituent ne le sont pas. Ainsi, même de vrais jumeaux ne partagent pas la même «empreinte » de l’iris.

Cette particularité fait de la reconnaissance par l’iris un outil 100% précis. Le risque 0 est généralement un objectif théorique. Avec l’iris, il devient une réalité. Deux cent milliards de comparaisons d’iris n’ont retrouvé aucun doublon, un recul qui assoit la fiabilité de la méthode. L’œil finit sa maturation vers l’âge de 18 mois, et l’iris devient dès lors immuable. Ni l’âge, ni la maladie ne l’altèrent.

Seule la mort rend la reconnaissance irienne impossible. Et ceci est une «bonne » nouvelle, car si on vous arrache l’œil, on ne pourra pas pour autant accéder à votre compte…de quoi se consoler…

La sécurité n’est pas le seul argument d’Eye Bank. Il s’agit aussi à travers ce projet de désengorger les bureaux de poste et d’accélérer l’ensemble des procédures liées à la gestion de votre compte CCP. Les premiers algériens à tester le dispositif sont nos parlementaires. Voyons donc comment cela fonctionne concrètement.



Du projet pilote à l’APN


Premier pays à adopter cette technologie au Maghreb, et second sur le continent après l’Afrique du Sud, l’Algérie surprend par ce parti pris. L’Assemblée Populaire Nationale abrite le premier bureau de Poste équipé d’Eye Bank, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la greffe a pris très vite. Quelques 2 000 iris font partie de la première base de données sur laquelle repose le système lancé le 18 avril dernier. Nous avons pu jeter un coup d’œil rapide sur l’historique des transactions au cours d’une courte journée (horaires ramadhanesques obligent), et les résultats sont assez éloquents : nos parlementaires préfèrent en quasi-totalité le retrait par Eye Bank. « Je garde mon chéquier juste au cas où », nous disait un client de passage, avant de mettre son regard devant le dispositif et de faire un retrait.

Utiliser Eye Bank se fait en deux étapes. D’abord, il faut s’inscrire dans la base de données en se présentant avec ses papiers d’identité. Ensuite, plus besoin du portefeuille, vos yeux suffiront. Le dispositif est en réalité une simple caméra, cachée derrière un petit miroir qui sert à savoir si nous sommes correctement alignés. Des indications sonores servent aussi à guider l’utilisateur pour correctement se positionner devant le dispositif : « veuillez reculer » ou « regardez le miroir » est le genre de phrases  que l’on entendra.

Le reste se fait sur le terminal de l’employé de poste. En deux secondes, vous êtes identifié, et votre compte s’affiche sur son écran. Il ne reste alors plus qu’à saisir le montant que vous voulez retirer et un ticket est imprimé. 17 retraits en 9 minutes ! Si vous trouvez 17 personnes devant vous à la poste, vous savez que vous en aurez pour deux bonnes heures. Avec Eye Bank, ce temps est réduit à 9 minutes ! Les clients de la Poste à l’APN ont bien de la chance.

Toutefois, le déploiement du dispositif sur le territoire national a bel et bien une échéance, « à partir de décembre 2013 », et le geek, autant que le client de la poste qu’il y a en moi, a hâte d’y être.

Dans ce déploiement, les moyens humains sont une véritable clé de voûte. Boutekedjiret Oussama, qui nous a fait la démonstration d’Eye Bank, est l’un des deux techniciens formés sur le dispositif, avec Daoud Amine. Chargés à leur tour de former d’autres techniciens sur le territoire, ils ont pour charge autant l’installation que la maintenance d’Eye Bank. Algérie Advice se félicite du degré de certification de ces techniciens, véritables pionniers du genre, et pour cause, Iris Guard est un leader technologique dans son domaine.  


Iris Guard : au-delà du leadership, l’exclusivité



Iris Guard réussit un véritable tour de force avec ses solutions; savoir retranscrire les motifs de l’iris en une formule mathématique unique pour chaque individu. Le système ne repose donc pas sur une simple comparaison d’images, mais sur un algorithme complexe dont Iris Guard a le secret. Le degré d’occlusion des paupières est par exemple un critère de qualité pour l’identification de l’usager. Produit de fabrication anglaise, Eye Bank se décline en plusieurs saveurs.

On peut par exemple l’installer sur un distributeur automatique de billets, rendant nos rutilantes cartes électroniques déjà obsolètes. On peut aussi l’installer sur un terminal de paiement : imaginez faire vos courses au supermarché, arriver à la caisse, regarder dans le dispositif, et payer automatiquement par virement de votre compte à celui du supermarché conventionné avec la Poste… C’est ce genre de scénarios qui changent véritablement la vie des clients.

Le data center qui supporte la base de données des empreintes iriennes est, nous a-ton assuré, des plus fiables et sécurisés, avec 3 disques durs, 3 cartes réseaux, 3 niveaux d’onduleurs, un processeur de type Xeon, et un serveur XP 2003. Il ne faut pas perdre de vue qu’Eye Bank n’est jamais plus qu’un système d’identification et de sécurité. Il ne vient pas remplacer les systèmes préexistants de la poste, il s’y rajoute.

Bien, après avoir compris de quoi il en retourne en conditions normales, nous avons essayé de jouer aux plus malins en posant des questions sur un ensemble de cas particuliers qui pourraient se présenter :

Foire Aux Questions (FAQ) : et si jamais… ?

Q : Et si jamais il y a une épidémie de conjonctivite, est-ce que je risque de me contaminer avec Eye Bank ?

R : Non, car il n’y a aucun contact entre l’œil et le dispositif, aucun risque de contagion, donc.

Q : Et si jamais j’ai une maladie de l’œil, est-ce que Eye Bank peut me diagnostiquer ?

R : Eye Bank n’est pas un dispositif médical, et ne peut donc pas diagnostiquer de maladies. Par contre, il fonctionnera même en cas de pathologie ophtalmologique (ou même d’opération chirurgicale sur l’œil), car l’iris n’est pas concerné.

Q : Et si jamais je porte des lunettes, ça influe sur Eye Bank ?

R : Vous pouvez garder vos lunettes, ou même vos lentilles de contact, le dispositif marchera quand même.

Q : Et si jamais je n’en veux pas, d’Eye Bank ?

R : Algérie Poste adopte ce système mais n’abandonne pas les voies classiques de retrait. Les chèques et les cartes seront toujours d’actualité.

Q : Et si jamais le laser d’Eye Bank provoque des dégâts au long terme ?

R : Aucun laser n’est utilisé par Eye Bank, rien n’est émis du dispositif, c’est une simple caméra.


En conclusion, Eye Bank est une vraie bonne pioche pour Algérie Poste. Il s’agit d’un dispositif véritablement à la pointe de la technologie. Toutefois, dans un monde où le paiement en ligne fait loi, où l’e-commerce est de dimension internationale, où les stores de logiciels en ligne pullulent et demeurent inaccessibles pour les utilisateurs algériens, la reconnaissance irienne est surtout là pour optimiser la monétique telle que nous la connaissons, pas pour la transfigurer complètement. Le prochain shift technologique, celui qui réduira effectivement la fracture numérique, au-delà de l’effet « WAW ! », bouleversera encore plus nos quotidiens.